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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 19 décembre 2011


Cinéma et psychanlyse

La sortie prochaine du nouveau film de Cronenberg est l’occasion de discuter des liens ténus entre le cinéma et la psychanalyse.

Article de Justin Kwedi


Le cinéma, à bien des égards, s’avère le médium idéal pour illustrer les théories des diverses écoles de la psychanalyse. Les histoires les plus audacieuses comme les interprétations les plus folles permettent un étalage de névroses fascinant. L’approche purement visuelle est également l’occasion par les compositions de plans ou un montage réfléchi et/ou par association d’idées de laisser filtrer un ressenti de l’ordre de l’inconscient, de l’interdit à travers la pellicule. Tous ses éléments ont toujours été présents au cinéma notamment au temps du muet qui évitait la lourdeur explicative de certaines tentatives du parlant. 

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Le Septième Voile (The Seventh Veil - Compton Bennett, 1945)


Le Septième Voile (The Seventh Veil - Compton Bennett, 1945)

Classique anglais méconnu chez nous, un des films majeurs amorçant l'irruption de la psychanalyse dans la fiction.

Article de Justin Kwedi


The Seventh Veil est un des films les plus populaires et célébrés du cinéma britannique. Son mélange puissant de mélodrame, romance et psychanalyse n'a rien perdu de sa force. 

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La Maison du docteur Edwardes (Spellbounds - Alfred Hitchcock, 1945)

La Maison du docteur Edwardes (Spellbounds - Alfred Hitchcock, 1945)

Alfred Hitchock en 1945 n'arrive pas à quitter des yeux Ingrid Bergmann. Y a-t-il un psychanalyste dans la salle ?

Article de Fabien Alloin


Les yeux de Constance (Ingrid Bergmann) et de John (Gregory Peck) au centre du cadre au moment du coup de foudre ; l'insomnie d'une jeune femme dans les escaliers d'un établissement psychiatrique ; la lumière sous la porte de l'être aimé comme pour dire « Moi non plus je ne dors pas » : les souvenirs qui nous lient à La maison du docteur Edwardes, comme toujours chez Alfred Hitchcock, s'attachent aux petites choses, aux détails. Ces derniers nous ramènent au film, rendant familière la moindre poignée de porte, la plus petite paire de lunettes, mais sont également ceux qui font avancer les personnages et l'intrigue - une simple signature sur un livre et c'est tout le film qui se renverse. Pourtant, malgré les images persistantes qu'il nous laisse et qui vivent si intensément hors de l'écran, Alfred Hitchcock a raté La maison du docteur Edwardes. Son film vit sans lui, au milieu des vestiges du métrage qu'il aurait souhaité réaliser. La maison du docteur Edwardes n'existe pas, alors quelles sont ces images à l'écran ? 

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Les gels de crédits gouvernementaux glacent les comptes des hôpitaux

LEMONDE.FR avec AFP | 16.12.11

Les gels de crédits, imposés par le gouvernment, grèvent les comptes des hôpitaux. Ce gel, toujours en vigueur à deux semaines de la fin de l'année, aggrave en effet leur déficit public pour 2011. Déficit auquel la majorité des établissements sont confrontés.

Le déficit prévisionnel de l'AP-HP pour 2011 est ainsi de 130 millions. En 2010, selon la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les hôpitaux publics, 21 des 30 centres hospitaliers universitaires (CHU) français étaient en déficit, de même que 223 des 556 plus gros hôpitaux. Au total, en 2010, le déficit global des quelque 1 300 hôpitaux publics avait atteint 433 millions.
Aux problèmes de déficit s'est ajoutée récemment pour les hôpitaux publics une autre difficulté : celle de l'accès aux crédits bancaires. Cinq milliards de crédits ont été débloqués récemment par la Caisse des dépôts. Mais celle-ci "a parfois tendance à faire passer les collectivités locales avant les hôpitaux" déplorait récemment le président de la FHF, Frédéric Valletoux. Au même titre que certaines collectivités, quelque petits hôpitaux ont de surcroît souscrit des emprunts dits "toxiques", adossés à des produits financiers douteux et sont en grande difficulté financière.
L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE FIXÉ POUR 2012
Selon la FHF, 350 millions d'euros sont gelés au titre des "missions d'intérêt général et à l'aide à la contractualisation" (Migac), des dotations que verse l'Etat pour des missions de service public. Cette réserve budgétaire a été constituée par le gouvernement en début d'année sur un montant total pour ces Migac de 8 milliards en 2011. Elle doit normalement être restituée aux hôpitaux en fonction de leur respect des objectifs fixés en matière de maîtrise des dépenses de santé.
Or, la FHF met en avant un objectif de progression des dépenses dépassé de 0,1 point seulement. "Donc on devrait nous restituer la majeure partie de ces 350 millions", estime-t-on à la fédération. Au début de son quinquennat, le président Nicolas Sarkozy avait fixé aux hôpitaux un objectif de retour à l'équilibre budgétaire pour 2012.


Autisme : changer le regard

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 16.12.11

MONTRÉAL (CANADA), CORRESPONDANCE - C'est une histoire unique, scientifique et humaine que raconte le psychiatre-chercheur canadien Laurent Mottron, instigateur du Centre d'excellence en autisme de l'université de Montréal : celle de sa relation de travail avec Michelle Dawson, une patiente autiste devenue chercheuse dans son laboratoire en neurosciences cognitives. Mais, pour lui comme pour elle, l'essentiel est ailleurs que dans l'anecdote de cette rencontre. Il réside dans ce qu'elle a pu susciter pour faire avancer la science de l'autisme, jusqu'à lui donner un statut de "variant" humain plutôt que de "trouble", traduction du terme anglais consacré autistic disorder.

Les recherches du groupe de Montréal, avec quelque 80 articles publiés dans les meilleures revues scientifiques et dans lesquels Michelle Dawson a pris une place majeure, permettent d'affirmer que les autistes pensent, retiennent, s'émeuvent, et surtout perçoivent différemment des non-autistes. Ce groupe défend l'idée que la science, en considérant l'autisme comme une maladie àguérir, passe à côté de sa contribution intellectuelle et sociale.
"Surfonctionnement perceptif"
Dans un article intitulé "Le pouvoir de l'autisme", paru dans la revue Nature le 3 novembre, M. Mottron explique comment il a intégré à divers titres, à cause de leurs qualités personnelles et intellectuelles, huit autistes dans son laboratoire, dont Michelle Dawson. En sept ans de collaboration avec cette dernière, "elle m'a montré, écrit-il, à quel point l'autisme, combiné à une intelligence extrême et à un intérêt pour la science, peut s'avérer une force dans un laboratoire de recherche".
A 50 ans, Michelle Dawson est "l'une des plus grandes voix autistes de la planète", s'exclame-t-il. Elle-même se juge avec modestie : "J'ai toujours une vie difficile au quotidien, avec des peurs incontrôlées ; j'ai beaucoup de mal àcommuniquer." Diagnostiquée autiste au début des années 1990, Mme Dawson commet l'"erreur" de le dire à son employeur, Postes Canada. "J'adorais mon travail de facteur, dit-elle, j'étais très motivée et je voulais être traitée comme n'importe qui." Harcelée à la suite de cet aveu, elle se voit obligée de quitter son emploi quatre ans plus tard et se bat en justice pour faire reconnaître ses droits. Le Canada, affirme-t-elle, "encourage la discrimination des autistes en ne les protégeant pas comme tout être humain".
En 2001, vivant un "trouble terrible", elle contacte Laurent Mottron. Celui-ci dira :"J'éprouvais dans mon rôle de psychiatre à son égard la nullité de ce que je lui proposais." Pour mieux l'aider, il lui propose plutôt de collaborer à son groupe. Apartir de 2003, Michelle Dawson dévore la littérature scientifique sur l'autisme, au point d'en devenir une analyste hors pair. "J'ai tout de suite vu, note-elle, qu'elle contenait les informations dont j'avais besoin, qui pouvaient me servir et avec lesquelles je pouvais être utile."
Son travail impressionne M. Mottron : "Sa clairvoyance sur les questions scientifiques est unique ; elle peut vous rapporter le contenu d'un article lu il y a deux ans avec une incroyable précision. Et traiter les miens de façon impitoyable..." Elle l'admet : "Nous ne sommes pas souvent d'accord, mais c'est très productif. Moi-même, je recherche la critique forte !"
Au sein du groupe de Montréal, les deux chercheurs et leurs collègues pourfendent les idées reçues concernant la définition de l'autisme comme trouble social. Ils caractérisent la perception autistique pour laquelle ils accumulent les preuves d'une différence fondamentale, construisant un modèle du traitement de l'information par les autistes, baptisé "surfonctionnement perceptif", qui, d'abord ignoré, se mesure maintenant à armes égales avec les modèles traditionnels.
Ce modèle met, entre autres, l'emphase sur les forces autistiques. Laurent Mottron croit que si l'autisme handicape la vie au quotidien, il peut égalementprocurer des avantages. Au lieu de définir l'autisme par des caractéristiques négatives (défaut de langage, manque de communication, comportements répétitifs, intérêts restreints...) et par comparaison à la majorité (ce qu'il appelle le normocentrisme), on devrait selon lui le décrire pour ce qu'il est, forces comprises.
Capacité d'apprentissage
La question de l'intelligence autistique est au coeur du débat. "Si je ne crois plus que la déficience intellectuelle soit intrinsèque à l'autisme, déclare-t-il, c'est parce que Michelle m'a ouvert les yeux sur cette attitude normocentrique valorisant les tests basés sur le langage comme mesure de l'intelligence", au détriment de tests non verbaux comme les matrices de Raven (des tests classiques d'intelligence où le sujet doit compléter une liste de dessins). Avec cet outil reconnu (l'armée française s'en servait pour ses recrutements !), "l'intelligence autistique est pourtant bien mieux représentée, ajoute Mme Dawson, et l'on peut vraiment comparer les performances des autistes à celles des non-autistes".
Pourtant, on continue d'utiliser les tests verbaux pour les autistes. Avec pour effet d'en classer 75 % comme déficients intellectuels, alors que seulement 10 % à 15 %, selon M. Mottron, souffrent d'une maladie neurologique associée favorisant l'apparition d'une déficience intellectuelle. Une récente étude coréenne révèle ainsi la présence de 3,5 % d'autistes dans les écoles régulières de Corée, dont 2,5 % sont parfaitement intégrés, sans besoin d'aide particulière.
Au-delà même de l'intelligence, "la question de l'apprentissage par les autistes est l'une des questions-clés que l'on doit se poser", avance Michelle Dawson. Elle cherche à comprendre "pourquoi certains autistes de moins de 2 ans connaissent l'alphabet, voire lisent un journal", et voudrait qu'on "les encourage dans leurs habiletés au lieu de les déclarer déficients intellectuels". Et indiqueêtre "fascinée par cette extraordinaire capacité d'apprentissage des autistes", présentée pourtant comme la preuve d'un déficit sévère.
"Plus les tâches sont complexes, ajoute-elle, plus ils ont un avantage sur les non-autistes." Elle-même se dit incapable d'apprendre comme un non-autiste. Elle ne peut remplir des formulaires administratifs mais a "appris rapidement à écrire des papiers scientifiques et à rédiger des arguments juridiques !"
Plaidoyer sur le manque d'éthique
Ses difficultés de communication par le langage l'empêchent d'interagirfacilement avec quiconque, y compris ses collègues. Elle travaille donc principalement depuis son appartement, se rend sporadiquement au laboratoire et communique surtout par courriels avec les chercheurs du groupe, comme elle le fait sur Twitter et sur son blog (Autismcrisis.blogspot.com) avec d'autres membres de la communauté scientifique.
Dans son travail de chercheuse, elle dit elle-même avoir "faiblesses et incertitudes" mais aussi pouvoir détecter des anomalies que personne ne voit,"lire, retrouverutiliserfaire des liens, identifier des tendances à travers une foule d'informations dans la littérature scientifique".
Le domaine le plus polémique des travaux du groupe concerne ses positions sur l'intervention comportementale intensive (ICI), préconisée en Amérique du Nord. En 2004, Mme Dawson a publié, sur le Web, un plaidoyer sur le manque d'éthique de cette technique et critique maintenant la mauvaise qualité des travaux en intervention : "La littérature sur le sujet est énorme en quantité mais pauvre en qualité scientifique." Mme Dawson s'en prend également à l'adoption de "standards éthiques et de recherche beaucoup plus bas" que la normale et se demande "pourquoi les autistes vivent des discriminations même dans ce domaine". Nombreux sont les rapports de recherche qui vont aujourd'hui dans le même sens qu'elle : selon l'Académie américaine de pédiatrie, "la force de la preuve (en faveur de l'efficacité de ces techniques) est insuffisante à basse."
Groupes de pression De nombreux gouvernements subventionnent pourtant toujours ces thérapies, qui coûtent jusqu'à 60 000 dollars (45 000 euros) par an et par enfant, sous l'influence de groupes de pression. M. Mottron s'inquiète pour sa part d'un possible soutien gouvernemental français à l'ICI. La Haute Autorité de santé a en effet commandé un rapport sur ces méthodes qui lui semble biaisé en leur faveur : "En favorisant l'ABA (analyse appliquée du comportement) pourcontrer la psychanalyse de l'autisme, on passe du tsar à Lénine !"
Au lieu de monopoliser le budget de l'enfance inadaptée pour de telles thérapies, on ferait mieux, selon lui, d'accepter qu'il n'y a pas de traitement de l'autisme, d'aider les autistes à trouver une fonction en société, avec garanties de droits, gestion pragmatique des crises adaptatives, accès renforcé à des services spécialisés éclectiques et aide pour une meilleure qualité de vie. Et surtout, il faudrait revoir l'équilibre entre le niveau d'aide apporté pendant l'enfance et celui donné à l'âge adulte, en augmentant le second.
Par exemple, les fonds pour faire face aux coûts exorbitants des techniques comportementales seraient mieux utilisés, dit-il, pour payer des gens qui iraient dans les entreprises identifier des tâches où les autistes excellent et pouradapter leurs conditions de travail. Mme Dawson partage ce point de vue que "ce n'est ni l'intelligence ni les habiletés qui manquent aux autistes. Ce qui est rare, ce sont les opportunités qu'on leur donne d'avoir une bonne vie et un travail, d'être autonome et responsable, de contribuer à la société, plutôt que de dressersans cesse des obstacles devant eux".
Anne Pélouas

Emission avec Eric Laurent - Fondation Agalma-
Posteado por Blog amp a jueves, diciembre 08, 2011
 

Dans le cadre de ses activités de médiation "Les énigmes partagées", la Fondation Agalma est heureuse de vous annoncer la sortie en vidéo de l'émission de l'entretien de François Ansermet et Pierre Magistretti avec Eric Laurent, autour de neurosciences et psychanalyse, avec comme titre "Au-delà de la trace", qui fut enregistrée le 10 septembre 2011 dans les studios de la Fondation Agalma.



Fondation Agalma
18, rue Adrien-Lachenal
1207 Genève
www.agalma.ch
 

La psychanalyse dans la série télé américaine

D'abord mis à l'écart, le psychiatre s'affirme de plus en plus aujourd'hui. Retour (non exhaustif) sur quand la série télé américaine passe en analyse.

Par Julien MUNOZ - publié le 15 mars 2011
Flic, avocat, médecin, politicien, journaliste… autant de professions qui ont trouvé maintes et vastes représentations à travers la petite lucarne. Si celles-ci ont toujours bénéficié d’une large couverture dans le cadre de la fiction, celle du psychothérapeute et de la psychanalyse en général est en revanche une figure encore jeune dans le paysage audiovisuel ayant attendue son heure pour s’imposer et qui tend aujourd’hui à devenir un incontournable dans le monde de la série télé. Ne serions-nous pas tous en train de suivre une thérapie sans le savoir ? 

Première approche

Difficile de préciser dans quel programme ou de quand date exactement la première apparition d’un « médecin de la tête » dans un feuilleton. Probablement depuis les débuts de la télévision mais on peut être sûr qu’il ne s’agissait pas d’un rôle d’importance, ni moteur de l’intrigue. Avant les années 70, rares sont les possibilités pour le psy de voir son métier mis sur le devant de la scène autrement que dans une fonction occasionnelle ou secondaire dans le meilleur des cas. L’arrivée sur CBS de The Bob Newhart Show (1972-1978) sera l’une des exceptions qui confirment la règle puisque la sitcom se focalise justement sur le quotidien d’un psychologue (Robert Hartley incarné par l’acteur Bob Newhart) devant jongler entre sa vie de famille et ses obligations professionnelles.

les_soprano_1

Presque vingt plus tard, Billy Cristal crée Sessions qui, le temps de six épisodes, suit les entretiens entre un avocat quadragénaire et le docteur Bookman (Elliot Gould), elle aussi mettant sur la table les problèmes de la middle classe américaine sous le prisme de la comédie avec un soupçon de gravité en plus. Un mélange dont s’inspireront plusieurs confrères par la suite parmi lesquels la populaire Ally McBeal (1997-2002). Au-delà de son amusant dispositif consistant à matérialiser à l’écran les pensées retorses d’une avocate allumée (Calista Flockhart), David E. Kelley aura fortement contribué à décoincer l’image du psychanalyste, notamment grâce au docteur Tracey Clark (Tracey Ullman) et à ses pratiques peu conventionnelles. Mis progressivement en confiance par le biais de l’humour et de l’autodérision, le téléspectateur s’avère enfin prêt à passer un nouveau cap. La représentation du psychothérapeute aussi.

Promotion canapé
           
La série qui a tout changé, à laquelle il est impossible de ne pas se référer, c’est bien évidemment Les Soprano(1999-2007) et le Dr. Jennifer Melfi (Lorraine Bracco) chargée de consoler la conscience torturée d’un parrain du New Jersey.  Hormis l’engouement critique et public pour la brillante plongée du drama de David Chase dans le monde de la mafia, celui-ci aura suscité l’admiration pour le réalisme et l’indéfectible sérieux avec lequel il traite les séances de thérapie (noyau spirituel du show), et sa description de la relation intime qui peut se nouer entre le malade et son praticien. L’identification avec des personnages aux comportements complexes et aux blessures profondes sera tel qu’en 2001,  Lorraine Brasco sera l’invitée d’honneur d’un congrès américain de psychanalystes afin de discourir sur le transfert affectif et identificatoire ayant lieu des deux côtés de la barrière fictionnelle. Comme tout véritable phénomène culturel, Les Soprano suscitera bien des vocations parmi la concurrence qui recycle à toutes les sauces le protagoniste du psy : The Trouble with NormalTell Me You Love MeState of MindHead CaseHuffMental… et Web Therapy et ses séances accélérées par internet. En une décennie, on ne compte déjà plus les tentatives du petit écran de nous faire allonger sur le divan, or aucune ne s’y est prise comme En Analyse.

In Treatment

Adapté d’un programme israélien d’Hagai Levi (BeTipul), In Treatment en VO constitue sans doute l’expérience qui se rapproche le plus d’une psychanalyse suivie :  la série ne se contente pas de narrer le métier du Dr. Paul Weston (Gabriel Byrne) mais bel et bien de procéder à ce fameux « transfert » via une mise en place narrative au plus près de la réalité du traitement thérapeutique et repoussant les limites de la fidélisation du public. Diffusé tous les jours de la semaine, En Analyse octroie une journée donnée à chacun des quatre patients réguliers de Weston qui se confiera lui-même le dernier jour à un autre collègue pour mieux faire le point sur son travail et ses propres failles en tant qu’individu. Ainsi pour l’auditeur fidèle prêt à s’immerger dans des récits basé sur une inaction scénique et des échanges verbaux abordant un riche canevas de problèmes sociaux (qui pourront être les siens), l’ouvrage est un bon moyen de mettre en perspective son vécu sans se ruiner. Les consultations télévisées ne manqueront pas à l’avenir, car malgré une audience faiblarde, En analyse perdure et se décline déjà dans plusieurs autres pays du globe. Une version française est même en gestation.

C’est grave docteur ?

Comment expliquer une telle prolifération ? Il y a déjà la démocratisation croissante de la psychiatrie durant les années 90.  Difficile également de ne pas faire un parallèle avec l’âge d’or de la série télé qui au tournant du siècle nouveau a permis au psychiatre de devenir une espèce d’emblème de cette nouvelle production chargée de héros ne sachant plus trop où donner de la tête : violents (Jack Bauer de 24 heures chrono) névrotiques (la famille Fisher de Six Feet Under), psychopathes (Dexter), schizophrènes (United States of Tara), toxicomanes (Nurse Jackie), troubles de l’identité sexuelle (Max dans The L Word)… le diagnostic est long dans cet éventail de fenêtres ouvertes sur une société moderne se questionnant sur ses propres démons. Analyser et comprendre est justement le premier pas vers la guérison… ou d’une possible prévention.

Dexter saison 4

On ne s’étonnera donc pas de voir les professionnels du comportement humain devenir des alliés précieux des forces de police (de New York Unité Spéciale à Lie to Me, en passant par Esprits Criminels). Inévitables, les psychologues de la télé se sont même infiltrés dans d’autres domaines tout aussi spirituels (Sœur Peter Marie deOz). Cet amalgame entre médecine et religion on le retrouve dans quelques scènes de Nurse Jackie lorsque son anti héroïne vient s’allonger sur les bancs d’une chapelle moins pour se confesser ses fautes à un ami dans le secret que pour se confier à une oreille silencieuse. Le schéma est identique pour le proxénète Al Swearengen (Deadwood) qui prenait fréquemment l’habitude de l’autoréflexion en compagnie d’une de ses filles en plein travail. Les voies de la psychanalyse sont décidément impénétrables.

En analyse : Interview du créateur Hagai Levi

In Treatment (En analyse) est l'adaptation d'une série née en Israël et intitulée Be Tipul. On la doit au créateur et scénariste Hagai Levi. Interview.

Par  - publié le 08 mars 2011 à 17h35
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Hagai Levi
Hagai Levi est le créateur et scénariste de Be Tipul, une série israëlienne qui a fait beaucoup parler d'elle entre 2005 et 2008. Tant et si bien que HBO s'est emparé du concept (un psychothérapeute reçoit chaque jour un patient avant de se faire analyser lui-même en fin de semaine) pour accoucher de In Treatment (En analyse). Si les audiences de la série aux Etats-Unis ne sont guère flamboyantes, son succès d'estime et les critiques dythirambiques en ont fait un évènement télévisuel majeur. La saison 3 débute sur Orange Ciné Max.
 

Il semble que Be Tipul soit né de votre propre expérience de la thérapie. A quel point la série parle t'elle de vous ?
Hagai Levi) Il est toujours difficlie de dire d'où vient une idée. Il n'y a pas de personnages qui me représentent. Je suis un juif orthodoxe très religieux donc j'ai essayé de créer un personnage qui était comme moi. Je n'y suis pas arrivé. Je crois que tous les protagonistes ont quelque chose de moi. Il m'est difficile de dire ce qu'ils ont de moi à chaque épisode. la série est écrite par des scénaristes différents qui mettent chacun quelque chose de personnel dans les personnages pour qui ils écrivent.

Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire sur cinq jours ?
HL) Premièrement, j'ai pensé que cela imitait la vie. Chaque jour, c'est un nouveau patient, un nouveau jour. Je sentais que cette narration était proches de la réalité. J'aime aussi cette idée d'une série quotidienne, le fait que vous ayez la même horaire chaque jour. C'est très addictif. Cela fait partie de votre vie, de votre planning. C'est le but de la télévision.

Il a fallu convaincre les chaînes qu'une telle série puisse exister...
HL) J'ai réalisé deux pilotes avec un petit budget. C'était la seule manière de leur montrer que cela pouvait être sophistiqué et pas ennuyeux. Ils en ont voulu plus. je n'aurai jamais pu vendre une série comme Be Tipul juste avec un scénario. Cela m'a pris presque deux ans pour vendre le concept.

Quel fut le plus gros challenge lors de la réalisation de ces pilotes ?
HL) Je crois qu'il fallait rester modeste. C'est très facile de faire bouger sa caméra, de multiplier les plans... Il fallait faire entièrement confiance aux acteurs et que la caméra ne soit pas trop présente. Le texte est le plus important. Il n'y avait pas d'improvisation. Chaque mot a son importance. Chaque phrase du thérapiste peut changer la donne. C'est pour cela que le casting doit être parfait. Il faut les bons acteurs...

Comment la profession a-t-elle réagit à la série ?
HL) D'une très belle manière et ce, partout dans le monde. Nous avons présenté le métier de la manière la plus approprié. J'ai été à beaucoup de conventions et les réactions des professionnels m'ont fait chaud au coeur. En plus, cela a rendu la thérapie plus populaire, donc les gens se sont déplacés chez eux...

Comment s'est déroulé le casting de l'adaptation américaine par HBO ?
HL) Nous avons immédiatemment pensé à Gabriel Byrne dans le rôle principal même si nous avions aussi une autre option dont je tairai le nom. Il a vu un épisode Be Tipul mais ne voulait pas être plus influencé. Une fois qu'il a fait partie du projet, il a été évidemment plus simple d'avoir d'autres bons acteurs. Je pense à Mia Wasikowska qui n'avait que 17 ans à l'époque. Je me suis dit qu'une star était née. Il y a eu Dianne Wiest. Nous avons été chanceux qu'elle accepte. Dans la version Israêlienne, son personnage était très froid alors que l'actrice est quelqu'un de très chaleureux. Laura a été le dernier personnage a être casté. Nous avons eu des difficultés à la trouver.

Il y avait de très belles séquences de thérapie dans Les Soprano...
HL) Je me rappelle que je voulais en voir plus ! Ce fut une de mes inspirations. Ce sont les scènes les plus intéressantes de la série pour moi. C'était un signe pour moi que le monde était prêt pour ce genre de show.

Etre interviewé par un inconnu comme moi, est-ce une forme de thérapie pour vous ?
HL) (Rires) Oui. Pour moi, la thérapie est un dialogue. Je ne grandis que par le dialoguie et je suis addictif au dialogue. J'essaye d'avoir des angles différents et en vous parlant je me connais plus moi-même. Chaque conversation telle que celle là est donc très importante pour moi.

Propos recueillis et traduits par Nicolas SCHIAVI au Festival Séries Mania 2010.