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dimanche 8 mai 2011


La Ritaline®

Par Sylvie Simon 8 mai 2011

En mars 2011, nous apprenions que l’OFSP (Office fédéral de la santé publique) suisse veut limiter la prescription de la Ritaline®, médicament utilisé pour traiter des enfants souffrant du trouble du déficit de l’attention et d’hyperactivité (TDAH). Poussé par des interventions parlementaires, l’Office fédéral s’inquiète de l’usage abusif croissant de cette substance, sous le prétexte qu’il permet d’être plus concentré pendant un examen. Selon le quotidien suisse Tages-Anzeiger, des enquêtes ont montré que les étudiants consomment de plus en plus de psychostimulants contenant du méthylphénidate tels que la Ritaline®. Swissmedic (Institut suisse des produits thérapeutiques) doit procéder à une réévaluation de ces substances qui peuvent être actuellement prescrites par n’importe quel médecin.
En France, la Ritaline® ne fait pas partie des médicaments sous surveillance spéciale, elle est même considérée comme un médicament incontournable. Ce psychostimulant amphétaminique est ordonnée dans les cas de troubles déficitaires de l’attention, l’incapacité à se concentrer, l’instabilité émotionnelle, l’impulsivité, l’hyperactivité modérée ou sévère. Cependant, certains enfants de moins de six ans sont ainsi traités, bien que le traitement initial soit soumis à une prescription hospitalière annuelle des services de neurologie, psychiatrie et pédiatrie, mais elle peut être renouvelée par tout médecin sur présentation de la prescription initiale. Dès 1997, les laboratoires Novartis avaient vendu 28 127 boîtes dans notre pays. En 2004, les ventes s’étaient multipliées par six. Aujourd’hui, plus de 10 000 enfants consomment ce poison afin d’améliorer leur concentration et leur docilité, et de calmer leur impulsivité. Il faut savoir que la Ritaline® est une amphétamine dont les effets sont comparables à ceux de la cocaïne. Cette drogue sur ordonnance est tellement dangereuse que l’armée américaine refuse d’enrôler les jeunes qui ont été traités par ce médicament avant l’âge de douze ans.

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Un petit coin de ralenti


Label. Bienvenue à Segonzac, en Charente, première «ville lente» de France.
Par LISA VIGNOLI Envoyée spéciale à  Segonzac (Charente)
25/04/2011
Un escargot dans une ferme à escargot bulgare, en 2009.
Un escargot dans une ferme à escargot bulgare,
en 2009. (Stoyan Nenov / Reuters)

Et si Segonzac devenait aussi célèbre que son voisin Jarnac ? En Charente, à 9 kilomètres seulement du fief de feu François Mitterrand, ce village, situé en plein cœur des vignes, vit depuis quelques mois une expérience qui fait beaucoup parler : l’adhésion à «Città Slow», le réseau international des «villes lentes» (lire ci-contre). La commune est en effet la première en France à avoir obtenu ce label, créé en 1999 dans la lignée du mouvement italien slow-food. L’idée ? Se concentrer sur une meilleure qualité de vie et créer un environnement sans pression des horaires. Très tendance à l’heure où on dénonce la dictature de l’urgence.


Escargots.
L’hôtel de ville donne le ton. Des sculptures d’escargots, qu’on appelle ici «cagouilles», symboles par excellence du mouvement, trônent sur les comptoirs, consoles et bureaux. S’ils font sourire le maire, Véronique Marendat, l’intérêt est, pour elle, avant tout de faire de Segonzac un «village où il fait bon vivre». Pour obtenir ce label, décerné par un comité scientifique, il a fallu respecter 70 critères, allant du respect de l’environnement à l’hospitalité en passant par la réduction du bruit.


Colette Laurichesse, adjointe au tourisme et à la culture, a mené le projet de A à Z et se dit fière d’en être arrivée là. Elle évoque ses nombreuses initiatives. Pour éviter que les supermarchés deviennent la norme, elle a fait revenir les commerçants de proximité qui avaient déserté le «centre-bourg» : «On va enfin avoir un boucher avant la fin de l’année, ça faisait un moment qu’on l’attendait.» Aussi, afin de privilégier les acteurs régionaux, tous les dimanches, un rassemblement de producteurs de la région, pour férus de panier bio et autres locavores, a été instauré sur l’esplanade du triangle d’or mairie-église-boulangerie.


Parmi les commandements slow, nombreux sont ceux qui font la part belle à l’écologie. A Segonzac, la consommation d’énergie a été réduite dans tous les lieux publics : écoles, maison de retraite, médiathèque… sont chauffés au bois et non au gaz. En outre, chaque foyer possède sa poubelle individuelle de tri sélectif, et les murs du futur hôpital sont entièrement végétalisés.


Côté transports, les pistes cyclables prennent toute leur place, tandis que les voitures sont appelées à ralentir, voire à s’effacer au profit de voies piétonnes. Mais on milite aussi pour un aménagement urbain raisonné. Résultat, les espaces verts sont rois, on construit des maisons passives et, pour éviter le mitage du territoire, on privilégie le patrimoine déjà bâti au détriment d’une construction à tout va.


Derrière cette philosophie, il y a des actes concrets, une révolution lente. Néanmoins, insiste l’adjointe, «il nous reste des choses à améliorer», comme parvenir à ce que le label devienne fédérateur pour les gens. Pour ça, on envisage notamment la création de jardins partagés, où chacun viendra récolter ce qu’il a semé.


«Mou».
Aujourd’hui, dans ce village de 2 200 habitants, c’est davantage la municipalité que les Segonzacais qui porte ce label. Pour eux, ce côté «ville lente» est loin de faire rêver. Instinctivement, «les gens font le raccourci entre lent, mou et peu dynamique», raconte une mère de famille.


Ils sont peu nombreux à vouloir d’une ville en sommeil, d’une bourgade qui ronronne. La veille, d’ailleurs, raconte Delphine, gérante du (seul et unique) Café de la place, «j’ai vu arriver un habitué, le dos volontairement courbé et qui marchait au ralenti. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait cette allure de vieillard, il m’a répondu : "Ben quoi, on n’est pas dans la ville lente ici ?"». L’expression a clairement du mal à passer. «On nous a même demandé de faire changer le nom du label», s’étonne Véronique Marendat. Personne n’avait anticipé une telle réaction. Surtout en Charente, où prendre son temps est un leitmotiv. Et pour cause : au pays du cognac, le temps a une valeur. «Pour nous, c’est un outil de travail», raconte une productrice. Il suffit de rentrer dans un chai de vieillissement pour le comprendre. Dans un silence absolu, les fûts d’eau-de-vie ambrée patientent jusqu’à ce qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Et, souvent, ceux qui y reposent le plus seront les plus précieux.

Illustration Laurent Lolmède