Les maris, ces patients cachés
lequotidiendumedecin.fr 17/04/2012
On les appelle des patients cachés car quand ils accompagnent en consultation leur femme atteinte d’un cancer du sein, on ne leur demande quasiment jamais comment ils vont. Et pourtant, ils sont rongés par le stress.
C’est évidemment des maris « soignants » dont il est question dans une étude américaine publiée dans le journal « Brain, Behavior and Immunity ». Ce travail a inclus 32 hommes dont la femme a été atteinte d’un cancer du sein environ cinq ans plus tôt ; 16 de ces femmes ont fait une rechute les 16 autres non. Au moment de l’étude, on a donc : d’un coté, 16 couples avec un cancer du sein cinq ans auparavant et une rechute 8 mois plus tôt ; de l’autre, 16 couples avec un recul de six ans sans maladie après cancer du sein.
Les maris, âgés en moyenne de 58 ans, étaient mariés depuis en moyenne vingt-six ans.
Tous les maris ont été évalués. Ils ont répondu à plusieurs questionnaires évaluant le niveau de leur stress psychologique lié au cancer de leur femme, les manifestations physiques attribuées à ce stress et le degré de leur fatigue altérant leur vie de tous les jours. Les fonctions immunitaires ont été testées en étudiant l’activation des globules blancs en réponse à trois types d’antigènes.
Globalement, les hommes dont les épouses avaient une récidive ont rapporté par rapport aux autres des niveaux plus élevés de stress, un plus grand retentissement de la fatigue et davantage de symptômes physiques.
L’évaluation du stress a fait appel à une échelle, l’Impact of EventsScale, qui mesure les pensées et expériences intrusives et les conduites d’évitement (par exemple éviter les gens et les endroits qui rappellent les mauvais souvenirs). Le score est coté de 0 et 75 ; plus le score est élevé et plus le mari est stressé. En moyenne le score a été globalement de 17,59 ; en détail, de 26,25 chez les maris dont la femme avait fait une rechute et de 8,9 chez les autres.
Par ailleurs, les participants ont rapporté en moyenne 7 symptômes physiques liés au stress : 9 chez les maris dont la femme avait une récurrence, contre moins de 5 chez les autres. Les symptômes étaient variables ; ils incluaient notamment céphalées, problèmes gastro-intestinaux, toux et nausées.
Enfin, en ce qui concerne l’étude des fonctions immunitaires, les hommes qui avaient les plus hauts niveaux de stress avaient les plus faibles réponses immunitaires en réaction à deux ou trois antigènes.
Ces maris soignants, polarisés sur la maladie de leur femme, ne demandent en général pas d’aide médicale.
› Dr EMMANUEL DE VIE
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