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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 20 avril 2012


Les symptômes psychotiques tels qu'entendre des voix sont relativement fréquents

Les symptômes psychotiques tels qu'entendre des voix seraient beaucoup plus fréquents chez les enfants et les adolescents que ce qui est actuellement considéré, selon une étude publiée dans le British Journal of Psychiatry. Des études ont déjà montré que de tels symptômes seraient vécus par jusqu'à 17% de la population adulte.
Mary Cannon et Ian Kelleher du département de psychiatrie du Royal College of Surgeons (Dublin, Irlande) ont mené cette étude avec 2666 enfants âgés de 11 à 16 ans dans 4 études séparées.
21% à 23% des 11-13 ans et 7% des 14-16 ans rapportaient avoir vécu ces symptômes. Les hallucinations peuvent varier, consistant à entendre une phrase isolée à l'occasion, jusqu'à entendre des conversations entre 2 ou plus de personnes pendant plusieurs minutes.
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mercredi 18 avril 2012


Le communautarisme antipsychiatrique

16 Avril 2012 Par Richard Horowitz
Les mots changent de sens : quand on parlait d’antipsychiatrie, on évoquait jadis de fortes expériences, plus ou moins achevées, mais alliant généreusement patients et soignants dans un vaste mouvement libératoire de désaliénation et de lutte contre l’enfermement. La destruction de l’asile de Trieste en était le symbole, la loi italienne de fermeture des hôpitaux psychiatriques l’achèvement.
De même le terme de psychiatrie communautaire renvoyait à un mouvement anglais, antérieur, prônant la prise en charge des malades psychiatriques au sein de petites communautés rurales, plutôt que dans les mégalopoles asilaires nées au XIX eme siécle.
 Aujourd’hui nous vivons sous l’emprise d’un tout autre « communautarisme antipsychiatrique ». Il s’est constitué autour d’une myriade de petits groupes de patients et de leurs proches, étroitement regroupés pour contester l’organisation officielle des soins.
 C’est le règne proclamé de l’ « expertise profane », ou comme on peut souvent le lire sur certains blogs : « nul autre ne sait mieux ce qui est bon pour un malade, qu’un autre malade ou ses parents… »
 De plus l’implosion des grandes catégories psychiatriques, venue des USA il y a plus de vingt ans, a largement favorisé ce mouvement. Comme nous avions les Weight Watchers ou les Alcooliques Anonymes nous avons ainsi vu naitre les associations les plus variées : parents d’élèves dyslexiques, dysgraphiques ou dysorthographiques, hyperactifs, groupes de soutien aux porteurs de TOC, clubs de surdoué, et bien sûr, les parents d’autistes qui défraient la chronique régulièrement. A chaque pathologie son ou ses groupes d’influence.
 Soyons justes : le phénomène a toujours existé, porté par le droit d’association et le compréhensible besoin de partager douleur morale et difficulté matérielle. Qu’on songe à l’œuvre accomplie par l’UNAFAM (Union des amis et familles de malades psychiques) les associations de Croix Marines et tant d’autres.
Le monde associatif, et principalement ses bénévoles, a ainsi largement épaulé l’effort de professionnels souvent démunis, ou s’est substitué efficacement à un Etat pas encore providence pour tous.
  La grande majorité de ces groupes établissent petit à petit des relations de coopération harmonieuse avec les spécialistes : nombre d’associations de parents d’autistes s’impliquent dans la promotion de projets novateurs ou la gestion d’établissement, les incompréhensions entre pédo psychiatres, neuro pédiatres et parents d’enfants présentant des troubles spécifiques du langage, j’en suis témoin, s’estompent ou s’estomperont.
 Reste la frange la plus extrême des associations de parents d’autistes.
Le très décrié Bruno Bettelheim parlait de forteresse vide. L’image ne vaut plus, au moins au plan sociétal : peu nombreux mais efficacement organisés, arrimés à leurs convictions, murés dans leurs certitudes, ces groupes renforcent constamment leur radicalité et leur isolement.
Mus par une curieuse tentation identitaire certains parents en sont arrivés à tenter, parfois avec succès, de se faire diagnostiquer eux même d’une pathologie proche de celle de leur enfant (en général syndrome d’Asperger, syndrome autistique à haut niveau intellectuel, catégorie incertaine et contestée dans les classifications internationales)… manière de partager un peu plus avec leurs enfant ou suggestion d’une incidence génétique pour le moins hypothétique ?
Toujours est il qu’ainsi retranchés, ils usent, au service de leur cause, de tous les moyens : lobbying, communication effrénée, requête juridiques incessantes, pressions et attaques personnelles.
Ici, point de soutien aux professionnels ou de complémentarité avec l’Etat :
Les premiers demeurent sous suspicion permanente d’incompétence ou d’intérêts peu avouables, les pouvoirs publics sont éternellement soupçonnés de gabegie et d’incurie dans la répartition des crédits.
Car il s’agit bien de cela : réorienter l’intégralité des subsides vers une seule et unique approche, de type éducative, alors que tous les soignants savent d’expérience que chaque enfant demande tout un ensemble de soins adaptés : éducatifs certes mais aussi cognitifs, psychologiques et médicaux alliés à un mode de scolarisation et de socialisation ad hoc.

Les derniers épisodes (diffusion puis interdiction du film « le mur », amendement du député Fasquelle, mise en cause du Pr Delion etc...) ont bien illustré le militantisme mais aussi l’inquiétant dogmatisme de ces groupes.
Vouloir utiliser le droit de choix de chaque parent, dans le cadre des pratiques préconisées et validées, est une chose.
Prétendre interdire aux praticiens telle ou telle pratique ou exercer, à partir d’une légitimité contestable et des moyens aussi peu orthodoxes, une  pression sur les choix de la collectivité semble plus discutable.
Encadrer et restreindre la créativité  des cliniciens et des chercheurs en mettant à l’index telle ou telle conception théorique n’est guère tolérable.
 Là est la dérive auquel concourt le repli de ces groupes : animés par leur réel souci de leurs enfants, leur logique clanique distord complètement leurs rapports avec l’extérieur, toujours invalidé et vécu comme hostile ou insensible à leur détresse.
 L’équilibre tripartite antérieur unissant usagers, professionnels et pouvoir publics trouve ainsi ses limites et le dialogue indispensable sur des sujets aussi sensibles n’existe plus, faute de l’indispensable sérénité.  
Au contraire du but recherché on s’enlise ainsi dans de vaines polémiques au détriment des jeunes et de leurs familles…
Dr Richard Horowitz
Pedo psychiatre
Président de la fédération des CMPP

Joyce-Lacan, rencontre sur les planches

Photographie : © Hervé Bellamy
Photographie : © Hervé Bellamy

« Joyce était-il fou ? Par quoi ses écrits lui ont-ils été inspirés ? » Ces questions posées par le psychanalyste Jacques Lacan, admiratif de l'écrivain irlandais, Antoine Caubet leur donne vie aujourd'hui avec brio sur le plateau du Théâtre de l'Aquarium.
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Lunettes Google : réalité augmentée ou saturée ?

« Mon oeil, qu'il soit perçant ou faible, ne voit pas au-delà d'un certain espace, et dans cet espace je vis et j'agis, cette ligne d'horizon est mon plus proche destin, grand ou petit, auquel je ne peux échapper »,constate Nietzsche dans Aurore (1881).
Le géant d'Internet Google pourrait bien avoir dans l'idée de repousser les limites de cet horizon avec son projet de lunettes connectées, présenté le jeudi 5 avril. Dans une vidéo publiée par l'entreprise, un utilisateur boit un café tout en faisant défiler son emploi du temps, se promène en suivant l'itinéraire proposé par les lunettes, et achète directement des billets pour un concert dont il vient de voir l'affiche…
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Les "Jim"nastes du cortex ...



L’épaisseur du cortex varie au cours de l’évolution de la schizophrénie
Publié le 04/04/2012


Quels changements significatifs viennent affecter l’épaisseur du cortex dans la schizophrénie, et quelles sont les parts respectives de la maladie, du vieillissement normal ou pathologique, voire du traitement ? Fruit d’une collaboration entre une équipe d’Utrecht (Pays-Bas) et de Montréal (Canada), une étude longitudinale (sur 5 ans) a comparé des données d’imagerie par résonance magnétique chez 96 patients schizophrènes (70 hommes et 26 femmes) et 113 sujets-contrôles de 16 à 56 ans.
Au terme de cette recherche, plusieurs constats apparaissent : au départ, les schizophrènes ont souvent, par comparaison aux sujets-témoins, un amincissement du cortex plus marqué sur les régions « orbito-frontale gauche, para-hippocampale droite et temporale supérieure » contrastant avec un « épaississement du lobule pariétal supérieur et du pôle occipital. » En revanche, l’épaisseur moyenne du cortex (mean cortical thickness) ne diffère pas entre les deux groupes. Au fil du temps, un amincissement marqué intéresse de vastes zones (widespread areas) du manteau cortical, « plus prononcé pour le cortex temporal (bilatéral) et la région frontale gauche », et une évolution défavorable de la maladie se révèle « associée à une plus grande amplitude de cet amincissement cortical. »
Une autre observation intéressante concerne la part possible du traitement dans le déterminisme de cet amincissement : dans la mesure où, comparativement à la prise de neuroleptiques typiques (molécules plus anciennes), le recours aux neuroleptiques atypiques (antipsychotiques de deuxième génération) est « associé à un amincissement cortical moins prononcé », ce constat contribue ainsi à renforcer l’intérêt pour ces « nouvelles » molécules, puisqu’il suggère leur moindre interférence iatrogène avec les mécanismes physiopathologiques à l’œuvre dans la schizophrénie. L’existence de cet amincissement cortical confirme surtout l’implication de processus organiques dans le mécanisme de la schizophrénie, « plus marqués dans les régions frontales et temporales », et évoluant progressivement de façon péjorative au fil de la maladie.       
Dr Alain Cohen
Neeltje E et coll. : Changes in cortical thickness during the course of illness in schizophrenia. Arch Gen Psychiatr,y 2011 : 871-880.


L’hémodynamique cérébrale peut-elle concourir au diagnostic de pédophilie ?

La médecine peut-elle fournir à la justice un examen complémentaire, susceptible de déceler la propension d’un individu à la pédophilie ? Si certains ont proposé le test phallométrique [1], son principe « intrusif », voire « dégradant » et sa « fiabilité limitée » incitent à rechercher une alternative moins controversée.

Réalisée sur 24 « participants pédophiles » et 32 sujets-contrôles « en bonne santé » (hommes), une étude allemande vise à évaluer l’intérêt éventuel d’une « analyse automatisée » des données en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pour aider au diagnostic « d’orientation sexuelle paraphilique. » L’idée générale est d’établir un profil des « réponses hémodynamiques du cerveau à des stimuli sexuels » (visuels, en l’occurrence la comparaison des réactions à des photographies d’adultes et d’enfants nus).

Appréciées en termes d’oxygénation sanguine liée à l’intensité des réactions neuropsychologiques aux stimuli présentés, ces réponses pourraient traduire l’existence de penchants pédophiles, susceptibles d’être ainsi révélés (ou du moins confirmés) par la pratique de ce type d’exploration présumée non intrusive et non dégradante, contrairement aux évaluations phallométriques, généralement très décriées [2]. Les chercheurs affirment que ce nouveau mode d’investigation serait assez fiable pour « identifier les sujets pédophiles avec une grande précision. » On peut toutefois émettre quelques réserves devant la faible taille de la population étudiée, ce qui est somme toute une bonne nouvelle, vu la nature des délits imputables à ces individus ! Et rappeler surtout, comme les auteurs le disent eux-mêmes, que si le déterminisme de la pédophilie est certes « mal compris », il ne se cantonne sûrement pas à cette seule dimension organique, mais combine sans doute divers facteurs « d’ordre neuro-développemental, social » ou autre.

Néanmoins, devant les difficultés pratiques auxquelles sont confrontés notamment les experts mandatés par les magistrats pour définir les risques de récidive, on ne peut qu’encourager la quête d’une meilleure objectivité en la matière, même si la relative simplicité de cette approche la rend probablement en partie illusoire.

Dr Alain Cohen
Ponseti J et coll.: Assessment of pedophilia using hemodynamic brain response to sexual stimuli. Arch Gen Psychiatry, 2012 ; 69 : 187-194.


Ce que pourrait apporter la génomique à la psychiatrie

Dans le projet de séquençage du génome humain, l’un des enjeux majeurs consiste à identifier des gènes de susceptibilité à des maladies, pour faciliter « le processus de diagnostic » et orienter vers de « nouvelles et meilleures stratégies thérapeutiques. » Mais si diverses affections somatiques commencent à être concernées, on constate que les progrès de la génomique ont « moins d’impact sur les pathologies mentales » et qu’ils n’ont débouché jusqu’à présent sur « aucun nouveau traitement utilisable en psychiatrie. »

Depuis 1995 environ, l’hypothèse « common disease-common variant » [1] suggère que la composante génétique de certaines maladies pourrait s’expliquer par « des variants communs de plusieurs gènes, avec un impact plus ou moins significatif de chaque variant. » Ce modèle s’est révélé fructueux pour plusieurs affections somatiques (diabète, maladie de Crohn, dégénérescence maculaire) où l’effet cumulé des variants « de 3 à 100 gènes » expliquerait « une part notable des cas héréditaires. » Mais une contribution analogue de la génétique à la psychiatrie semble « plus difficile. »

Dans les études d’association génétique, les maladies mentales sont liées à un « plus grand nombre de gènes » n’apportant chacun qu’une « très faible contribution » à la susceptibilité (génétique) globale. Par exemple, bien que les influences génétiques comptent pour « plus de 80 % du risque de schizophrénie », une étude récente[2] suggère que la plus grande part de ce risque s’expliquerait par « des variants communs de plusieurs milliers de gènes », dotés chacun d’une portée « extrêmement modeste » puisque la part d’accroissement du risque la plus significative représente à peine « 1 à 2 % » du risque global.

Dans une autre approche, le concept de « rares variants multiples » (multiple rare variant model)[3], les contributions génétiques à une maladie dépendraient de variants rares où un variant moyen aurait une incidence plus grande. Mais l’implication de tels variants est difficile à démontrer, puisqu’ils sont rares, par définition. Et dans le modèle CNV (copy number variants, variabilité du nombre de copies d’un gène)[4], une anomalie quantitative modifierait (à la hausse ou à la baisse) le nombre d’exemplaires d’un gène, donc la synthèse d’une protéine, avec in fine une incidence clinique plus ou moins marquée. Une CNV semble ainsi impliquée dans les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité où une majoration du risque serait liée à des anomalies sur le site q13.3 du chromosome 15)[5]. Comme l’auteur précise que ces anomalies touchent notamment des gènes « déjà connus pour leur implication potentielle dans la schizophrénie ou dans l’autisme », on peut se demander si ces apports croissants de la génomique à la psychiatrie ne vont pas révéler un possible continuum entre diverses entités nosologiques où l’unité des perturbations génétiques pourrait transcender en fait l’apparente disparité clinique.  


Dr Alain Cohen
Ross RG : Advances in the genetics of ADHD. Am J Psychiatry, 2012; 169-2: 115–117.
Qui va financer la recherche sur le cerveau ?

Le 5 septembre 2011, le "European College of Neuropsychopharmacology" (ECNP) lançait un appel aux gouvernements européens à financer davantage la recherche sur les maladies psychiatriques et neurologiques. Cet appel, à lui seul, montre l’urgence de la situation : plus d’un tiers de la population européenne souffrant de troubles neurologiques d’un côté et, de l’autre, un désengagement de plusieurs grands laboratoires pharmaceutiques de la recherche en neurosciences dont, le plus récemment, AstraZeneca. Se pose aujourd’hui la question cruciale de savoir qui, désormais, va financer la recherche sur le cerveau.

Un enjeu majeur de santé publique pour l'Europe du 21ème siècle

Selon une étude du "European Brain Council" publiée en octobre 2011 et menée en 2010 dans 30 pays européens, 38,2% de cette population, soit 164,8 millions d'individus, jeunes et personnes âgées, souffrent d'une maladie mentale chaque année. Les maladies les plus fréquentes sont les troubles anxieux (14%), l'insomnie (7%) et la dépression majeure (6,9%), mais les quatre pathologies isolées les plus invalidantes (exprimées en DALYs, c'est à dire en années de vie perdues pondérées par l’invalidité) seraient la dépression, les démences, l’abus d’alcool etl’ictus apoplectique.
Ce sont ainsi les maladies du cerveau qui apportent la contribution la plus lourde à la charge de morbidité totale dans ces pays (elles atteignent 26,6 % de la morbidité totale). Les sociétés occidentales payent au prix fort la prise en charge de cespathologies. Entre 2005 et aujourd'hui, le coût des troubles neurologiques a doublé, pour atteindre en 2011 le montant de 800 milliards d'euros au total (contre 150 à 250 milliards pour le cancer). Une véritable bombe à retardement pour les gouvernements européens, qui menace à la fois l'économie et la société, d'autant que les progrès dans la connaissance des mécanismes des pathologies neuropsychiatriques n’ont pas encore abouti à la découverte de traitements pharmacologiques efficaces à 100%.
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Identification de gènes responsables du vieillissement du cerveau

Le Monde.fr avec AFP | 
Des gènes ayant un impact sur le vieillissement du cerveau et de la mémoire ont été mis en évidence pour la première fois par des équipes internationales dans des travaux relatifs à la maladie d'Alzheimer.
La revue Nature Genetics publie, dimanche 15 avril, deux grandes études internationales qui ont permis d'identifier des modifications génétiques héréditaires associées à une accélération du vieillissement cérébral, et en particulier de l'hippocampe, une structure profondément enfouie dans le cerveau et qui joue un rôle primordial pour la mémoire.
VIEILLISSEMENT PRÉMATURÉ
Selon les calculs des scientifiques, ces mutations très répandues aboutiraient à provoquer un vieillissement prématuré de quatre années en moyenne. L'hippocampe rétrécit avec l'âge, mais si ce phénomène s'accélère, cela peut rendre plus vulnérable à la maladie d'Alzheimer, suggère le neurologue américain Charles DeCarli (Université de Californie), co-auteur de travaux paraissant dans la revue. L'atrophie, une réduction importante de la taille de l'hippocampe, est une marque de la maladie d'Alzheimer et d'autres démences.
L'autre étude internationale (Charge), pilotée en France par Christophe Tzourio (neuroépidémiologie, Inserm, Bordeaux), montre que certaines de ces mutations touchent quatre gènes susceptibles d'accélérer le rétrécissement de cette région du cerveau si importante pour la mémoire. Il s'agit de gènes impliqués entre autres dans la mort des cellules (gène HKR) et le développement de l'embryon (WIF1) ou encore le diabète (DPP) et la migration neuronale (ASTN2). Les chercheurs ont repéré 18 mutations, situées sur le chromosome 12 et "associées de manière significative à une réduction du volume de l'hippocampe", explique-t-il.
Sur le plan cérébral, chaque copie de la mutation ferait vieillir de 4 ans, et lorsqu'on a hérité de deux copies, ce phénomène de vieillissement prématuré, avec réduction de l'hippocampe, serait d'au moins huit ans, ajoute le chercheur français. "Comprendre comment ces gènes affectent le développement et le vieillissement de l'hippocampe pourrait nous fournirde nouveaux outils pour retarder les pertes de mémoire liées au vieillissement et peut-être réduire l'impact de maladies comme la maladie d''Alzheimer", souligne le Dr DeCarli.


2012/04/11 
Danemark
Une bourse record pour la recherche sur les maladies mentales

Une équipe de recherche de l'université d'Aarhus vient de recevoir une bourse record de 121 millions de couronnes danoises (16.3 millions d'euros) sur 5 ans attribuée par la fondation Lundbeck afin de lancer un projet de recherche, visant à mieux comprendre les causes de maladies mentales telles que la schizophrénie, l'autisme ou encore la dépression.


"Notre objectif principal est d'identifier les causes de ces désordres mentaux en étudiant les interactions entre facteurs génétiques et environnementaux et par-là même trouver de nouvelles possibilités de traitement. La perspective serait d'offrir un traitement plus efficace et individualisé, permettant au patient de mieux vivre avec la maladie ou peut-être même, dans certains cas, d'empêcher son développement." explique le professeur Anders Børglum qui dirigera le projet, baptisé iPSYCH (Initiative for Integrative Psychiatric Research).

iPSYCH réunira ainsi des chercheurs spécialistes en psychatrie, génétique ou encore en analyse de banques de données [1]. Ils collaboreront notamment avec le Statens Serum Institut (SSI), Beijing Genomics Institute (BGI), la biobanque génétique des îles Féroé ou encore le ministère danois de la santé. L'équipe adoptera donc une approche multidisciplinaire allant de la biologie cellulaire et moléculaire aux études de populations et portant aussi bien sur des foetus que sur des adultes.
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/69710.htm

Les maris, ces patients cachés

lequotidiendumedecin.fr 17/04/2012
 On les appelle des patients cachés car quand ils accompagnent en consultation leur femme atteinte d’un cancer du sein, on ne leur demande quasiment jamais comment ils vont. Et pourtant, ils sont rongés par le stress.
C’est évidemment des maris « soignants » dont il est question dans une étude américaine publiée dans le journal « BrainBehavior and Immunity ». Ce travail a inclus 32 hommes dont la femme a été atteinte d’un cancer du sein environ cinq ans plus tôt ; 16 de ces femmes ont fait une rechute les 16 autres non. Au moment de l’étude, on a donc : d’un coté, 16 couples avec un cancer du sein cinq ans auparavant et une rechute 8 mois plus tôt ; de l’autre, 16 couples avec un recul de six ans sans maladie après cancer du sein.
Les maris, âgés en moyenne de 58 ans, étaient mariés depuis en moyenne vingt-six ans.
Tous les maris ont été évalués. Ils ont répondu à plusieurs questionnaires évaluant le niveau de leur stress psychologique lié au cancer de leur femme, les manifestations physiques attribuées à ce stress et le degré de leur fatigue altérant leur vie de tous les jours. Les fonctions immunitaires ont été testées en étudiant l’activation des globules blancs en réponse à trois types d’antigènes.
Globalement, les hommes dont les épouses avaient une récidive ont rapporté par rapport aux autres des niveaux plus élevés de stress, un plus grand retentissement de la fatigue et davantage de symptômes physiques.
L’évaluation du stress a fait appel à une échelle, l’Impact of EventsScale, qui mesure les pensées et expériences intrusives et les conduites d’évitement (par exemple éviter les gens et les endroits qui rappellent les mauvais souvenirs). Le score est coté de 0 et 75 ; plus le score est élevé et plus le mari est stressé. En moyenne le score a été globalement de 17,59 ; en détail, de 26,25 chez les maris dont la femme avait fait une rechute et de 8,9 chez les autres.
Par ailleurs, les participants ont rapporté en moyenne 7 symptômes physiques liés au stress : 9 chez les maris dont la femme avait une récurrence, contre moins de 5 chez les autres. Les symptômes étaient variables ; ils incluaient notamment céphalées, problèmes gastro-intestinaux, toux et nausées.
Enfin, en ce qui concerne l’étude des fonctions immunitaires, les hommes qui avaient les plus hauts niveaux de stress avaient les plus faibles réponses immunitaires en réaction à deux ou trois antigènes.
Ces maris soignants, polarisés sur la maladie de leur femme, ne demandent en général pas d’aide médicale.
› Dr EMMANUEL DE VIE

 

Le défenseur des droits juge discriminatoire d’interdire l’adoption homoparentale

lequotidiendumedecin.fr 17/04/2012
 
Interrogé par le magazine « Têtu » à paraître, le Défenseurs des droits Dominique Baudis juge que l’interdiction pour un couple homosexuel d’adopter est « absolument » un motif de discrimination. « Sur le principe, cela me pose un problème qu’un couple homosexuel ne puisse pas adopter. Les familles homoparentales existent. J’ai même des informations selon lesquelles ça se passe souvent très bien », explique-t-il. « C’est un sujet qui relève de notre compétence, à la fois du point de vue des discriminations et de celui de l’intérêt de l’enfant », ajoute-t-il. Le Défenseur des droits annonce la création d’un groupe de travail avec les associations transgenres pour évoquer le changement d’état civil pour les personnes ayant changé de sexe. « Les associations n’ont pas toutes la même position », souligne Dominique Baudis qui estime que « l’identité de genre fait partie des discriminations à raison du sexe ». À propos de l’interdiction du don du sang aux homosexuels, le Défenseur des droits demande que soit également mis un terme à « ce principe discriminatoire ».
› Dr L. A.


Fiction et cognition : la lecture se fait avec tous les sens


Les chercheurs savent depuis longtemps que certaines régions cérébrales - commel'aire de Broca et l'aire de Wernicke - sont impliquées dans la façon dont le cerveau interprète les mots écrits. Mais notre compréhension du langage n'est pas limitée aux aires du traitement du langage... La lecture de certains mots peut déclencher des réactions d'autres zones cérébrales.

Le rôle des sens dans la littérature

C'est le cas notamment des mots relatifs aux odeurs. Ainsi, des mots comme "lavande", cannelle" ou "savon" par exemple, déclenchent des réponses non seulement dans les zones de traitement du langage, mais également dans celles consacrées à l"odorat. Dans une étude (.pdf) publiée en 2006 dans la revueNeuroimage, rapporte la journaliste Annie Murphy Paul pour le New York Times, des chercheurs espagnols ont montré que la lecture de mots porteurs d'odeurs activait les zones du cerveau responsable de notre cortex olfactif. Les chercheurs de l'université Emory dans une étude publiée par la revue Brain & Language ont montré quant à eux que les métaphores qui impliquaient des notions de textures réveillaient également notre cortex sensoriel. "Le chanteur avait une voix de velours" active une zone sensorielle dans notre cerveau, alors que son équivalent "le chanteur avait une voix agréable", ne l'active pas...
Image : En vert, les régions du cerveau activées quand on entend des mots évoquant des textures. En rouge et jaune, les régions du cerveau activées quand on touche ou l'on voit ces mêmes textures. Via Emory News Center.
Mais il n'y a pas que les mots corrélés à des odeurs ou des textures qui ont une action particulière sur notre cortex lors de leur lecture, c'est également le cas de ceux qui évoquent le mouvement. Dans une étude menée par Véronique Boulengerdu Laboratoire dynamique du langage, les chercheurs ont montré que lire des phrases évoquant une action, un mouvement physique, allume l'activité de notre cortex moteur, qui coordonne les mouvements du corps. Faut-il croire que le cerveau ne fait pas grande différence entre la lecture d'une expérience et le fait de la vivre, puisque les mêmes régions neurologiques sont stimulées ? Quelle est l'action de cette surstimulation cérébrale sur notre compréhension ? Comment agit l'emploi de mots qui activent nos sens sur notre compréhension et notre mémorisation littéraire ?

La littérature pour comprendre le monde

Keith Oatley, professeur émérite de psychologie cognitive à l'université de Toronto et romancier, a avancé que la lecture produit une simulation vivante de la réalité. "La lecture fonctionne sur les esprits des lecteurs comme des simulations informatiques qui s'exécutent sur des ordinateurs", estime le professeur Oatley. Selon lui, la fiction, avec ses détails, ses métaphores, ses descriptions, offre une réplique particulièrement riche de la réalité. Le roman, va bien au-delà de la simulation de la réalité puisqu'il apporte aux lecteurs une expérience inaccessible hors de la page : la possibilité d'entrer pleinement dans les pensées et les sentiments des autres.
La littérature, les mots écrits, sont un moyen inégalé pour l'exploration de la vie sociale et émotionnelle de l'homme, rappelle Annie Murphy Paul. Ces recherches montrent combien le cerveau réagit à certains stimulus littéraires plus qu'à d'autres : les représentations et métaphores liées à des odeurs, des textures, des mouvements ont un impact plus fort sur notre fonctionnement cérébral que d'autres. Cela ne signifie pas que les réflexions de pur raisonnement n'ont pas d'impact (au contraire, on sait déjà que la littérature complexe développe nos capacités d'abstractions), mais les sens, mis en action par les mots, ont visiblement un impact plus immédiat sur notre compréhension, en activant les réflexes d'autres zones cognitives.
Nous savions déjà que nous ne lisions pas qu'avec nos yeux et notre cerveau, mais que notre corps tout entier était engagé dans la compréhension de ce qu'on lit. De là à ce que les outils de création littéraire s'emparent des sciences cognitives, il y a un pas qu'avait déjà largement exploré notre collègue Rémi Sussan dans une passionnante série sur les humanités à l'heure des sciences cognitives (ou qu'explorait récemment Jonah Lehrer en interviewant Charles Fernyhough dansQu'est-ce qu'un romancier peut apprendre des neurosciences ?).
Raymond Mar, psychologue à l'université York au Canada, a effectué une analyse de 86 études d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle dans la Revue annuelle de psychologie en concluant qu'il y avait un chevauchement important entre les réseaux cérébraux utilisés pour comprendre les histoires et les réseaux cognitifs utilisés pour interagir avec les autres, en particulier en ce qui concerne nos interactions par lesquelles nous essayons de comprendre les pensées et les sentiments des autres : ce qu'on appelle la théorie de l'esprit, c'est-à-dire la capacité de notre cerveau à comprendre les intentions d'autrui et ses propres intentions. Les récits offrent une opportunité unique pour comprendre les autres et le monde.
Selon des études publiées par Raymond Mar et Keith Oatley (voir Exposition à la fiction et capacités sociales (.pdf) et La lecture de fiction et l'empathie (.pdf)), les individus qui lisent souvent de la fiction semblent être plus en mesure de comprendre les autres, de sympathiser avec eux et de comprendre le monde à partir d'autres points de vue - signalons d'ailleurs que ces deux auteurs coaniment un très bon blog sur la psychologie de la fiction : OnFiction. Une étude réalisée en 2010 par le professeur Mar a trouvé des résultats similaires avec des enfants d'âge préscolaire (.pdf) : plus on leur avait lu des histoires, plus leur théorie de l'esprit était vive - l'effet a également été observé avec des enfants qui allaient au cinéma avec leurs parents, mais pas pour les enfants regardants seuls la télévision : comme quoi, la compréhension d'autrui dépend certainement plus des conversations que la culture induit que des produits culturels en tant que tels. L'effet lecture est plus prégnant parce que la réflexion est bien souvent induite dans la lecture elle-même, ce qui n'est pas forcément le cas d'autres médias.
Pour Keith Oatley, la fiction "est une stimulation particulièrement utile, car la négociation de l'univers social est effectivement extrêmement délicate, nous obligeant à peser une myriade de cas d'interaction de cause à effets. Tout comme les simulations informatiques peuvent nous aider à nous familiariser avec les problèmes complexes tels que le vol d'un avion ou les prévisions météorologiques, la lecture de romans, d'histoires, de drames, peut nous aider à comprendre la complexité de la vie sociale". La science du cerveau montre combien l'affirmation que la lecture nous améliore est aussi vraie que nous l'avions imaginé.

Peut-on faire des livres plus sensuels ?

On aura déjà compris que les mots permettent donc de faire une littérature plus sensuelle, qui parle à l'ensemble de notre cortex, à nos sens, et pas seulement à notre intelligence... Mais peut-on également augmenter les livres de sensations, et quel est leur impact sur notre cognition ? C'est le pari de BookTrack (vidéo), lancé par Peter Thiel, cofondateur et ancien PDG de PayPal et Paul Cameron. BookTrack propose d'ajouter aux livres des effets sonores, des bruits ambiants assez discrets, qui augmentent la lecture d'une bande-son. Quelqu'un frappe à la porte et on entend toc-toc. Si on jette une tranche de bacon dans une poêle, on entend le bruit du grésillement du jambon... Si le personnage se promène dans la nature, on entend le bruissement du vent et les pépiements des oiseaux, explique Andrew Motion pour The GuardianTant et si bien qu'Alice Hines pour le Huffinghton Post déclarait, enthousiaste, que "les livres sans bandes sonores pourraient bien un jour nous paraître aussi ringard que les films muets le sont devenus à l'heure du cinéma parlant".
Bien évidemment, la fonctionnalité est surtout l'objet de controverses - sans que cela l'ait empêché de se classer dans les applications les plus téléchargées du moment. Est-ce que l'ajout d'éléments sonores diminue ou augmente notre lecture, notre capacité d'imagination ? Les gens de BookTrack ont demandé à Leil Leibovitz, professeur de de communication à l'université de New York, d'enquêter sur les avantages cognitifs de l'application. Selon ce professeur, les lecteurs qui ont utilisé ce type de livres l'ont trouvé plus facile à suivre, mais également plus facile à mémoriser.
Nous avons là, sous un angle plutôt scientifique, un exemple du sempiternel questionnement de ce qui augmente ou diminue la lecture. On sait que trop de vidéo la perturbe, voir la nie. Beaucoup d'applications de lectures ont tendance à n'être rien d'autre que des films augmentés de mots. Mais l'ajout de quelques sons, d'images, voire d'images animées peut pourtant raviver la lecture. Toute la question est de trouver la bonne mesure, le bon équilibre (sachant qu'il est certainement différent selon les niveaux de lectures et de lecteurs). C'est peut-être tout l'art de la littérature et de l'édition de demain. Trouver le juste équilibre qui renforce la compréhension et la mémorisation... via des objets qui s'adapteront aux capacités cognitives des lecteurs. Beau défi.

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