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lundi 26 novembre 2018

Santé mentale : un actif sur cinq risque un trouble psychique

| 26.11.2018


En France, plus d’un actif occupé sur cinq (22 %) présente une détresse « orientant vers un trouble mental (dépression, addictions, etc.) ». Révélées par la Fondation Pierre Deniker (1), ces données, présentées ce lundi au CESE (Conseil économique, social et environnemental), sont issues de la première étude épidémiologique sur le sujet (2), réalisée en partenariat avec IPSOS et l’appui du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) pour l’analyse des données.

« Si l’on constate une diminution des accidents de travail, grâce à l’engagement des pouvoirs publics et des entreprises, il y a, en même temps, une croissance des problèmes de santé mentale sans qu’il y ait une mobilisation » alerte le Dr Patrick Légeron, président du comité scientifique de l’étude, psychiatre et co-auteur du rapport de l’Académie de médecine sur le burn-out. Pour le Dr Nicolas Brosset, médecin du travail, référent risques psychosociaux au sein du groupe PSA Peugeot Citroën, « les médecins du travail sont davantage formés à reconnaître les symptômes cliniques d’une souffrance psychique qu’à identifier ce qui, dans le travail, a pu conduire à cette situation. C’est pourquoi cette étude est essentielle ».
Des troubles plus fréquents chez les femmes
Concrètement, ces troubles sont plus fréquents chez les femmes : elles sont 26 % à être concernées contre 19 % des hommes. La prévalence est également plus forte chez les actifs qui passent plus de 1h30 dans les transports (28 % contre 21 %), chez ceux travaillant plus de 50h par semaine (35 % contre 21 %), chez ceux qui travaillent sans bureau fixe (33 % contre 22 %) et chez ceux ayant un revenu annuel inférieur à 15 000 euros (30 % contre 22 %).
L’étude a également analysé les liens entre la détresse psychique et les facteurs de risques psychosociaux, que sont le travail valorisant ou non, la solidarité entre collègues, le soutien de la hiérarchie, le harcèlement, etc. L’étude dévoile ainsi l’importance de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Sur les 15 % d’actifs qui déclarent ne pas pouvoir mener de front vie professionnelle et vie personnelle, 45 % présentent une détresse orientant vers un trouble mental, contre 18 % parmi ceux n’ayant pas cette difficulté.
Le poids des facteurs de risque varie selon les profils
Si le phénomène se retrouve dans tous les secteurs d’activité, le poids des facteurs de risque varie selon les profils. Pour les salariés, ce sont le travail valorisant, la solidarité et la communication qui comptent le plus. Chez les indépendants, c’est la confiance dans l’avenir professionnel. L’étude fait également ressortir le poids important du harcèlement sur les femmes et les aidants. Sur les 20 % de femmes et les 30 % d’aidants qui déclarent avoir à leur travail des personnes prenant plaisir à les faire souffrir, respectivement 44 % et 39 % présentent une détresse orientant vers un trouble mental.
L’étude n’établit pas de « lien de causalité », souligne le Pr Raphaël Gaillard, président de la Fondation Pierre Deniker, professeur en psychiatrie et chef de pôle à l’hôpital Sainte-Anne. Mais, selon lui, les « associations significatives » mises au jour doivent conduire à une poursuite des investigations avec « des cohortes de plusieurs dizaines de milliers de personnes, permettant l’observation et l’analyse prospective ». Pour le médecin du travail, Nicolas Brosset, l’étude ouvre des « pistes de prévention ». Constat similaire chez le Dr Patrick Légeron : « Avec cette étude, les entreprises qui ne savent pas comment aborder ces questions disposent désormais de leviers identifiés pour améliorer le bien-être des salariés. » Ces actions sont d’autant plus nécessaires que le coût des problèmes de santé mentale en France a été évalué à 80 milliards d’euros chaque année, soit 3,7 % du PIB, par un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), publié le 22 novembre.
(1) Créée en 2007 pour la recherche et la prévention en santé mentale.
(2) L’enquête, menée auprès de 3 200 actifs français, s’est appuyée sur deux questionnaires scientifiques : le « General Health Questionnaire » (GHQ28) et le questionnaire des facteurs de risques psychosociaux (FRPS44).

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