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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 10 décembre 2011

LIMOGES
SANTÉ  

Glissements de tâches dans le secteur de la santé : la réalité cachée
7 DÉCEMBRE 2011



B
udgets contraints, démographie médicale en berne, les glissements de tâches concernent désormais tous les métiers de la santé. Souvent même au mépris du Code de santé qui les régit.

Une aide-soignante qui fait la tournée des anticoagulants, une infirmière qui donne un antalgique non prescrit par le médecin… à première vue rien de choquant pour le patient, qui ne s’en rendra même pas compte. Sinon que, juridiquement, et dans les deux cas, il y a exercice illégal d’une profession, dont les compétences et les limites sont clairement définies par le code de la santé.
Une situation fréquente dans les hôpitaux et dans les EHPAD (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). « Ce sont sans doute les établissements les plus concernés, estime Christophe, infirmier (FO). On voit des emplois aidés, embauchés pour des activités annexes -hôtellerie, rangement- faire fonction d’agent de service hospitalier, voire même d’aide-soignant ! Ils n’ont ni les compétences ni la possibilité de refuser. Et il arrive que l’un d’entre eux se retrouve seul la nuit sur un EHPAD, avec un téléphone pour appeler le SAMU en cas de problème… »
Si pour ces métiers les contraintes financières des établissements peuvent largement expliquer la situation, pour les personnels infirmiers, c’est souvent le manque de médecins dans certaines spécialités qui les fait sortir de leurs compétences. Pour, par exemple, poser un cathéter central, qui est un acte médical.
Certes, ces glissements de tâches ont toujours plus ou moins existé, mais ils étaient davantage formalisés. D’une certaine façon, ils facilitaient la promotion au sein des établissements. Au bout de quelques années, un agent hospitalier pouvait intégrer une formation d’aide-soignant, et une aide-soignante intégrer une formation d’infirmière. Un dispositif aujourd’hui en panne pour deux raisons. D’une part, parce que les budgets de formation ont subi une cure d’amaigrissement en raison des contraintes budgétaires. D’autre part, parce que les effectifs sont tellement tendus dans les hôpitaux, que le détachement d’un agent risque de perturber gravement le fonctionnement de son service. « Une situation flagrante depuis l’instauration de la tarification à l’acte à 100 % dans les hôpitaux », selon les syndicats.
Glissement de tâche ou glissement de terrain ?
Toutes les professions de santé sont donc concernées par des glissements de tâches insidieux. À l’hôpital, comme dans tous les secteurs économiques, la polyvalence, devenue la règle commune, a été facilitée par l’instauration systématique de protocoles censés faire face à chaque situation. Une infirmière de dermatologie envoyée en médecine infectieuse ou en oncologie ira car elle n’a pas le choix.
« Le problème, c’est qu’elle n’y sera pas à l’aise et qu’elle ne sera pas performante. Dans ce cas-là, on va davantage vers un “glissement de terrain”, avec les risques que cela comporte, que vers un glissement de tâche », ironise Jean-Christophe Razet, secrétaire départemental FO Santé, opposé à ces transferts.
Même problème pour les kinésithérapeutes et les ergothérapeutes, si précieux dans les EHPAD, où l’enjeu est le maintien de l’autonomie de la personne âgée. Les glissements de langages étant les alliés des glissements de tâches, au lieu de séances de kiné, on parle “d’aide à la marche” et de “réactivation des gestes du quotidien”, et le tour est joué. De ce fait, n’importe qui -avec la meilleure volonté du monde mais sans les compétences- va se charger de ce qui relève d’un vrai métier.
Dominique PIERSON

L’intersyndicale se remobilise contre l’Ordre infirmier

 
Dénonçant notamment un "chantage à l'embauche" auprès des jeunes diplômés de la part d'un Ordre "discrédité par une majeure partie de la profession", l'intersyndicale appelle à l'abrogation de l'institution ordinale.
Co-signataires du texte, CFDT Santé Sociaux, CGT Santé Action Sociale, CFTC Santé Sociaux, FO Santé Sociaux, SNICS FSU, SUD Santé Sociaux et UNSA Santé Sociaux appellent les professionnels contre l'Ordre à " intervenir localement (...) avec leurs organisations syndicales" .
Toujours en grande difficulté financière, l'Ordre infirmier est toutefois en passe de remplir son objectif de 90 000 cotisants nécessaire à sa survie.
Rédaction ActuSoins

Le grand âge privé de risques

REPORTAGEUne vieille dame aime la bière, on la lui interdit. Une autre tombe, sa famille veut l’attacher. Comment organiser la vie des vieillards sans l’aseptiser ? C’est le thème d’un débat, aujourd’hui à Lille.

Par ERIC FAVEREAU
Elle est silencieuse, repliée dans sa chambre de cette maison de retraite plutôt chic. Souvent, elle baisse les rideaux. Près de son lit, il y a deux déambulateurs. Cette pensionnaire a 92 ans. Elle sort peu, mais elle veut marcher. C’est tout ce qui lui reste : faire quelques pas autour de son lit. On lui a installé une sonnette. Mais voilà, elle marche mal. Et, de ce fait, risque de tomber tout le temps. «C’est un peu difficile, raconte une aide-soignante.Mais on gère sans trop de mal.»
Le problème ? Ce sont ses enfants : ils ne veulent surtout pas de chutes. Quand ils viennent le week-end et qu’ils aperçoivent un bleu sur une jambe de leur mère, c’est aussitôt le drame. Depuis peu, ils sont prêts à ce que la maison de retraite «attache» leur mère sur le fauteuil, «pour ne pas qu’elle tombe»«On ne sait trop quoi faire», note la médecin de l’établissement.«Cette résidente ne veut pas sortir de sa chambre. Elle se dit bien comme cela. On ne va pas la laisser seule, attachée sur son fauteuil.» Une aide-soignante : «Les chutes, on arrive à les éviter, mais c’est vrai que c’est compliqué pour les autres, cela peut saigner beaucoup.»
Les enfants sont ambigus. «On n’a pas confiance, on ne veut pas prendre de risques pour notre mère. Nous ne sommes pas là pendant la semaine et on ne veut pas qu’il lui arrive quelque chose», explique avec émotion et un peu de culpabilité une des filles. Quand on tente de parler avec la vieille résidente, elle vous repousse. Et elle vous dit avec force : «Laissez-moi tranquille, je suis bien dans ma chambre, allez-vous en !» La grande vieillesse serait-ce cela ? Une page blanche. Qu’il ne vous arrive plus rien. Plus de risques, plus de chutes. Une vie aseptisée. C’est sur ce thème que vont débattre, cet après-midi à Lille (Nord), des gériatres, des philosophes et des personnes âgées, à l’initiative du centre d’éthique de l’hôpital Cochin, en partenariat avec France Culture et Libération. Le thème, ce mois-ci : «Le risque et le raisonnable, faut-il protéger les vieux de la vieillesse ?»
«Seul plaisir». La question est tout sauf anodine. La grande vieillesse semble avoir changé de statut, devenant un moment neutre où il ne se passe plus rien, pis : où il ne doit plus rien se passer ? La sécurité plutôt que la vie. Autre exemple, dans une maison de retraite que l’on appelle aujourd’hui les Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). C’est une très vieille dame qui se trouve peut-être en fin de vie. Dehors, c’est l’automne. Elle est élégante, autoritaire sûrement un peu, mais là elle ne sort plus de son lit. Et se nourrit à peine tant elle a des difficultés pour avaler. Sa fille et sa belle-fille sont très présentes. «Son seul plaisir, c’est la bière. En boire un petit peu», raconte sa fille. Mais voilà, il y a des risques de fausses routes, avec des possibilités d’étouffement bien pénibles pour elle et pour son entourage. «On lui en donne, peu importe, on voit bien que cela lui fait tant plaisir», raconte sa belle-fille.
A la maison de retraite, on est plutôt contre. «C’est un risque inutile. Mais c’est vrai que c’est la seule chose qu’elle nous demande. Elle a toute sa tête. De quel droit veut-on la protéger contre elle-même ?» s’interroge la directrice. «La vie, c’est quand même faire des choix, prendre des risques. Et là, plus on vieillit plus ce choix vous est retiré», analyse un gériatre hospitalier. «Ce n’est pas toujours facile», réfléchit à voix haute, la DrFabienne Tourres, qui travaille dans une maison de retraite à Antony (Hauts-de-Seine). «A partir du moment où ils sont en institution, ils ont fait le choix de plus de sécurité, mais pour autant…» Et Fabienne Tourres raconte une histoire parmi tant d’autres : «C’était la semaine dernière. Une résidente qui est là depuis plus de cinq ans, venue avec son mari qui est mort depuis. Elle a un peu plus de 85 ans. Elle veut sortir, et jusqu’à présent elle sortait accompagnée. Elle va bien, elle a de légers troubles cognitifs. Ce jour-là, elle est sortie seule. Sans prévenir. On a eu peur de la perdre. Deux soignants ont été la chercher pour la ramener à la résidence.» Mauvaise idée, tout a alors basculé : «Cette résidente a été marquée par cette scène. Elle s’est, depuis, effondrée, fortement. Totalement déstabilisée. Que faire ? C’est difficile, le bon choix.»
«Bien faire». Les exemples sont multiples de cette prise de risques que l’on n’autorise plus aux très vieux. «Récemment, un petit-fils d’une résidente nous alpague, et nous lance : "Je vous fais un procès s’il arrive quelque chose à ma grande mère."» Propos inverses, ceux de cette femme très âgée, rapportés par la Dr Fabienne Tourres. «C’est une dame qui n’arrêtait pas de tomber. Je lui demande : "Mais qu’est ce qui se passe ?" Et elle me répond : "Je n’ai pas fini de tomber."». Que faire aussi face à cette personne qui a des troubles du rythme cardiaque et qui prend de façon épisodique son traitement : «Elle a toute sa tête, c’est son choix de prendre un risque, non ?» s’interroge la médecin.
Ce sont ainsi mille et une petites protections qui se glissent dans la vie des personnes très âgées. Des protections imposées, «dans le but de bien faire». Et, au final, c’est un monde immobile. Dans cette maison de retraite d’Antony, nous avons fait une réunion avec les résidents sur ce thème du risque. «C’est vrai que de venir dans cette maison de retraite, je l’ai fait pour rassurer mes enfants. Et pour moi, aussi, pour me rassurer», explique une femme qui marche très bien. Un homme, un brin fataliste : «J’aimerais sortir beaucoup plus. Ce qui me manque, c’est l’indépendance.» «Je me sens un peu coincée,poursuit une résidente, je suis bloquée sur mon fauteuil du point de vue physique, mais cela rassure mon frère que je sois là.»Madame L. a 94 ans : «Quand même, c’était horrible. Mon mari tombait tout le temps, je ne pouvais rien faire, il était par terre et je ne pouvais que le voir. C’était trop dur pour moi de ne pas pouvoir l’aider. Alors, ici, on sort moins, mais au moins mon mari ne tombe plus.» Eternel dilemme entre libertés et sécurités. «Moi, ce que j’aime, c’est sortir, et voir les vitrines,lâche une autre. Je ne le fais plus, je ne sais plus si c’est par peur. De ne plus pouvoir faire des projets, c’est ça le plus difficile.»


Les psychiatres demandent au gouvernement de se pencher instamment sur les problèmes de santé mentale de plus en plus graves chez les détenus

La politique de lutte contre la criminalité doit prévoir un meilleur accès aux services essentiels
OTTAWA, le 7 déc. 2011 /CNW/ - Aujourd'hui, l'Association des psychiatres du Canada (APC) a rendu publique une déclaration de principes demandant au gouvernement fédéral de se pencher sur la crise croissante au sein des établissements correctionnels du Canada : le manque d'accès aux services en santé mentale pour les milliers de Canadiens atteints de maladie mentale qui languissent dans les pénitenciers de notre pays. Les personnes victimes de troubles mentaux sont surreprésentées dans nos pénitenciers et vu l'approche du gouvernement à l'égard de la politique pénale, le problème ne fera que s'amplifier, à moins d'une intervention immédiate.
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Suicides en prison : 2011 encore une année noire

07/12/2011
      
 
L’OIP dénonce un taux de mortalité par suicide « dramatiquement identique » en 2003 et 2010 - © AFP - ERIC CABANIS
Malgré les plans de prévention mis en place en 2004 et 2009, l’Observatoire international des prisons (OIP) dénonce une recrudescence des suicides en prison depuis le début de l’année. Sur les 8 premiers mois de 2011, 82 détenus ont mis fin à leurs jours contre 73 l’an dernier, soit une hausse de 12 %. Et sur les 10 premiers mois, ce sont 97 détenus suicidés, contre 90 en 2010, soit plus de 8 %.
En comptant l’ensemble des personnes sous écrou (avec les condamnés bénéficiant d’un aménagement de peine), on déplore 102 suicides sur 10 mois (en augmentation de 4 %), estime l’OIP. L’association de défense des droits des détenus contredit ainsi la direction de l’administration pénitentiaire (DAP), qui n’a jusqu’à présent publié que le nombre de suicides au premier semestre 2011, soit 58, contre 61 en 2010.
L’OIP dénonce un taux de mortalité par suicide « dramatiquement identique » en 2003 et 2010, de 14,6 pour 10 000 placements sous écrou. L’association déplore l’analyse de la DAP, qui cherche des explications à cette morbidité dans les facteurs individuels (troubles de la personnalité et pathologies psychiatriques, conduites addictives, antécédents de violence, isolement affectif et familial...).
« Cela conduit à relativiser l’impact des facteurs judiciaires et pénitentiaires : surpopulation carcérale, déficit de communication et déliquescence du lien social », estime l’OIP. Qui demande une prise en charge sanitaire de la question : « Alors que les instances européennes ne cessent de rappeler à la France que la prévention du suicide est une question de santé publique, les gouvernements successifs persistent dans leur refus de transférer cette compétence de l’administration pénitentiaire au ministère de la Santé. »
› COLINE GARRÉ


Le casse-tête des RTT, en prime à l’hôpital

Depuis 2002, et l’entrée en vigueur des 35 heures à l’hôpital, les personnels hospitaliers ont accumulé des millions d’heures sur des comptes épargne temps qui arrivent à échéance. Comment solder ces heures ? Au vu de la pénurie de personnel et des difficultés financières des établissements, l’équation a des airs d’insoluble.

« Jeu de dupes » ! Le 30 novembre dernier, au sortir du ministère de la Santé, le secrétaire général du SNPI, Thierry Amouroux, ne mâchait pas ses mots. Ce jour là, la DGOS recevait les représentants syndicaux des agents hospitaliers pour une première « réunion de concertation » sur l’épineuse question de la gestion des comptes épargne temps (CET). Un enjeu de taille, car, depuis 2002, et l’entrée en vigueur des 35 heures dans la fonction publique hospitalière, les personnels hospitaliers ont accumulé des millions d’heures sur ces CET, qui arrivent aujourd’hui à échéance. Combien exactement ? Aucun chiffre officiel n’est disponible. Mais, selon le SNPI et la CGT, le montant total avoisinerait les dix millions de jours ! « Face à ce chiffre, la DGOS n’a pas moufté, souligne Cécile Marchand, représentante CGT. Ce qui nous fait penser que nous ne sommes pas loin du compte. Rien qu’à l’AP-HP, de source sure, près d’1,3 millions de jours ont été stockés ! » 
 
Selon les hôpitaux, les services, ou même au sein des services, les CET sont plus ou moins garnis, en fonction de l’ampleur de la pénurie de personnel et de la plus ou moins bonne santé financière des établissements. Premières catégories professionnelles concernées ? Les 41 000 médecins hospitaliers, qui auraient accumulé à eux seuls plus de deux millions de jours… qu’ils menacent de poser dès janvier « si rien n’est fait pour sortir de l’impasse » tempête François Aubard, président de la CMH (1). Mais « les cadres, et les infirmières spécialisées, sont aussi très touchés, insiste Fernand Brun (FO). Et avec eux, ici et là, toutes les catégories de personnel. La situation est certes disparate, mais le problème est global. » Ici, c’est Virginie, infirmière en chirurgie digestive à la Pitié Salpetrière, qui avait trois heures sur son CET, mais qui parle d’une amie, infirmière en hôpital de jour d’hématologie à Saint-Antoine, qui a, elle, 50 jours sur CET ! Là, c’est Christophe  Prudhomme, médecin à Avicenne et vice-président de l’Amuf (2), dont le CET avoisine les 100 jours, et qui évoque la situation des ambulanciers de son service, en constant sous effectif, contraints à des heures sup « qu’ils ont un mal fou à se les faire payer ou à les récupérer. »  
 
« L’arbre qui cache la forêt »
Si la question des CET est aujourd’hui posée sur la place publique, c’est parce que, selon la loi, les modalités les régissant sont valables dix ans. Le décret les ayant créés datant du 3 mai 2002, le problème est censé être réglé d’ici mai 2012. Sans que personne n’y croie vraiment, vu la somme des jours dus. « Car les CET,  c’est l’arbre qui cache la forêt, souligne le secrétaire national de la CFDT Santé Sociaux, Dominique Coiffard. Ils sont le reflet du manque criant de moyens, humains et financiers, accordés à l’hôpital public. » En 2008 déjà, des négociations avaient permis au personnel hospitalier de se faire payer une partie (30%) de ses jours. Mais le stock s’était reconstitué à vitesse grand V.
 
Alors que faire aujourd’hui ? Les solutions manquent. Et les syndicalistes se disent « pessimistes », ulcérés par un ministère qui renvoie dos à dos salariés et établissements hospitaliers.
Quelles sont les options sur la table ? Première possibilité : se faire payer ces jours. Mais avec quel argent ? Les établissements sont censés avoir provisionner pour cela. Sauf que tous ne l’ont pas fait… ou n’ont pas pu le faire. Selon les syndicats de médecins, les hôpitaux n’auraient que 30% - 50% selon le ministère - de la somme nécessaire au paiement des seuls CET des médecins, soit quelque 600 millions d’euros. « En un sens… cela n’est pas notre problème », commente François Aubard. « Mais notre inquiétude, souligne Cécile Marchand, c’est que les hôpitaux qui n’ont pas assez provisionné sont justement ceux qui ont des difficultés financières. Que veut le ministère ? Qu’ils se serrent encore la ceinture… quitte à fermer des lits ?! » « Nous ne demandons pas un chèque en blanc, mais il faut trouver des solutions pour des hôpitaux qui, comme Lens ou Ajaccio, souffrent » rajoute le directeur de la communication de la FHF, Cédric Lussiez. Se pose aussi, note Thierry Amouroux, la question du montant du rachat des journées. Le ministère a mis sur la table des indemnisations journalières calquées sur celles de 2008 : 65 euros pour la catégorie C, 80 euros pour la catégorie B, 125 euros pour la catégorie A. « Une arnaque, commente-t-il : 80 euros, c’est le salaire d’une infirmière débutante ! »
Autre option : que chaque agent récupère les jours qui lui sont dus. « Mais vu la pénurie de personnel, c’est irréaliste… sauf à fermer les services ! » souligne Cécile Marchand. Dernière piste évoquée le 30 novembre : transformer ces jours en points de régime de retraite additionnelle. Possible… Mais « inquiétant aussi, commente la représentante CGT, car ce régime additionnel est moins favorable aux agents que la retraite de base. »
 
« Bombe à retardement»
Le ministère a prévenu : un nouveau décret, prévu pour avril 2012, s’imposant pour régir les CET dans les années à venir, les agents hospitaliers auront, à sa parution, six mois pour faire connaître leurs choix concernant leurs jours accumulés jusque là. A défaut d’option, les jours épargnés seraient versés au régime de retraite additionnelle. Une solution qui ne satisfait pas les syndicats. « Je suis très préoccupé » insiste Fernand Brun.. D’autant que le contenu du nouveau décret alarme lui aussi les syndicats. Le projet ministériel prévoit en effet de calquer dorénavant les CET des agents hospitaliers sur ceux de la fonction publique d’Etat : le nombre de jours maximum versés sur un CET serait limité à 10 par an (contre 22 actuellement), et à 60 au total (contre 200). « Inacceptable ! Ne serait-ce qu’en raison des spécificités du travail à l’hôpital, travail de nuit, de week-end… et pénurie de personnel » répond Cécile Marchand.

La marge de négociation s’annonce mince. « On va tenter d’obtenir au moins 120 jours par an… plus si possible »explique Fernand Brun. Et de taper du poing sur la table pour que la question des jours stockés jusqu’ici soit prise en compte, rajoute-t-il. L’affaire n’est pas gagnée, le ministère refusant pour le moment toute rallonge budgétaire. « Il cherche à refiler la patate chaude au prochain gouvernement » commente, désabusé, le vice-président de l’Amuf.
Emmanuelle Debelleix
photo:© Gina Sanders - Fotolia.com
 
1 – CMH : Coordination médicale hospitalière. Le premier syndicat de praticiens hospitaliers
2 – Amuf : Association des médecins urgentistes de France




DIMANCHE 13 NOVEMBRE 2011


Le beau danger. Un entretien de Michel Foucault avec Claude Bonnefoy

Édition établie et présentée par Philippe Artières
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Novembre 2011 – Ed. EHESS – Coll. Audiographie
Pour la première fois publié, cet entretien de Michel Foucault avec le critique d’art Claude Bonnefoy nous révèle le penseur intime, qui déroule le fil de sa vie pour décrire son rapport à l’écriture. Nous voici dans les coulisses du travail du savant.

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Les "psychopathes" arrivent,
un adieu à "l’ère du narcissisme"

En 2013, l’association américaine de psychiatrie publiera la 5ème édition de son manuel de diagnostic (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) qui existe depuis 1952. 
Ce manuel a pour vocation de définir des critères universels pour décider à partir de quel moment un être humain doit être déclaré malade au niveau psychiatrique. La nouvelle publication à venir a déjà déclenché de vives polémiques.
Ce manuel tente de fournir une approche objective aux problèmes psychiques, basée uniquement sur les symptômes, et de les imposer de manière universelle. L’objectif est d’assurer que quand on pose par exemple le diagnostic de "dépression" ou de "schizophrénie" on parle partout de la même chose.


La nouvelle édition vise à faire le ménage dans la rubrique des troubles de la personnalité. Sur les onze maladies reconnues actuellement, deux seulement sont diagnostiquées régulièrement : le "trouble de la personnalité borderline" et le "trouble de la personnalité antisociale". Quelle humiliation pour les narcissiques. Bientôt ils n’auront plus d’existence, ou en tout cas pas dans leur forme pure !

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La préhistoire des maladies mentales

30 novembre 2011
(Agence Science-Presse) La maladie mentale fut peut-être le salut de notre espèce. Comment expliquer en effet que les gènes qui en sont en partie responsables se soient perpétués jusqu’à nous, s’ils n’avaient pas un avantage évolutif?
© Saraizzo | Dreamstime.com
C’est là une théorie qui a toujours eu des défenseurs chez une poignée d’archéologues et d’anthropologues mais ceux-ci considèrent aujourd’hui que les progrès de la génétique apportent de l’eau à leur moulin.
Selon la Britannique Penny Spikins par exemple, le succès des Homo sapiens par rapport aux Néandertaliens viendrait de leur tolérance aux individus «anormaux».
C’est ainsi que, écrit-elle, les premiers outils de pierre à être systématiquement taillés de la même façon d’une fois à l’autre, il y a 100,000 ans, pourraient être le fruit d’autistes.
Les premières manifestations artistiques liées à la religion pourraient provenir de schizophrènes.
L’hypothèse est aussi fascinante qu’indémontrable —à moins que, dans les années à venir, on en apprenne beaucoup sur l’origine génétique de ces maladies.