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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 22 décembre 2011


C'est loin, la nouvelle Terre ?

Décodage | LEMONDE | 03.12.10

Les parents conducteurs connaissent bien cette excitation des derniers kilomètres. Quand l'approche de la fin du voyage accélère le rythme auquel est posée la question venue de la banquette arrière : "Quand est-ce qu'on arrive ?"Ces derniers mois, les astronomes spécialisés dans la détection des exoplanètes, et les journalistes qui rendent compte de leurs découvertes, semblent parfois saisis de la même agitation.

Le périple a pourtant été l'un des plus rapides de l'histoire des sciences : il a seulement fallu quinze années pour que le nombre de détections de ces mondes lointains, en orbite autour d'autres étoiles que notre Soleil, franchisse, fin novembre, la barre symbolique des 500. Mais ce succès fulgurant n'empêche pas la toute jeune discipline de trembler d'impatience à l'approche de ce qui pourrait déjà ressembler à son but : la découverte, parfois annoncée comme imminente, d'un astre dont les caractéristiques se rapprocheraient de celles de notre Terre et permettraient, qui sait, le développement d'une forme de vie.
Course aux résultats et erreurs. L'engouement du public et la passion des médias pour cette hypothèse, à haute teneur philosophique, n'incite pas forcément à la prudence. La course aux résultats, entre équipes désireuses designer des "premières", peut même pousser au dérapage. Ainsi, en octobre, des astronomes américains ont-ils annoncé, en des termes très peu nuancés, la découverte de Gliese 581 g. Celle-ci présentait beaucoup d'avantages : de proportions assez similaires à notre Terre, elle semblait située au beau milieu de la zone d'habitabilité de son système, c'est-à-dire à une distance de son étoile laissant espérer des conditions favorables à la vie.
Gliese 581 g n'a en fait qu'un gros défaut : elle n'existe sans doute pas. Les astronomes de l'Observatoire de Genève, qui utilisent l'instrument actuel le plus précis pour la détection des planètes extrasolaires, ne la voient pas dans leurs données. Ses découvreurs ont eu beau maintenir leurs calculs, l'exoplanète est passée en quelques jours du statut d'astre de toutes les promesses à celui de fausse nouvelle.
Jeu sur les mots et confusion. Un peu plus tôt, cet été, quelques phrases avaient connu un retentissement mondial assez proche de l'annonce de la découverte de Gliese 581 g. Dimitar Sasselov, membre de l'équipe étudiant le satellite Kepler, lancé en 2009, avait annoncé, au cours une conférence, que l'engin américain avait repéré 140 exoplanètes semblables à la Terre. Le creux du mois d'août avait servi de caisse de résonance à ces affirmations avant que leur auteur, dépassé par leur écho, ne leur donne une tout autre sonorité en les corrigeant radicalement.
M. Sasselov a reconnu avoir eu tort de parler d'exoplanètes là où il ne pouvait encore être question que de candidats à ce statut. Surtout, il a regretté d'avoirutilisé les termes "semblable à la Terre" (Earthlike) là où il aurait dû dire "de taille similaire à celle de la Terre" (Earth-sized). Ce qui n'est pas du tout la même chose : une planète peut être de proportions proches de la nôtre et, pour une série de raisons (distance avec son étoile, absence d'atmosphère, faiblesse ou excès de l'effet de serre, par exemple), ne pas présenter, comme Vénus ou Mars, les couleurs bleue et verte associées à la prolifération de la vie.
"Ce jeu sur les mots, cette référence permanente à notre planète crée une grande confusion dans le public", constate Franck Selsis, du Laboratoire d'astrophysique de Bordeaux (CNRS), qui déplore que le terme de "Super-Terre" ait été adopté pour décrire les exoplanètes jusqu'à dix fois plus massives que notre monde, faites de matière solide et non de gaz comme la géante Jupiter. Une équipe américaine a ainsi annoncé, jeudi 2 décembre dans Nature, qu'elle avait réussi, pour la première fois, à obtenir des informations sur l'atmosphère d'un de ces astres, GJ 1214b, qui n'excluaient pas la présence de vapeur d'eau.
La prouesse technique, grâce au Very Large Telescope de l'Observatoire européen austral (ESO), est considérable. Mais le terme de "Super-Terre" dit mal à quel point GJ 1214b, 2,6 fois plus grande et 6,5 fois plus massive que notre planète, peut en être dissemblable. "Il y a un "trou" dans le système solaire,explique Franck Selsis. Il n'y figure aucun astre entre la masse de la Terre et celle, 14 fois supérieure, de Neptune. Du coup, nous avons beaucoup de mal àimaginer combien ces exoplanètes, nombreuses ailleurs, peuvent êtreradicalement différentes de la nôtre."
Une discipline qui explose. Cela n'inquiète pas Didier Quéloz, codécouvreur, en 1995, de la première exoplanète officiellement considérée comme telle. Pour l'astronome suisse de l'Observatoire de Genève, ces erreurs et ces approximations "font partie de la vie de la science". La curiosité du public pour les mondes lointains leur vaut simplement un retentissement plus fort que dans d'autres secteurs. "Notre discipline a explosé depuis dix ans, dit-il. Les observations sont si difficiles, on se situe tellement aux limites de la connaissance et des instruments, qu'il y aura encore beaucoup de tâtonnements et de querelles d'interprétation."
Pour repérer dans le lointain la présence d'exoplanètes noyées dans la lumière de leur étoile, les astronomes sont obligés, la plupart du temps, d'avoir recours à des modes de détection indirects. Les découvertes ne représentent parfois qu'un point sur une sinusoïde, à partir duquel nombre de déductions contradictoires sont possibles. "Je vous parie que le jour où l'on trouvera vraiment une autre Terre habitable, on ne s'en rendra pas compte sur le moment, ajoute Didier Quéloz. Auparavant, on en aura annoncé une centaine qui ne le seront pas."
2011 promet des révélations. Le jour de la découverte de la première planète "de taille similaire à la Terre" approche en tout cas. Le satellite Kepler, qui a pris le relais du Français Corot, est en mesure d'en révéler plusieurs cas dès 2011. Les statistiques jouent en faveur des astronomes : des études ont montré que les exoplanètes cousines de la Terre seraient majoritaires dans notre galaxie, où elles se compteraient par milliards.
Ces astres une fois identifiés, comment s'assurer que la vie est possible sur l'un d'eux ? "Il faudrait des mesures très précises de la composition de leur atmosphère, dit Jean Schneider, de l'Observatoire de Paris-Meudon (CNRS).Cela ne sera possible qu'avec une nouvelle génération d'engins spatiaux, ou peut-être d'énormes télescopes terrestres."
Pour l'heure, ces instruments, au-delà de nos capacités techniques actuelles, n'existent que sous la forme de projets. Ils seront difficilement opérationnels avant une quinzaine d'années. D'ici là, seront lancés plusieurs engins voués àaccroître le nombre de découvertes, qui pourrait plafonner aux alentours des 2 000 exoplanètes en 2020. Le passage du quantitatif au qualitatif, et à la démonstration de la réalité d'une vie extraterrestre, n'aura pas lieu avant cette date.
Tant pis pour les impatients : la route sera encore longue.
Jérôme Fenoglio

Schizophrénie : les clés de la mauvaise compréhension des intentions d’autrui

20/12/2011
      
 
© PHANIE
Pourquoi les patients schizophrènes ont-ils du mal à comprendre les intentions des autres ? Des Français montrent que c’est parce qu’ils utilisent de façon inappropriée leur expérience passée.
L’exemple est parlant : lorsque quelqu’un se lève de son siège dans le métro, ce peut être parce qu’il veut sortir au prochain arrêt ou parce qu’il veut céder sa place. Reconnaître les intentions d’autrui est une habileté fondamentale pour vivre en communauté.
Pour y parvenir, comme l’ont déjà proposé les chercheurs toulousains et lyonnais, il faut disposer de deux types d’information : d’une part, l’information visuelle (observation des mouvements d’autrui) et, d’autre part, des « informations a priori », issues de nos connaissances et expériences passées et emmagasinées par notre cerveau.
Les chercheurs (CNRS, Toulouse et Lyon) ont fait l’hypothèse que ces deux types d’informations sont mal utilisées chez les patients schizophrènes, ce qui expliquerait pourquoi ils ont du mal à reconnaître les intentions d’autrui. Ils l’ont testée sur des patients présentant divers symptômes de la schizophrénie : négatifs (perte d’intérêt, retrait social), positifs (hallucinations, délires) ou de désorganisation (discours incohérent, phénomène du coq à l’âne).
Les patients visionnaient d’abord des vidéos montrant des acteurs manipulant des objets avec diverses intentions. Certaines étaient montrées plus fréquemment afin de manipuler l’information a priori. Ensuite, les patients visionnaient à nouveau les séquences, mais cette fois ces séquences étaient tronquées. Les patients devaient deviner les intentions des acteurs.
Il est alors apparu que les patients schizophrènes présentent une mauvaise utilisation des informations a priori. Les patients aux symptômes négatifs sous-utilisent ces données issues de l’expérience, comme s’ils n’avaient aucune expectative sur les intentions d’autrui. À l’inverse, ceux présentant des symptômes positifs ou désorganisés sur-utilisent les informations a priori au détriment de l’information visuelle. Dans tous les cas, un déséquilibre dans l’interaction entre l’information visuelle et l’information a priori conduit à des erreurs d’interprétation sur les intentions d’autrui.
« Ces résultats pourraient être à la base de nouvelles stratégies de thérapie cognitive permettant au patient d’améliorer son aptitude à utiliser son expérience et de diminuer ses difficultés à reconnaître les intentions d’autrui, symptôme sur lequel les traitements pharmacologiques n’agissent pas. De plus, ce paradigme pourrait être aussi valable pour l’autisme, maladie ayant de fortes similarités avec les symptômes négatifs de la schizophrénie », concluent les auteurs.
› Dr EMMANUEL DE VIEL
Chambon V. et coll. Brain en ligne, 28 novembre 2011.

Baromètre Groupe Pasteur Mutualité : 88% des Français font confiance aux professionnels de santé


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Écrit par Groupe Pasteur Mutualité   
07-12-2011

Selon la deuxième édition du baromètre Groupe Pasteur Mutualité sur  « La cote de confiance des Français à l’égard des professionnels de santé » :

88% des Français leur font confiance et 75% estiment qu’ils sont disponibles et à l’écoute de leurs patients

Alors que les Français manifestent des inquiétudes croissantes quant à la pérennité et la qualité de leur système de santé (déficit de la Sécurité sociale, réforme de l’hôpital public, accès aux soins, etc.), comment les professionnels du secteur sont‐ils perçus ? Les Français font‐ils toujours autant confiance aux médecins, infirmiers, pharmaciens, chirurgiens‐dentistes et autres professions médicales ou paramédicales ?


Les Français font toujours autant confiance aux professionnels de santé mais s’inquiètent de plus en plus de leur manque de disponibilité : 88% des Français leur font confiance et 75% estiment qu’ils sont disponibles et à l’écoute de leurs patients


Groupe Pasteur Mutualité, groupe mutualiste d’assurances de premier plan au service des professionnels de santé, présente la seconde vague de son baromètre sur « la cote de confiance des Français à l’égard des professionnels de santé », une étude réalisée avec l’institut de sondage ViaVoice[1].

Alors que les Français manifestent des inquiétudes croissantes quant à la pérennité et la qualité de leur système de santé (déficit de la Sécurité sociale, réforme de l’hôpital public, accès aux soins, etc.), comment les professionnels du secteur sont-ils perçus ? Les Français font-ils toujours autant confiance aux médecins, infirmiers, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et autres professions médicales ou paramédicales ?

Une confiance toujours forte pour l’ensemble des professionnels de santé
Malgré une baisse de 2% par rapport à la 1ère vague du baromètre réalisée en avril 2010, cette étude révèle que la confiance des Français à l’égard des professionnels de santé reste très forte : en moyenne 88% de la population leur fait confiance (« tout à fait confiance » ou « plutôt confiance ») ! Cet indice élevé dissimule malgré tout quelques disparités entre les 9 professions étudiées.


La cote de confiance moyenne accordée aux pharmaciens a ainsi baissé, de manière non significative, de 5% et celle des chirurgiens-dentistes de 3% (86% des Français déclarent faire « tout à fait ou plutôt confiance » à ces deux professions). Le déremboursement de certains médicaments et l’image dégradée de certains laboratoires ont peut-être contribué à légèrement modifier la perception des Français à l’égard des pharmaciens.



Quelle que soit la profession de santé concernée, le niveau de confiance enregistré est toujours supérieur à 80%, sauf pour les vétérinaires auxquels seule une partie de la population a recours.
Un substrat cortical pour les hallucinations auditives ?
Publié le 04/03/2011


Définies comme des perceptions sonores (bruits ou paroles) sans contrepartie réelle dans le monde extérieur, les hallucinations auditives (HA) représentent une composante « sévère et invalidante » de la schizophrénie. Mais à défaut de découler d’une source objective, elles pourraient s’enraciner dans un dysfonctionnement occulte de certaines structures cérébrales dont l’activité anormale serait alors interprétée par le sujet comme des informations sonores pertinentes (vraisemblablement à la manière du vécu onirique).

Émanant d’un service de psychiatrie français (CHRU de Lille) [1], une méta-analyse examine dix études explorant des HA à l’aide de l’imagerie cérébrale par positrons (PET Scan) ou par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et concernant un total de 68 patients avec des HA imputables à des troubles psychotiques (schizophrenia spectrum disorders). Les auteurs ont notamment cherché à préciser quelles régions du cerveau s’activent le plus lors de tels phénomènes hallucinatoires, avec un seuil minimal de résolution de 200 mm3 (cluster extent threshold) pour  la « cartographie » cérébrale.

Les conclusions de cette méta-analyse montrent qu’une expérience hallucinatoire auditive est associée non seulement à un accroissement d’activité des aires fronto-temporales engagées dans la perception du langage (speech perception) et dans sa production (speech generation), en particulier l’aire de Broca, mais aussi à une activation au sein du lobe médio-temporal, une structure « particulièrement impliquée » dans la mémoire verbale.

Pour les auteurs, ces données sont compatibles avec un modèle physiopathologique des HA où la sensation de pseudo-réalité résulterait d’une « activité aberrante » du cortex affectant un réseau de neurones impliqués à « différents niveaux de complexité » de l’architecture cérébrale. À titre comparatif, on attend désormais des recherches analogues sur l’activation probable de certaines zones du cortex dans d’autres formes d’hallucinations (notamment cénesthésiques ou visuelles).


Dr Alain Cohen

Jardri R et coll.: Cortical activations during auditory verbal hallucinations in schizophrenia: a coordinate-based meta-analysis. Am J Psychiatry, 2011 ; 168-1 : 73–81.


Un lien entre créativité, trouble bipolaire et schizophrénie

26 novembre 2011 
Chez les personnes créatives, la prévalence de maladie mentale, dont le trouble bipolaire et la schizophrénie, est anormalement élevée, selon une nouvelle étude suédoise publiée dans le British Journal of Psychiatry.
Simon Kyaga du Karolinska Institute (Stockholm) et ses collègues ont mis en relation les données d'un registre hospitalier fournissant les diagnostics de toutes les personnes ayant été hospitalisées pour le traitement d'épisodes de schizophrénie, de trouble bipolaire et de dépression en Suède entre 1973 et 2003; les données d'un registre, dit multi-génération, qui identifie tous les parents biologiques des patients; et les données des recensements nationaux des années 1960 à 1990 qui fournissaient des informations sur les professions dans l'ensemble de la population suédoise.
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Hommage à 175 Morts de la rue

(décès appris de mai au 1er novembre 2011).



-*TEXTE DE L’HOMMAGE

Photos Hommage aux Morts de la Rue
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De la supériorité de la psychothérapie congnitivo-comportementale sur la psychanalyse

Posted by Frédéric Duval-Levesque, psychopraticien certifié (psychothérapie, coaching et formation)

A cause de sa peur des monstres au-dessous de son lit ! Sigmund F. était en analyse depuis des années, à raison de deux séances par semaine…

Il n’avançait pas, l’évolution était pauvre et il ne dormait pas la nuit. Alors, il se décida d’arrêter l’analyse et d’essayer autre chose.

Quelques semaines plus tard, l’analyste croise Sigmund F. dans un supermarché et il est surpris de la vitalité de ce dernier.

Sigmund, content lui dit : « Je suis heureux, je suis guéri ! »
L’analyste : « Je suis content pour vous. Que s’est-il passé? »
Sigmund : « Je suis allé voir un autre spécialiste qui m’a guéri en une séance. »
L’analyste : « En une séance ? »
Sigmund : « Oui, il est comportementaliste ».
L’analyste : « Comportementaliste ?! Comment vous a-t-il guéri en une séance ? »
Sigmund : « Facile. Il m’a dit de couper les pieds de mon lit. »

“Comment vas-tu point d’interrogation”


La lecture de la semaine est un article du New York Times, signé Nick Wingfield et il s’intitule : “Le bon vieux temps des malotrus accrochés à leur téléphone portable”.
Est-ce que parler au téléphone est la même chose que parler à son téléphone ? se demande pour commencer le journaliste.
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Le bruit produit par quelqu’un discutant sur un téléphone portable fait partie de la bande-son de notre vie quotidienne, et la plupart d’entre nous a appris à être silencieux – ne pas parler dans les wagons zen des TGV par exemple. Mais les règles de savoir-vivre concernant la manière dont on s’adresse à un téléphone – et plus précisément à un “assistant virtuel” comme le Siri d’Apple, disponible sur le nouvel Iphone 4S – n’existent pas encore, pour le malheur des gens qui sont autour. D’abord parce que les conversations avec des machines ont un aspect mécanique et troublant. Ensuite il y a un problème de ponctuation : si vous voulez une marque de ponctuation, il faut la nommer. “Comment va-t-il point d’interrogation comment vas-tu point d’interrogation”, Jeremy Littau s’est récemment retrouvé dire cela alors qu’il marchait dans la rue en dictant un texto à sa femme qui était restée chez eux avec leur nouveau-né. La machine Siri lui parlait avec sa voix synthétique et féminine. Les passants étaient stupéfaits : “Ce n’est pas un comportement humain normal d’entendre quelqu’un avoir une conversation avec son téléphone dans la rue”, conclut Jeremy Littau qui est professeur-assistant de journalisme et communication à l’université de Lehigh.


La technologie des téléphones portables à commande vocale existe déjà depuis quelques années – elle permet aux gens de donner des ordres à leur téléphone comme à un factotum numérique, de lui dicter un texto, de noter un rendez-vous sur leur agenda ou de chercher le restaurant de sushi le plus proche. Néanmoins, avec Siri, Apple a franchi une étape supplémentaire. “Bon anniversaire smiley”, c’est ce que Dani Klein a entendu dire par un homme à son téléphone sur Long Island Rail Road, ce monsieur voulant insérer un émoticon dans un texto. “C’était ridicule”, explique Klein, 28 ans, qui travaille dans le marketing sur les réseaux sociaux. Parler à son téléphone est tellement nouveau qu’il n’y a pas encore de règle établie, dans les transports en commun en particulier.

La commande vocale dans les smartphones est d’abord apparue il y a quelques années quand certains appareils ont permis de faire des recherches sur Internet et quelques autres tâches. Mais le Siri d’Apple, introduit cet automne, est une version beaucoup plus sophistiquée de cette technologie, il répond à des phrases apparemment normales comme “Quel temps fait-il ?” ou “Réveille-moi à 8h”. Apple a aussi donné une once de personnalité à Siri, renforçant l’impression des usagers de l’Iphone qu’ils sont vraiment en train de parler à quelqu’un. Demandez à Siri quel est le sens de la vie et il vous répondra : “Je trouve étrange que vous posiez cette question à un objet inanimé”. Pour autant, “je ne crois pas que le clavier va disparaître”, expliquait Martin Cooper qui a développé le premier téléphone portable pour Motorola dans les années 70.
Un autre aspect irritant qu’il y a à écouter des gens parler à leur téléphone est que la plupart des choses que l’on fait avec des commandes vocales peut aussi être fait dans le silence. Billy Brooks, 43 ans, faisait récemment la queue chez un concessionnaire automobile à Los Angeles quand une femme a rompu le silence dans la pièce pour dicter un message à son Iphone : “Vous gênez inutilement les gens alors que vous pourriez tout simplement taper votre message”, dit Brooks, ajoutant que le comportement de cette femme était “ridicule et un peu pathétique”. James E. Katz qui dirige le Centre d’étude sur la communication mobile à Rutgers dit que les gens qui utilisent les commandes vocales de leur téléphone créent une gêne pour les autres – du bruit – au lieu de s’en infliger une à eux-mêmes – l’inconfort de taper lentement un message sur leur clavier. M. Katz compare ce comportement avec celui de quelqu’un qui laisserait tourner le moteur de sa voiture alors qu’il est garé, provoquant du bruit et des émissions de carbone.
Bien qu’Apple ait tenté de rendre possible une conversation presque naturelle avec Siri, le résultat est souvent inverse. Nirav Tolia, entrepreneur numérique, était dans un ascenseur bondé qui l’emmenait jusqu’à son bureau à San Francisco quand un homme a essayé d’utiliser Siri pour trouver la nouvelle adresse d’un café, le Coffee Bar. Le téléphone lui a donné une liste de café – pas les bons – l’obligeant à réitérer sa demande à plusieurs reprises. “Eh mec, t’as qu’à dire Starbuck”, a fini par lui dire un passager quand les portes de l’ascenseur se sont ouvertes. En parlant à leur téléphone, les gens finissent même par avoir des airs de machines. Jimmy Wong, 24 ans, était dans un restaurant à Los Angeles avec des amis quand ils se sont retrouvés à côté d’un homme qui demandait à Siri de prendre des notes et d’écrire des mails. Ils ont trouvé la conversation de l’homme avec son téléphone “flippante”, dénuée de toute pause naturelle dans la diction et des inflexions de voix qui marquent une conversation entre deux personnes. “C’est très mécanique”, ajoute-t-il. Et le groupe n’a pas pu s’empêcher d’écouter. Les gens qui étudient le comportement des usagers de téléphone portable pensent que la conscience qu’on a, dans les hôtels, les aéroports ou les cafés, qu’on est en train d’entendre des gens parler à leur assistant numérique, disparaîtra avec le temps. “Nous verrons une évolution de l’irritation première, qui donnera lieu à un dessin satirique dans le New Yorker, mais au bout d’un moment ce sera globalement accepté”, explique M. Katz. Mais, prédit-il, “il y aura toujours une petite minorité de conservateurs qui pleureront le bon vieux temps où les gens écrivaient leur texto quand ils étaient en public”.
Xavier de la Porte

Le service de santé au travail touché par la désertification médicale

12 décembre 2011

Le service de santé au travail de la Manche est actuellement en retard sur les visites médicales que doivent subir tous les deux ans, les salariés de ses 10 000 entreprises adhérentes. En cause, la désertification médicale mais aussi l'absence des décrets de la loi promulguée en juillet dernier, qui autorise des équipes plurisdisciplinaires à assurer un entretien infirmier, en lien avec un médecin coordinateur. Une situation évoquée cet après-midi lors de l'assemblée générale du Service de santé au travail à Saint-Lô, par le président Didier Morisset, qui est également président de la fédération régionale des services de santé au travail.
Les «fous» de Champ-Dollon

Selon une publication médicale, 46% des détenus de la prison genevoise souffrent de troubles psychiques. Le directeur de l’établissement explique pourquoi cela ne l’étonne pas.
Laszlo Molnar

28 décembre 2010

A Champ-Dollon (GE), près d’un détenu sur deux (46%) souffre de troubles psychiques. Chez les femmes, ce chiffre monte à 56%, selon une étude d’Ariel Eytan et de Hans Wolff, des Départements de psychiatrie et de médecine communautaire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Les deux auteurs de l’étude, publiée dans l’International Journal of Law and Psychiatry, ont analysé les dossiers de 1510 détenus – dont 76 femmes – ayant fait appel à l’unité médicale de la prison genevoise en 2007. Ils constatent que le principal symptôme décelé est la dépression. Elle touche 9,6% des hommes et plus de 22% des femmes incarcérées. Les troubles de la personnalité ou de l’adaptation sont moins fréquents, comme d’ailleurs les psychoses à proprement parler (1,2% et 5,3%).

Drogués et alcooliques


Mais les psychiatres genevois incluent les personnes dépendantes – d’une drogue, de l’alcool, voire du tabac – dans leur rapport. Et ils sont nombreux: plus de 41% d’entre elles souffraient d’alcoolisme avant leur incarcération, 36% fumaient régulièrement du cannabis, près de 27% prenaient de la cocaïne et 17% étaient des héroïnomanes. Ainsi, 31% des prisonniers se retrouvent dépendants de benzodiazépines (BZD), une classe de médicaments psychotropes utilisés dans le traitement de l’anxiété, de l’insomnie, de l’agitation psychomotrice, des convulsions, des spasmes, ou dans le contexte d’un syndrome de sevrage alcoolique.

La comorbidité (troubles associés) entre le tabac (70% des prisonniers fument), l’alcool et d’autres produits est de plus très fréquente. Elle est souvent associée à l’anxiété, à l’insomnie, ainsi qu’à des problèmes de peau, dus généralement aux seringues. Mais une chose surprenante est également démontrée: si 1,5% de ces prisonniers souffrent d’un stress post-traumatique (un état morbide dû à un événement exceptionnellement violent), on ne trouve aucune femme dans cette catégorie. Cependant, 70% des prisonnières ont subi des violences ou des abus sexuels.

Cette première étude fournissant une description détaillée de la santé mentale des détenus de la plus grande prison préventive de Suisse ne surprend pas Constantin Franziskakis, directeur de la prison de Champ-Dollon. «Les chiffres peuvent sembler élevés, relève-t-il au téléphone. Mais il faut se dire que l’anxiété des détenus, surtout ceux qui sont emprisonnés pour la première fois, est immense. Des symptômes qui passeraient inaperçus chez les gens vivant en liberté se révèlent omniprésents en milieu carcéral. Il faut par exemple prendre en compte le sevrage que subissent les délinquants dépendants d’une drogue ou de l’alcool. Ils risquent de faire des réactions psychiques importantes quand ils se retrouvent derrière les barreaux.»

Les effets de la surpopulation

Prévue pour 270 personnes, la prison de Champ-Dollon comptait entre 450 et 500 détenus à l’époque de l’étude. Mais la barre des 600 a été dépassée en mai dernier et un record de 622 détenus a été atteint le 19 juillet. Heureusement, une annexe d’une centaine de places devrait voir le jour l’an prochain.

«Réduire la surpopulation irait dans le bon sens en permettant de diminuer les tensions à l’intérieur de l’établissement, tant entre détenus et personnel de surveillance que concernant les détenus entre eux», estime pour sa part le Dr Ariel Eytan, l’un des responsables de ce rapport.

Manon Schick, porte-parole et future directrice générale d’Amnesty International Suisse, abonde dans son sens et note qu’«il serait intéressant de mener une telle enquête aussi en Suisse alémanique, où les prisons souffrent nettement moins de la surpopulation, et de voir quels effets provoque cette surpopulation carcérale.»




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Tee-shirt intelligent pour troubles bipolaires

19.12.2011 | L'Hebdo
Un tee-shirt et un smartphone : rien de plus commun en apparence que ces objets. Ils pourraient pourtant permettre bientôt de détecter les changements d’humeur de patients affectés de troubles bipolaires. Vêtement et téléphone mobile constituent en effet les deux éléments clés d’un dispositif innovant élaboré dans le cadre du programme européen Psyché. Les troubles bipolaires, qui se caractérisent par une alternance de phases de dépression et de grande excitation, sont“difficiles à traiter et s’accompagnent de nombreuses rechutes”souligne Markus Kosel, psychiatre et psychothérapeute des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). En phase dépressive, les personnes concernées n’ont aucune envie de se soigner. En phase maniaque, elles ressentent une grande exaltation dont elles n’ont pas envie de sortir. Pour améliorer leur suivi psychiatrique, il est donc important de pouvoir anticiper ces changements d’humeur. Actuellement, les patients sont invités à remplir un “agenda de l’humeur” mais ils oublient souvent de le faire. D’où l’idée de concevoir un dispositif qui enregistre automatiquement, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, un certain nombre de paramètres physiologiques et comportementaux et les transforme en informations directement exploitables par les médecins. Pour ne pas gêner les personnes dans leur vie quotidienne, “il fallait concevoir un système simple et pratique”, explique Mattia Bertschi, chef du projet Psyché au Centre suisse d’électronique et de microtechnique (SEM). Discrètement intégrés dans des bandes du tissu, des capteurs enregistrent le rythme cardiaque et respiratoire de l’individu, ainsi que ses mouvements. Cela permet de savoir si la personne est active ou non et d’évaluer la qualité de son sommeil, un élément “primordial dans le suivi des troubles bipolaires”, d’après Markus Kosel. Il suffit d’y connecter une petite boîte blanche qui ressemble à un baladeur MP3 pour que ces informations soient enregistrées, traitées et transmises au smartphone du patient. Doté d’une application spéciale, ce mobile permet aussi – et c’est là l’une des principales innovations du système– d’analyser la tonalité de la voix de son propriétaire. Un paramètre particulièrement précieux dans le cas des troubles bipolaires, puisque les fluctuations d’humeur se répercutent sur le timbre de la voix et le rythme de la parole, les épisodes dépressifs se caractérisant notamment par des phrases monotones et plus courtes et par des silences prolongés. Le médecin pourra aussi “demander au dispositif d’enregistrer certains paramètres particuliers”, indique Mattia Bertschi, et “rappeler au patient de prendre ses médicaments ou l’aider à mieux gérer ses activités”, ajoute Markus Kosel. Encore à l’état de prototype, le dispositif a déjà fait l’objet de tests préliminaires sur des volontaires sains, qui se poursuivent actuellement avec de vrais patients. Si les résultats se révèlent satisfaisants, il pourra être mis à la disposition de personnes souffrant de troubles bipolaires et de leurs psychiatres. Rien n’exclut que ces technologies soient ensuite adaptées à des personnes souffrant d’anxiété ou d’autres “maladies de l’âme”.