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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 14 novembre 2010

L'hôpital Tenon craque face au manque d'effectifs
12.11.10

Tenon craque. Dans cet hôpital public du 20e arrondissement de Paris, sous-doté en personnel mais où la débrouille permettait jusque-là de faire face, rien ne va plus. A cause du manque de bras, des lits ont été provisoirement fermés, des patients envoyés dans le privé, des infirmières sont en grève depuis plus de six semaines. Les urgences sont restées porte close un week-end. Sur 600 postes d'infirmières, près de 60 sont vacants. L'équipe de suppléants n'existe quasiment plus.

C'est en cancérologie que les premiers signes de la crise sont apparus. En septembre, le service a appris qu'il allait passer un temps de 20 à 12 lits - en raison du manque de personnel, la direction ferme régulièrement des lits. Le chef de service, le professeur Jean-Pierre Lotz, dit avoir tiré la sonnette d'alarme il y a plus de deux ans : "Une nuit, je suis passé dans le service. Il n'y avait que des infirmières que je n'avais jamais vues et qui ne savaient pas qui j'étais." Des soignantes qui ne connaissaient donc pas les patients, tous des cas complexes.

Béatrice Lazard, cadre infirmière, n'est pas gréviste cette semaine. A quoi bon, puisqu'elle n'a jamais cessé de travailler quand elle l'était - elle était assignée, comme ses collègues, par la direction. Elle raconte la difficulté de devoir dire aux patients que leur chimiothérapie sera reportée de deux ou trois jours. Soudain, des larmes lui montent aux yeux. Elle s'excuse, évoque sa fatigue, et ajoute : "Avant les fermetures de lits, toutes les infirmières étaient dans mon état." Dans le service, on se plaint de plannings modifiés, de rappels durant les congés, de nouvelles recrues qu'on ne peut aider et qui partent vite, et de formations qu'on ne peut plus suivre, faute de temps.

Le paradoxe est frappant. Dans cet hôpital dont certains services ont une renommée internationale et où un énorme bâtiment est en construction, c'est davantage le désespoir que l'espoir qui domine. Le récent rapprochement de Tenon avec les hôpitaux Rothschild, Saint-Antoine et Trousseau dans un groupe hospitalier, ajoute au désarroi, certains n'hésitant pas à voir dans la non-résolution des problèmes d'effectifs le signe d'une future disparition.

En néphrologie, le moral est en berne. Il est 16 heures, mercredi 10 novembre, et un étage est vide. La prise en charge des insuffisants rénaux dans le centre de dialyse n'est plus assurée qu'au tiers depuis une semaine. Seule la séance du matin est ouverte. Une partie des malades a été adressée dans des centres privés. Jusqu'à quand ?

L'après-midi, une réunion avec la direction sur les problèmes du centre de dialyse n'a pas convaincu. Les infirmières réclament des assurances écrites de recrutements, une prime, et menacent de démissionner collectivement. Elles s'énervent de voir les choses traîner, d'autant qu'elles ont eu affaire à de nouveaux visages : c'est le DRH du nouveau groupe hospitalier, qui vient de l'hôpital Saint-Antoine et non de Tenon, qui était leur interlocuteur.

"Si on manque de monde, c'est qu'on ne veut pas en mettre. C'est dramatique d'en arriver là, lâche Lamia Touzani, une jeune infirmière. Cela devient un choix politique de travailler à l'hôpital public. Dans le privé, je pourrais gagner 1 000 euros de plus, pour des malades moins lourds à suivre." Les médecins aussi sont abasourdis. "C'est un crève-cœur de rompre le projet de soins des malades", avoue le docteur Jean-Jacques Boffa, qui se demande, comme les syndicats, ce qu'a fait la direction ces dernières années.

Aux urgences, les jeunes infirmières se montrent particulièrement à bout. Il manque six infirmières sur 37 et plusieurs départs de l'hôpital sont annoncés. Un classique aux urgences, mais un casse-tête. L'une d'entre elles s'apprête à rejoindre un autre hôpital. Toujours aux urgences, mais plus à Tenon. "Les conditions de travail sont clairement meilleures ailleurs", dit-elle, montrant les patients installés dans le couloir en attente d'une place et les brancards branlants.

La direction s'échine à chercher des candidates. Une tâche bien difficile. Avec leur salaire, les infirmières habitent souvent loin de Paris, et Tenon n'est pas situé près d'une gare, et ne dispose pas de parking attenant. Résultat : les autres hôpitaux lui sont préférés. Des contacts ont été pris lors d'un salon infirmier, assure la direction, mais qui aura envie de venir à Tenon ? Le turnover y est élevé : "Tous les ans, c'est 120 recrutements qu'il faut effectuer", explique Renaud Pellé, le DRH du groupe.

Difficile de prendre de l'avance sur les départs. Chaque automne, l'hôpital est confronté à un problème de plus : il n'y a plus personne sur le marché et il faut attendre la sortie des écoles d'infirmières, en décembre, pour recruter. Faute d'intéressées, Tenon a fait de plus en plus appel à l'intérim, pour un coût de 3 millions d'euros par an. Ce qui se dit dans l'hôpital, c'est que la crise a éclaté suite à la demande de la direction d'en réduire le recours.

Pour sortir du marasme, la direction a annoncé un audit mené avec l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail. Un regard extérieur jugé salutaire, mais tardif. En attendant, il faudra réorganiser le travail. "Il faut gérer l'immédiat, mais aussi réussir à recruter, et à long terme, tout faire pour garder le personnel en rendant Tenon plus attractif", juge le président du comité consultatif médical, le professeur Eric Rondeau, estimant que les infirmières n'ont probablement pas été assez entendues.

La situation ne devrait pas s'améliorer avant janvier. Contrairement à la CGT et à SUD, le médecin du travail, le docteur Maryse Salou, ne parle pas d'épuisement professionnel profond du personnel. Mais elle voit bien que certains présentent des signes d'alerte. En comité d'hygiène et de sécurité, elle a rappelé que les infirmières sont soumises "à de multiples risques graves, autant physiques que psychosociaux", en référence aux horaires décalés et à la confrontation à la maladie grave et à la mort. Elle constate que depuis la rentrée, beaucoup de salariés, spontanément, ont poussé sa porte.
Laetitia Clavreul


Emploi et restructuration : l'hôpital public sous pression

12.11.10

La crise que traverse l'hôpital parisien Tenon est inédite et propre à l'établissement, mais ses médecins et infirmières n'hésitent pas à prévenir : équipes incomplètes, fermetures provisoires de lits pour compenser, manque de moyens, d'autres hôpitaux sont confrontés à ces problèmes, même si c'est dans une moindre mesure. Ils pourraient, à l'avenir, se retrouver dans la même situation.

Comme Tenon, bon nombre d'hôpitaux sont touchés par un problème de recrutement d'infirmières, surtout dans la capitale. A Paris, où les loyers sont très élevés, les soignantes qui débutent avec moins de 1 500 euros par mois peuvent difficilement se loger. Si de petites surfaces à faibles loyers peuvent être proposées par les hôpitaux aux jeunes soignants, après quelques années, les infirmières, bien que formées à Paris, partent souvent en banlieue ou en province. Les départs dans le privé, où le salaire peut être plus élevé, les horaires moins difficiles et les cas à suivre moins graves, sont aussi chose courante.

Le casse-tête des plannings

La gestion des emplois est un autre problème classique pour les hôpitaux. Les 35 heures ont fait des plannings un casse-tête, à quoi s'est ajoutée une politique globale de réduction de postes. Certes, la fonction publique hospitalière n'est pas concernée par la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, mais l'heure est à la limitation des recrutements - l'emploi représente 70 % du budget des hôpitaux.

A l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), 700 emplois ont été supprimés en 2009, et 900 en 2010, surtout administratifs et techniques. Et d'ici à 2014, de 3 000 à 4 000 postes, sur plus de 90 000, seraient concernés. Il ne s'agit certes pas de licenciements, mais les postes non remplacés pèsent sur le travail et le moral des équipes, d'autant que les suppressions ne sont pas toujours fonction des besoins.

Au niveau national, les effectifs dans les hôpitaux publics ont diminué pour la première fois en 2008, selon la Fédération hospitalière de France. Tout un symbole, même si la baisse était mineure : 1 800 sur plus de 1 million d'emplois. Depuis, la tendance se serait accélérée.

Plus généralement, c'est la restructuration des hôpitaux qui inquiète. Un mouvement déjà engagé en province, et qui atteint désormais Paris, où il fait davantage de bruit. Si tout le monde juge la modernisation des hôpitaux nécessaire, de nombreux observateurs dénoncent des décisions uniquement dictées par une logique comptable.

Depuis que Nicolas Sarkozy a fixé pour objectif aux hôpitaux un retour à l'équilibre pour 2012, le ministère de la santé est très focalisé sur les déficits, et s'enorgueillit de les voir baisser. Ainsi, en 2009, le déficit hospitalier s'établissait à 497 millions d'euros, contre 571 millions en 2008, et 686 millions en 2007. Au risque de provoquer des dysfonctionnements et une explosion dans des hôpitaux soumis à haute pression.
Laetitia Clavreul


L'utilisation du droit de retrait fait déba
t

12.11.10

D'accord, L'événement restera gravé dans les esprits. Vendredi 5 novembre après-midi, le service des urgences de l'hôpital Tenon, à Paris, s'est retrouvé sans infirmières. Estimant les effectifs insuffisants, l'équipe qui devait prendre son service a exercé collectivement son droit de retrait. En catastrophe, médecins cadres et aides-soignantes ont pallié leur absence.

Le droit de retrait peut être invoqué par des fonctionnaires quand ils sont confrontés personnellement à un péril imminent et grave. A Tenon, il avait déjà été activé, individuellement, par des infirmières, au motif que leur propre santé était en danger. Mais jamais une action groupée n'avait eu lieu.

"Je peux comprendre qu'elles soient à bout, que l'une ou l'autre s'arrête, mais pas que l'on fasse courir un risque aux malades présents", juge le chef de service, Etienne Hinglais, qui avait alerté la direction sur les difficultés de son service - sur 37 postes, six ne sont pas pourvus. Il estime cependant que ces infirmières ont eu un comportement "non excusable" et il leur a dit. Selon lui, le temps que les renforts soient trouvés et opérationnels, il y a eu danger.

Signal fort

Il n'est pas le seul à penser que la ligne rouge a été franchie. Mais dans l'hôpital, d'autres médecins refusent de juger, voyant dans cette action un signal fort de jeunes femmes soumises à une énorme pression. Les infirmières, elles, s'insurgent d'une "tentative de culpabilisation". "Cela fait un an qu'il y a danger aux urgences. N'étant pas assez, nous avons au contraire mis nos patients en sécurité, car ils ont été bien pris en charge grâce au renfort de médecins", indique l'une de celles qui a refusé de travailler. Et de retourner la responsabilité à la direction qui n'a pas réussi à suffisamment recruter.

Les syndicats, qui ne promeuvent pas ce type d'actions, ont été prévenus juste avant de la décision des infirmières. Cette affaire "pose une véritable question, celle du mode d'actions à la disposition de la profession", estime Isabelle Borne, pour SUD-Santé. Les infirmières sont en grève depuis plus de six semaines, mais elles sont assignées par la direction et ont, de fait, travaillé chaque jour. Avec le fort sentiment de ne pas se faire entendre.
Laetitia Clavreul

Bosser cabosse

Avec l’intensification des rythmes de travail, les souffrances physiques et psychologiques explosent, alors que la retraite s’éloigne…


Par DIDIER ARNAUD


Pierre est cadre dans la grande distribution, il n’a pas encore 50 ans, travaille douze heures par jour, cinq jours par semaine. Il a du mal Pierre. Il dort de moins en moins, s’inquiète de plus en plus. Le recul de l’âge de la retraite à 67 ans, cela le fait sourire. A ce rythme, il pense qu’il ne tiendra pas le coup très longtemps. D’ailleurs, il y a une semaine, il a été convoqué par son boss à un entretien. Voilà ce que lui a dit son supérieur : «Tu n’as plus la gnaque, tu es usé, trop vieux pour ce job, c’est un boulot de jeune. On va trouver un arrangement pour ton départ.»

Pierre est un ami de François Desriaux, rédacteur en chef de la revue Santé au travail, qui organisait récemment, en pleine bataille des retraites, un colloque autour de la question «Peut-on faire de vieux os au boulot ?». Une question qui pose celle des conditions de travail, qui ne s’améliorent pas. Arriver à faire de «vieux os au boulot», c’est, à écouter les participants de ces tables rondes, une gageure. En filigrane, la fameuse notion de «pénibilité», difficile à évaluer, sauf pour quelques professions sollicitant particulièrement le corps.

Stress. La question ne date pas d’hier. Serge Volkoff, directeur du Centre de recherches et d’études sur l’âge et les populations au travail, rappelle comment les verriers, au XVIIe siècle, avaient déjà droit à une retraite anticipée. Dans les années 70, le travail de nuit, à proximité des sources de chaleur, à la chaîne, était également pris en considération pour un départ anticipé.

Mais comment évaluer le stress (tant psychique que physique), la charge véritable de travail, le poids d’un environnement qui se dégrade (délocalisations, plans sociaux…), sans parler de la capacité forcément très personnelle de chacun à endurer ? Justement, aucune étude scientifique n’est en mesure aujourd’hui d’indiquer ces «seuils de pénibilité». «On ne peut pas dire qu’un certain nombre d’années exposé à ce type de bruit ou de stress équivalent à tant d’années d’espérance de vie en moins», explique Volkoff. Qu’en pense la médecine du travail ? Fabienne Bardot, médecin au centre interentreprise d’Orléans (Loiret), s’inquiète. Pour elle, la situation n’a jamais été aussi «grave». «On est envahi de gens dont l’état de santé est dramatique, soit à cause de l’usure du corps, soit par fatigue psychique, mais on n’a plus aucun dispositif qui permette de les sortir de l’emploi.» Et le médecin d’égrener les situations de «casse effroyable» auxquelles elle assiste. Notamment pour ces femmes, préparatrices de commande dans les centrales de logistique, "qui manipulent de deux à huit tonnes de matériel par jour et se retrouvent «abîmées à moins de 30 ans».

Spectre. Ainsi, avant de savoir comment travailler plus longtemps, il faudrait d’abord cerner quelles catégories de professions ont le plus de chances d’y parvenir. D’où l’idée du colloque de balayer un spectre assez large de professions pour se faire une idée. Avec un zoom particulier sur l’enseignement, la santé et la banque.

D’abord, le secteur hospitalier. Les restrictions budgétaires pèsent sur le travail, provoquant l’accélération des cadences. Des aides-soignantes se retrouvent, du jour au lendemain, avec dix malades à «faire» dans la matinée, un temps quasi chronométré. Un comble dans le métier du soin. «Comment voulez-vous bien effectuer le travail dans ces conditions ?» s’emporte Denis Garnier, syndicaliste Force ouvrière, qui rappelle que 30% des aides-malades arrivent à la retraite en invalidité. Une situation des plus difficiles à vivre. «Je ne veux pas être inapte, bon à rien, l’inaptitude, c’est un mot qui choque», lui a récemment confié une aide-soignante.Garnier cite en exemple le CHU de Caen, où une cellule spéciale a été mise en place pour reclasser les plus en difficulté, malades, fatigués. L’expérience n’a duré qu’un an, abandonnée faute… de budget. Les soixante «reclassés» sont rentrés chez eux, dare-dare.

Ensuite, il y a les enseignants, dont la situation est loin de s’améliorer. Dominique Cau-Bareille, chercheuse associée au Centre d’études pour l’emploi, a enquêté. Bilan, un métier «moins valorisé qu’avant», où ceux qui pratiquent ressentent parfois «une souffrance qu’ils ne s’autorisent plus à mettre en mots». Elle décrit leur travail «comme physique et sportif. Ils sont toute la journée debout, piétinent six heures par jour, en ressortent vidés». Elle remarque parfois combien ils n’ont «plus de ressources pour faire face aux exigences du métier». Au final, elle décrit «une population extrêmement touchée par la dépression». Et des enseignants qui regrettent de ne «plus avoir de lieu où penser ensemble l’évolution de leur travail. Chacun essaie de se débrouiller, isolé».

L’isolement, justement. C’est aussi ce dont souffrent de plus en plus les employés de banque. Depuis que leur progression est directement corrélée à la vente de produits financiers, la compétition se durcit entre collègues. Ce colloque a montré à quel point il était de plus en plus difficile de travailler en «collectif» dans les entreprises. La faute aux plans sociaux à répétition, et à l’esprit de concurrence. A l’arrivée, un effet imprévu, le repli sur soi. Et ça, ce n’est pas un atout pour faire de vieux os au travail.
Les Livres de Psychanalyse

Le réel insensé - Introduction à la pensée de Jacques-Alain Miller
Nicolas Floury
L'essentiel de la pensée de Jacques-Alain Miller et de ses apports conceptuels à la théorie et à la clinique psychanalytique.
Cette pensée prend corps à partir d’une lecture des philosophes logiciens anglo-saxons pour aboutir à l’élaboration d’une nouvelle clinique et de nouveaux concepts psychanalytiques. Elle propose un changement de paradigme en psychanalyse : passer du registre du sens à l’ordre, insensé, du réel. On découvre alors comment l’ancien maoïste repenti déduit de la psychanalyse une nouvelle politique. Une fois ce parcours effectué, on comprend que la véritable passion de Jacques-Alain Miller est d’élucider les mystères de la pensée.

Paru le : 03/11/2010 – Éditeur : Germina – Collection : Les clés de la philo

Un million de toxicomanes sous traitement en Europe

Depuis les années 1990, l’Europe a considérablement étendu son offre de soins à destination des toxicomanes. Dans son rapport annuel publié ce mercredi, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) estime que plus d’un million de personnes suivent désormais un traitement. Mais de nombreux défis restent à relever, dont le vieillissement de la population des toxicomanes.

« CES DIX dernières années, des avancées importantes, bien qu’irrégulières, ont été réalisées dans la réponse aux problèmes des drogues », déclare le directeur de l’OEDT, Wolfgang Götz. Le rapport 2010 établit en effet que les efforts de l’Europe commencent à donner de tangibles résultats. En particulier grâce aux traitements de substitution et aux soins ambulatoires, qui ont fait l’objet d’une forte croissance. Ainsi, chaque année, au moins un million de toxicomanes sont suivis et 670 000 personnes ont recours à un traitement de substitution (majoritairement, à la méthadone). Elles étaient dix fois moins nombreuses en 1993. Les accompagnements psychologiques et les prises en charge en ambulatoire permettent en outre de toucher une large population. De nouvelles formes de traitements, via Internet par exemple, se développent en direction des usagers de cannabis ou de cocaïne, réticents à faire appel aux structures classiques.

Héroïne et nouvelles drogues.

Malgré ce constat encourageant, l’Agence européenne souligne la persistance de la consommation de drogues. L’héroïne représente le plus grand fléau en Europe, cause de la majorité des décès liés aux stupéfiants, et ne montre aucun signe de recul, touchant environ 1 350 000 Européens. L’injection, responsable d’infections hématogènes, reste stable, voire diminue, sauf en Europe de l’Est où elle est très courante. Peu d’améliorations également dans la consommation d’amphétamines et d’ecstasy ou encore de cannabis, très populaire, avec plus de 75,5 millions d’usagers.

Surtout, l’Union européenne doit affronter de nouveaux problèmes, comme le vieillissement de la population des toxicomanes. Une personne sur cinq en traitement a plus de 40 ans aujourd’hui, contre 10 % il y a dix ans. De même, les récentes drogues échappent encore à la surveillance des États. Vingt-quatre substances psychoactives ont été signalées pour la première fois à l’OEDT et à Europol en 2009, soit deux fois plus qu’en 2008. Parallèlement, le phénomène du Spice (herbe couplée à des cannabinoïdes), des cathinones de synthèses ou d’autres composés non contrôlés et vendus sur Internet en tant qu’euphorisants légaux, se développe sans répit.

Ainsi, la lutte de l’Europe contre les drogues est loin d’être gagnée. Beaucoup reste à faire, mais dans un contexte d’austérité économique, les États poursuivront-ils leurs efforts ? Le directeur de l’OEDT, Wolgang Götz, ne manque pas d’exprimer ses craintes : « Au moment où les réponses efficaces doivent être soutenues, des mesures d’austérité pourraient entraîner une réduction de l’offre des services de traitement. La pression actuelle sur les deniers publics pourrait entraîner des décisions politiques qui engendreraient, en Europe, des coûts sur le long terme de loin supérieurs aux économies à court terme. »

COLINE GARRÉ

Quotimed.com, le 10/11/2010



Le nouveau site du Collectif des 39

10/11/2010

Le voilà, il est tout nouveau, tout beau, le nouveau site.

Depuis le début de l’aventure du mouvement des 39, nous avions su qu’il fallait un outil d’information et de diffusion de nos réflexions, des textes des Forums des 39.

Depuis l’Appel Contre La Nuit Sécuritaire, qui en quelques trois semaines après le discours de Nicolas Sarkosy à Antony, avait su réunir plus de 20 000 signataires, fait majeur et inédit en France sur les questions touchant à la psychiatrie, à la place de la Folie, nous nous sommes saisis de l’outil internet.

La première tentative a permis de faire connaître nos orientations, nos valeurs pour une psychiatrie humaine, pour une hospitalité pour la folie.

Grâce au magnifique travail de Pascal Hérard, nous passons aujourd’hui à une autre étape.

Voici donc le nouveau site. Plus lisible, plus facilement consultable. Cet outil devra être un espace de discussion, nos fameux Forums, à Montreuil, à Villejuif, à Reims, à Montpellier, à Ville Evrard, à Uzés, dans les régions, vont ainsi se dédoubler de micros forums, de base, d’échanges, de disputes.

À chacun de s’en saisir pour que cet outil devienne une Agora transformatrice des pratiques actuelles, un espace de résistance, d’invention et de création.

Les Nouveaux Cahiers pour la Folie, l’Édition « Contes de la Folie Ordinaire » dans Médiapart, sont autant de relais, de mise en forme de nos révoltes, de nos analyses, de nos constructions.

Le nouveau site du Collectif des 39, devrait nous permettre d’amplifier notre audience, de stimuler les débats, de favoriser « la dispute », autant de lieux de rencontres et de confrontations, mais aussi d’espace de recherche et d’innovation.

Après cette panne de la pensée des années 90 – 2000, ce creux, ce vide qu’ont entretenu les menées scientistes, cet appauvrissement par le projet de destruction de la politique de secteur, de la psychiatrie elle-même,  armons-nous pour penser l’avenir, construire une nouvelle espérance pour la place de la folie dans la Cité, inventer des pratiques dans lesquels les patients, les familles, les professionnels, les citoyens se saisissent de la parole.

Reprenons à notre compte, faisons vivre cette belle formule : « La psychiatrie doit être faite et défaite par tous ! ».
Paul Machto

http://www.collectifpsychiatrie.fr/
Interview Gérard Wajcman par Marie-Hélène Brousse sur son livre "l'Oeil absolu"

Gérard Wajcman, Maître de Conférences au département de psychanalyse de Paris 8, psychanalyste, membre de l'Ecole de la Cause freudienne, répond aux questions de Marie-Hélène Brousse, psychanalyste, membre de l'Ecole de la Cause freudienne au sujet de son livre " L'oeil absolu", publié chez Denoël.

A voir en cliquant sur Dailymotion

Présentation de l'éditeur


Voir est une arme du pouvoir. Depuis la vidéosurveillance jusqu’à l’imagerie médicale en passant par les satellites qui balayent la planète, d’innombrables dispositifs s’acharnent à nous rendre intégralement visibles. On cherche à tout voir, jusqu’à la transparence. Faire ses courses à Londres ces temps-ci, c’est être filmé plus de trois cents fois. On surveillait jadis les criminels, aujourd’hui on surveille surtout les innocents. Mais au-delà de la surveillance, ce regard global infiltre tous les domaines de nos vies, de la naissance à la mort. L’idéologie de la transparence menace nos existences, l’espace privé de nos maisons et l’intérieur de nos corps, dissolvant un peu plus chaque jour notre part d’intime et de secret.

La science et la technique ont bricolé un dieu omnivoyant électronique, un nouvel Argos doté de millions d’yeux qui ne dorment jamais. Plus que dans une civilisation de l’image, nous sommes entrés désormais dans une civilisation du regard.

Dans une langue brillante, documentée et très accessible, Gérard Wajcman explore et questionne cette idéologie de l’hypervisible.
Musée

Musée d’art et d’histoire de la Psychiatrie

La SERHEP, Société d’Etudes et de Recherches Historiques en Psychiatrie, ouvre au public tous les vendredis toute l’année les portes de son petit Musée d’art et d’histoire de la Psychiatrie où l’on peut admirer entre autres les folles machines à guérir les esprits tourmentés. La SERHEP construit et déconstruit inlassablement l’histoire de la psychiatrie, des sociétés et des idées, stimule et produit travaux et créations. Elle guide et reçoit les visiteurs de Ville-Evrard et a fait des Journées du Patrimoine l’occasion d’un rendez-vous toujours réussi entre la psychiatrie, ses historiens et le public.

L’établissement de soins psychiatriques de Ville-Evrard modifiant son occupation du site historique va en délaisser une partie. La sauvegarde de tout ce qui permet de faire l’histoire de la psychiatrie et de Ville-Evrard, le recueil des objets, des documents, des témoignages, sont aujourd’hui une urgence absolue. Il ne s’agit pas d’être nostalgique de l’asile : la transformation qui s’annonce peut être l’occasion, en développant les activités de la SERHEP sur le site de Ville-Evrard d’offrir une réelle interface entre la psychiatrie, la ville, le monde de la recherche et des arts. La psychiatrie, pas plus que la société n’avanceront sur le terrain des troubles psychiques sans s’adosser à un retour sur l’histoire, - même et surtout celle de l’incompréhension. La SERHEP déploie tous ses efforts pour qu’il y ait dans le futur Ville-Evrard, une véritable « Cité des Esprits », pour qu’enfin existe la ville de Ville-Evrard : un carrefour d’idées, de créations, de recherches et de manifestations, un lieu fédérateur et attractif.

Musée d’art et d’histoire de la Psychiatrie
SERHEP 202 avenue Jean-Jaurès
93330 NEUILLY-SUR-MARNE

serhep.ve@ns.eps-ville-evrard.fr

tel : 01 43 09 34 78
Impulsions (électriques) sur les compulsions
08/11/2010

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) affectent 2 % de la population générale. Or même avec les meilleurs traitements disponibles, environ 10 % des patients restent gravement touchés, et éprouvent les conséquences durables de cette pathologie, souvent invalidante au quotidien. Portant sur 16 patients âgés de 18 à 65 ans, une étude néerlandaise examine si ces TOC réfractaires aux traitements classiques sont susceptibles d’être améliorés par une stimulation cérébrale profonde sur le noyau accumbens (nucleus accumbens)[1].

Appliquée par « des procédures stéréotaxiques classiques » de la neurochirurgie, cette stimulation électrique est délivrée au moyen de quatre électrodes « en contact direct, et programmables indépendamment. » Pour faciliter les comparaisons d’un patient à l’autre, les paramètres de la stimulation sont normalisés : fréquence de 130 Hz, impulsions d’une durée de 90 microsecondes, et s’élevant à une tension maximale de 5 Volts.

Les auteurs estiment que cette technique de stimulation électrique du noyau accumbens « peut se révéler un traitement efficace et sûr des TOC réfractaires » aux thérapeutiques habituelles (comme les thérapies cognitivo-comportementalistes ou certains antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). Ils n’observent « aucun effet adverse durable », excepté une « une amnésie bénigne et une difficulté à trouver certains mots. » Par ailleurs, les troubles anxieux et dépressifs « diminuent de manière significative. » Cependant, malgré son efficacité présumée, cette méthode ne peut constituer un traitement banal, vu sa lourdeur technique et la réputation sulfureuse de la neurochirurgie appliquée à la psychiatrie : certes, cette technique n’a plus rien à voir avec la lobotomie, mais elle conserve un relent de pratique intrusive, puisqu’un corps étranger (l’électrode) doit ainsi être introduit au contact du cerveau.

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Noyau_accumbens

Dr Alain Cohen

Denys D et coll. : Deep brain stimulation of the nucleus accumbens for treatment-refractory Obsessive-Compulsive Disorder. Arch Gen Psychiatry 2010; 67: 1061-1068.

mardi 9 novembre 2010

Psychiatrie : la réforme est-elle dangereuse ?

Plaidoyer pour soigner la folie autrement

Par Claude LOUZOUN, psychiatre, 
Pour le collectif Mais c’est un Homme.

Désormais, même le contrôleur général des lieux de privation de liberté s’inquiète du cours sécuritaire imposé à la psychiatrie. C’est bien là dans la logique de la politique de la peur et du discours du président de la République du 2 décembre 2008 à Antony (92). Un projet de loi, qui sera débattu à l’Assemblée nationale et au Sénat début 2011, déploie cette orientation. Il introduirait une « garde à vue psychiatrique » de soixante-douze heures et pourrait maintenir une personne dans une contrainte à des « soins sans consentement » renouvelables à merci. Ce « soin sans consentement » inscrirait la personne dans un fichier national des malades mentaux, mettrait la personne concernée sous surveillance (pourquoi pas par géolocalisation), sous traitement contraint (l’injonction de force de neuroleptique retard, au besoin à domicile, en serait le modèle), sous gestion du préfet au nom de l’ordre public et du soin conçu comme mesure de sûreté.

La personne présentant des troubles psychiques n’est pas porteuse de la dangerosité sociale. Son refus de soins, éventuel, ne doit en aucun cas la conduire à la trappe psychiatrique sous-tendue dans ce projet de loi. Nous ne pouvons accepter que quiconque soit considéré comme un homme sans qualité, sans discernement, objet de soins contraints à perpétuité.

Nous disons à ses partisans, sans crainte de nous tromper, que ce projet de loi n’est pas simplement le moyen de bien soigner quelqu’un qui ne veut pas l’être. L’appel Mais c’est un homme va plus loin : nous proposons une alternative de rassemblement pour préserver ou retrouver un autre type de relation – critique – de la psychiatrie au contrôle social et aux libertés individuelles, pour défendre une certaine représentation de la folie et de la psychiatrie, tout opposée à ce qui est affirmé aujourd’hui, pour assumer dans une tension dynamique le respect des libertés de la personne et l’engagement de la responsabilité de soignant.

Des décennies de psychiatrie contemporaine illustrent qu’il existe une éthique et des pratiques qui montrent que l’on peut accueillir et soigner la folie autrement. Ce sont elles qui doivent imposer ou soutenir les contenus de la loi. Elles soutiennent qu’un tel type de soins peut et doit être conçu comme exceptionnel et limité dans la durée, qu’il signe une limitation ou une privation de liberté et qu’en tant que tel il relève de l’autorisation et du contrôle du juge judiciaire.

Ouvrons dès lors le débat (*). Après Toulouse, Chambéry, Bordeaux, ce sera le cas ce soir à Paris en présence de parlementaires, de professionnels et d’usagers de la psychiatrie, de défenseurs des droits de l’homme et de magistrats. De 17 heures à 21 heures, à l’espace Jean-Dame, 17, rue Léopold-Bellan 75002.

(*) « Mais c’est un homme… L’appel contre les soins sécuritaires » est disponible et peut être signé sur le site www.maiscestunhomme.org.
Claude LOUZOUN
Le CNS s’inquiète de la remise en cause de l’AME

Le Conseil national du sida (CNS) appelle les pouvoirs publics, « s’ils souhaitent réformer l’AME, à l’intégrer pleinement dans le dispositif de couverture maladie universelle ». Une telle mesure « réaffirmerait avec force, selon le conseil, le principe fondamental de solidarité de la politique française d’accès aux soins pour tous ». Car, rappelle le CNS, « toutes les personnes résidant en France doivent pouvoir bénéficier d’un accès inconditionnel et universel aux soins, indépendamment de leur situation administrative au regard du séjour ».

Le CNS s’émeut des mesures adoptées par l’Assemblée nationale dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances 2011, notamment l’instauration d’une contribution annuelle de 30 euros pour les bénéficiaires adultes et la limitation du remboursement des actes médicaux aux seuls actes dont le service médical rendu est important ou modéré.

« L’adoption de ces mesures intervient dans un contexte général de remise en cause de l’accès aux soins pour les étrangers en France : durcissement des conditions d’accès au droit au séjour pour raisons médicales voté par l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen en première lecture de la loi dite Besson ; tentatives de durcissement des conditions d’accès à la couverture maladie universelle (CMU) pour les étrangers en situation régulière dans le cadre des discussions du projet de loi de finances de la Sécurité sociale », rappelle le conseil. Ces mesures, si elles étaient définitivement adoptées par le Parlement, constitueraient un frein indéniable à l’accès aux soins des étrangers alors que les conditions d’accès sont déjà très contraignantes et que « les fraudes et les abus sont extrêmement limités ».

Le CNS rappelle que les bénéficiaires de l’AME sont souvent atteints de pathologies lourdes comme le VIH/sida, les hépatites ou la tuberculose, qui nécessitent une prise en charge précoce et continue.

Dr L. A.

Quotimed.com, le 09/11/2010
Le bilinguisme, un avantage contre l’Alzheimer

Parler couramment deux langues peut retarder l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer de cinq ans. Cette constatation émane d’une étude des dossiers de 211 patients ayant un diagnostic probable de maladie d’Alzheimer.

« Nous ne sommes pas en train de déclarer que le bilinguisme peut prévenir l’apparition de la maladie d’Alzheimer ou d’autres démences », avertissent Ellen Bialystok et coll. (Canada). « Mais cela peut contribuer aux réserves cognitives du cerveau, qui permettent de retarder les manifestations symptomatiques d’Alzheimer, telles que la perte de mémoire, la confusion ou les difficultés à prévoir et à résoudre les problèmes. »

Les 211 patients ont été inclus entre 2007 et 2009. Parmi eux, 102 ont été classés comme bilingues.

Les chercheurs trouvent chez ces derniers, comparativement aux personnes monolingues, un délai allongé de cinq ans avant l’apparition des symptômes et allongé de 4,3 ans avant que soit posé le diagnostic d’Alzheimer.

Toutefois, les deux groupes sont équivalents pour ce qui est des mesures des altérations cognitives. Il n’y a pas d’effet d’un éventuel statut d’immigré, ni du niveau d’éducation, ni du sexe.

Des résultats particulièrement intéressants pour des sociétés traditionnellement bilingues, comme le Canada où cette étude a été menée.

« Ces résultats ajoutent des données aux preuves croissantes que les facteurs du mode de vie, tels qu’un entraînement cardio-vasculaire, un régime sain et une connaissance de plus d’une langue, peuvent jouer un rôle central dans la façon dont le cerveau gère les déclins cognitifs liés à l’âge et les maladies dégénératives telles que l’Alzheimer. »

Dr BÉATRICE VUAILLE


« Neurology », 9 novembre 2010.
Quotimed.com, le 09/11/2010
La réforme de la médecine du travail censurée par les Sages

Le Conseil constitutionnel vient de torpiller la réforme de la médecine du travail, en censurant les treize articles qui y sont relatifs au sein du projet de loi sur les retraites. Ces articles, « ajoutés par amendement », n’ont « pas de lien, même indirect, avec le projet de loi initial », estiment les Sages, qui parlent de « cavaliers législatifs » contraires à la Constitution. C’est là un sérieux revers pour le gouvernement qui a porté cette réforme tout au long de ces derniers mois, malgré la vive contestation suscitée chez les médecins du travail, qui redoutaient une mise en cause de leur indépendance professionnelle vis-à-vis des employeurs. Le Conseil constitutionnel a en revanche validé la réforme des retraites adoptée par le Parlement le 27 septembre, et notamment le report à 62 ans de l’âge minimum de départ à la retraite.
D. CH.

Quotimed.com, le 09/11/2010
Nouvelles psychanalytiques

Éthique, Philosophie, Psychanalyse : la questions des normes

Premières journées interuniversitaires CERSES/CNRS/Université Paris Descartes - Philosophies contemporaines/Université Panthéon-Sorbonne - CRPMS/Université Paris Diderot – Les 3 et 4 décembre 2010



Les questions éthiques sont au centre des réflexions contemporaines et nécessitent des approches croisées et transdisciplinaires d'autant que l'éthique elle-même est devenue une question dans le monde d'aujourd'hui.

Il ne s'agit pas d'appliquer des théories pré-existantes mais de mener une réflexion contextuelle sur les processus d'élaboration de l'éthique et des normes. Ces journées entendent porter une interrogation sur des questions d'actualité pour faire apparaître et explorer des objets communs à partir d'une pluralité d'approches méthodologiques et disciplinaires.

Ce rapprochement vise à mettre à l'épreuve des méthodes d'investigation et de recherche pour formuler une analyse épistémologique des questions  en jeu. Plus spécifiquement, la démarche adoptée vise à rendre compte d'enjeux normatifs ancrés dans des pratiques et des contextes socio-politiques changeants. Elle entend proposer des analyses en situation tant du point de vue descriptif que normatif.

Nous entendons développer une démarche interdisciplinaire de recherche en éthique aussi exigeante sur les plans philosophique et psychanalytique, que sur les plans des sciences sociales. Dans cette perspective, il convient de tenir ensemble la complexité du raisonnement moral en contexte et l'interrogation normative

Ce projet réunit trois équipes de recherche, le Centre de recherche Sens, Éthique, Société (CERSES/CNRS/Université Paris Descartes), le Centre de Recherches Psychanalyse, Médecine et Société (CRPMS/Université Denis Diderot) et Philosophies contemporaines (Université Panthéon-Sorbonne). Tous trois produisent des travaux en éthique, chacun selon des orientations épistémologiques différentes mais avec des ancrages disciplinaires qui peuvent être communs. Il y a déjà eu des collaborations de recherche sur la base de relations interpersonnelles entre des chercheurs des trois équipes (séminaire Analyses normatives contemporaines (ANCO) depuis 2004 ; séminaire Politisation et moralisation de la nature 2008-2009 ; participation à la création du Master Médecine et Humanités). C'est sur cette base que les trois unités souhaitent aujourd'hui développer et structurer un partenariat de recherche et de formation en éthique.

PROGRAMME ici
Nouvelles psychanalytiques

Enseignement à l'ECF : “L'autisme généralisé”

Animé par Yves-Claude Stavy - Première soirée Jeudi 18 novembre 2010 - Elles auront lieu les jeudis 18 novembre et 2 décembre 2010 - Puis les jeudis 20 janvier, 17 mars, 28 avril, 26 mai, et 23 juin 2011.

Yves-Claude Stavy interviendra sous le titre : "on le sait soi", lors de la première soirée de son enseignement le jeudi 18 novembre à 21h15 dans les locaux de l'ECF.

« Tout le monde est fou, c’est à dire délirant » : cet aphorisme de Lacan en 1978 (1), longuement commenté par JAM(2), n’a – t- il pas pour pendant, un « se jouit » du corps vivant: ‘intraitable’ quelalangue (celle dont dispose chaque parlêtre), « porte à son effet développé » (3) ?

D’où ce titre : « autisme généralisé ».

- Il y a certes, ce qui relève de ‘l’autisme’, forme clinique de psychose : « ceux qu’on dit ‘autistes’ », dont le mode de certitude se différencie de celui de la paranoïa, de celui de la mélancolie, - et même, de celui de la schizophrénie. Ni Freud ni Lacan, ont cru devoir jeter au panier  « la clinique »  de la psychiatrie traditionnelle, celle des « types de symptômes » - dont Lacan précise « qu’elle est d’avantréférer le discours analytique » (4). Mais c’était pour « l’éclairer », non pour la compléter.  C’était la aux enjeux de la psychanalyse, tels qu’ils se posaient à eux, à tel ou tel moment de leur énonciation. (Cf Freud dans sa correspondance avec Jung). '” (…)

lire la suite sur le site de l’ECF
L'art et la manière de vous guérir


Sandrine Rouillon est art-thérapeute. Plus exactement, elle est « animatrice d'ateliers d'expression à visée sociale, culturelle et thérapeutique ». Un statut obtenu après une formation de 2 ans à l'Art Cru de Bordeaux, sous l'égide d'un psychiatre et d'un sociologue. Par l'art, Sandrine aide tout un chacun à se reconnecter avec son soi. «Il s'agit d'une réparation inconsciente des problèmes, explique l'art-thérapeute. Lorsqu'on choisit une couleur ou une forme, le corps exprime un besoin, un sentiment… et se soigne. » Lors des ateliers de Sandrine, individuels ou collectifs, le but n'est pas de rechercher les causes du mal-être, mais de le faire disparaître. «Petit à petit, on acquiert une meilleure connaissance de soi.»

La puissance du mandala

Il y a un mois, l'art-thérapeute a décidé de mettre en place des ateliers mandala, dessin circulaire et structuré d'origine tibétaine. Les moines bouddhistes utilisent les symboles universels du mandala comme vecteurs de prière. En psychiatrie, le mandala est très souvent utilisé comme outil neuropédagogique, notamment pour travailler avec les enfants, les personnes âgées ou handicapées. «Le mandala sert à se recentrer et à se détendre, poursuit Sandrine. Il agit directement sur notre cerveau. Dans notre société, on utilise beaucoup l'hémisphère gauche, partie qui rationalise. Le but de l'atelier mandala est d'équilibrer avec l'hémisphère droit, qui gère les émotions.»

Trois phases pour s'apaiser


«Ces ateliers correspondent à un travail de fond sur un an, découpé en trois phases. » Lors des premières séances, les participants choisissent un motif de mandala et le colorent selon leurs envies. Puis ils y associent quatre mots, avant d'expliquer au groupe leurs ressentis. Il n'y a pas besoin de savoir dessiner ni d'obligation de montrer son mandala. La seconde phase consistera à compléter un mandala inachevé. «Ceci a un effet structurant sur la personne et permet de «réparer» avec des formes géométriques.» Enfin, la dernière étape correspond à de la création pure, à partir d'une feuille blanche et d'une intention de départ. «Chacun rentre alors en phase avec ses potentiels et ses projets.» Si ces concepts peuvent paraître complexes à saisir, la meilleure façon de les comprendre est sans doute de les expérimenter.

Atelier mandala : à Moissac (boutique Biosoma), 2 mercredis par mois, de 19 h 45 à 21 h 45, 25 € par atelier (matériel compris); à Boudou, consultation individuelle sur rendez-vous (45 €). Contact: 05 63 04 51 11 ou 06 83 34 35 90.
Le G5 met en garde contre l’affaiblissement des industries de santé

Les cinq principaux laboratoires pharmaceutiques français alertent ce lundi les pouvoirs publics sur les mesures envisagées dans le cadre du projet de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2011), jugeant qu’elles « risqueraient d’affaiblir les industries de santé » en France.

Dans un communiqué, le G5, qui rassemble IPSEN, Pierre Fabre, sanofi-aventis, Servier et le LFB, fait valoir que « toute nouvelle mesure de réduction des dépenses de santé doit faire l’objet, au préalable, d’une étude d’impact » et estime que « les outils performants de politique industrielle actuellement en vigueur, comme le crédit d’impôt recherche et le régime de taxation des revenus des brevets (...), doivent être maintenus ».

Pour appuyer son propos, le G5 révèle par ailleurs des statistiques issues d’une étude menée par le bureau d’études Bipe. Selon ces données, le chiffre d’affaires en France des cinq groupes concernés atteignait en 2008 pour les médicaments remboursables 5,83 milliards d’euros, pour 43 900 emplois et des dépenses en recherche de 2,44 milliards d’euros. À la même période, ces cinq groupes payaient 2,5 milliards d’euros d’impôts et de cotisations sociales et représentaient un excédent de 7 milliards d’euros pour la balance commerciale.

Quotimed.com, le 08/11/2010
Le Logement d’abord

Le principe du « logement d’abord » signifie que l’accès à un logement ordinaire de droit commun doit être privilégié autant que possible, sans qu’il y ait de passage obligatoire par l’hébergement, sauf à ce que la situation de la personne le justifie. Ce principe s’applique aussi bien pour les personnes proches de l’autonomie qu’aux plus vulnérables. Le principe rappelle également que toutes les formes d’hébergement doivent se rapprocher des normes du logement et garantir aux usagers la sécurité, la dignité et l’intimité.

Programme « Un Chez-soi d’abord »


Sur la proposition du docteur Vincent GIRARD, psychiatre à Marseille, Roselyne BACHELOT-NARQUIN, ministre de la santé et des sports, et Benoist APPARU, secrétaire d’Etat en charge du logement et de l’urbanisme, ont décidé d’expérimenter en France un programme de type « Housing First » tel qu’il a été mis en œuvre aux Etats-Unis et au Canada et qui favorise l’accès à un logement ordinaire, moyennant un accompagnement adapté, aux personne à la rue atteintes de troubles psychiques sévères.

Pour accéder aux documents, cliquer ici




Maltraités enfants, ils ont repris leur destin en main

Alors que s’ouvrent mardi 16 février, à Paris, les états généraux de l’enfance, deux hommes et une femme qui ont connu, petits, la maltraitance, racontent comment ils s’en sont sortis

Son histoire, il l’a racontée dans un livre (1) il y a cinq ans. « Je l’ai écrit dans un état second, aujourd’hui, je ne peux pas le lire », confie Patrick Dugois. Difficile d’imaginer l’enfance de cet homme affable, à la voix posée et chaleureuse, devenu en 2007 le délégué général d’Emmaüs France après une carrière dans les coulisses de la politique.

L’ancien assistant parlementaire de Jack Lang et conseiller de Michel Sapin à la région Centre est issu d’une fratrie de 11 enfants, nés de cinq lits différents. Élevé dans un ancien poulailler, sans eau courante ni chauffage, les premières années de sa vie ont été marquées par le froid, la faim mais surtout la peur. « Le pire, c’était l’épée de Damoclès que nous avions sur la tête. Mon père, alcoolique et suicidaire, pouvait disjoncter n’importe quand, confie-t-il. Il n’y avait pas de tranquillité possible. »

À 8 ans, pour un mot plus haut que l’autre, ce dernier le roue de coups au point de lui casser le nez ; une autre fois, il s’acharne sur son frère en lui tapant la tête contre le sol jusqu’à ce que leur mère intervienne. « On touchait au vital, ça pouvait basculer à tout moment », se souvient Patrick Dugois. Comme ce fut le cas chez ses cousins, un épisode qui l’a marqué à vie. Un jour en effet, son oncle, excédé par les pleurs de l’un de ses fils nourrisson l’avait enfermé dans le frigo. Il en est mort. « On ne peut pas se construire dans un tel contexte. »

"Vous n’imaginez pas à quel point la misère sociale et affective est un enfermement"

Patrick Dugois, pourtant, s’en est sorti. Il se décrit aujourd’hui comme « un rescapé de la culture », car c’est d’abord l’école qui l’a sauvé : « J’étais un bon élève. Je m’étais aperçu qu’avec de bonnes notes, on posait sur moi un autre regard. » Dès l’école primaire, une institutrice le prend sous son aile, fait montre d’attention et de bienveillance à son égard. « Les rencontres, poursuit le délégué général d’Emmaüs, sont déterminantes. »

Plus tard, apprenti dans le bâtiment, il choisit de reprendre ses études à la faveur d’un licenciement économique. Il habite alors chez une tante, à Paris, qui elle aussi lui apporte un soutient sans faille. Des rencontres et des hasards. « J’avais une vingtaine d’années mais pas le bac et je ne savais pas comment accéder à l’université. Dans la file pour m’inscrire à Nanterre, j’entends dire qu’à la Sorbonne, il existe une filière d’équivalence en deux ans. » Une information clé pour le jeune homme encore fragile, dont la vie menace parfois de basculer, entre l’alcool et les propositions douteuses du milieu de la nuit.

« Vous n’imaginez pas à quel point la misère sociale et affective est un enfermement. On est dans la survie, on ne sait pas ce qui existe pour s’en sortir, comment chercher... Qui sait ce qui ce serait passé si je n’avais pas entendu parler de cette filière. » Patrick Dugois retrouve le chemin des classes, passe son bac, décroche un Deug de lettres puis un DEA, avant d’entrer à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

"J’ai décidé de suivre une psychanalyse pour ne pas être dans la reproduction"

Les blessures ont été longues à cicatriser. Et le risque de sombrer l’a encore poursuivi un temps, notamment en devenant père. « Un soir, se souvient-il, j’étais seul avec mon fils, mon épouse était sortie. Il pleurait énormément, je ne parvenais pas à le calmer. J’ai alors perdu pied : il fallait que les pleurs s’arrêtent. Ils m’étaient insupportables, c’était devenu, dans ma tête, ceux de mon cousin mort dans le frigo… J’ai failli être très violent. À ce moment-là, j’ai décidé de suivre une psychanalyse pour ne pas être dans la reproduction. »

Reproduire ce dont il a été victime, voilà bien ce qui, parfois, terrifie Jérôme Nozet, régulièrement violé dans son enfance par un ami de ses parents. « J’aimerais devenir père un jour mais j’ai encore cette peur viscérale, souffre ce trentenaire, qui vit à Besançon. Quand je m’occupe de mes neveux et nièces, je garde toujours une certaine distance. » Pourtant, le jeune homme a entamé un travail de fond sur lui-même, qui porte ses fruits. « Si j’arrive aujourd’hui à tourner la page, c’est parce que je suis suivi, depuis cinq ans, par une psychiatre spécialiste des abus sexuels. Elle m’aide à me défaire de ma culpabilité », explique-t-il.

Grâce à cette analyse, il en a terminé « avec le bruit de fond » qui pendant quinze ans, jusqu’à ce qu’il rompe le silence, le poursuivait du matin au soir. « Afin que cesse cette douleur, il fallait dormir, boire de l’alcool ou fumer des joints jusqu’à un état de délabrement complet. » Jérôme Nozet en a donc fini avec cette autodestruction, qui a longtemps miné sa relation aux autres. Grâce à la psychanalyse mais aussi à l’action judiciaire engagée contre son agresseur. « Cette démarche a été vitale pour moi. D’abord parce que j’ai pu diriger la colère contre lui et non plus contre moi-même ; ensuite parce qu’on a besoin, dans ces cas-là, d’être reconnu comme victime par la société.»

"En aidant les autres, j’ai retrouvé le sentiment d’exister"

Aujourd’hui, Jérôme regrette que l’action ne soit pas allée jusqu’au procès, son agresseur s’étant suicidé au cours de l’enquête. À la tête d’une association (2), il vient en aide à d’autres, qui ont subi comme lui des agressions sexuelles. « C’est une énorme richesse. En les aidant, j’ai retrouvé le sentiment d’exister », souligne le jeune homme qui, aujourd’hui, espère construire une vie à deux.

Nathalie, elle, n’a jamais porté plainte contre son beau-père, qui l’a violée lorsqu’elle était âgée d’une dizaine d’années. « Je n’ai pas voulu le poursuivre en justice parce que j’avais peur qu’il me le fasse payer, c’est un homme dangereux, affirme cette Normande de 45 ans. Je craignais aussi, peut-être plus encore, de perdre le procès. »

Peur de pas être crue, de ne pas être reconnue comme victime tout en prenant le risque d’affronter les souvenirs de l’inceste. « Je ne veux pas fragiliser l’équilibre que j’ai construit », dit cette mère de deux enfants de 17 et 8 ans. Dans son parcours pour aller mieux, la maternité a été déterminante. «Avant la naissance de mon fils, j’étais quelqu’un de marginal, j’avais des conduites à risques. Je buvais, je multipliais les partenaires… Mes enfants m’ont aidée à retrouver l’estime de moi. Quand je les vois épanouis, je suis fière. »

Marine LAMOUREUX


dimanche 7 novembre 2010

Désenchantements
Paroles d’enfants placés en structures de l‘Aide sociale à l’enfance

par Jean-Louis   MAHÉ
Collection : Action sociale

 Des paroles d’enfants sur cette expérience très particulière pour eux : le placement. Comment vivent-t-ils ce moment là fait de rupture avec leur famille et de découverte d’un monde nouveau ? Comment s’adaptent-ils aux lieux , aux personnes : enfants et adultes qui les entourent désormais ? Comment se représentent-ils cet environnement nouveau et souvent imposé ? Qu’ont-ils à dire aux adultes qui les entourent, les ont entourés ou les entoureront plus tard ?
Leurs paroles mais aussi leurs écrits ou leurs dessins sont le fruit d’un mélange entre imaginaire et réalité. Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une réflexion globale des structures de l’aide sociale à l’enfance, du placement et sur les évolutions nécessaires à penser pour l’avenir.
Cette démarche d’implication s’inscrit aussi dans un désir de faire des ces enfants qui subissent le placement des sujets à part entière de leur histoire. Les écouter, recueillir leur paroles c’est faire preuve d’intérêt et de respect à leur égard, c’est faire d’eux des citoyens à part entière.

Extrait
« C’est pour elle l’entrée dans un monde, de nouvelles personnes, de nouveaux murs. Mais quel est cet endroit tellement froid, se dit-elle, y trouverai-je ma place ?
Comment ? Pourquoi ? Une étrange sensation la parcourt.
Qui sont ces gens qui me sourient, que me veulent- ils ? Pensent-ils me rassurer avec leurs sourires ? Pourrai-je leur faire un jour confiance ?…»
(Courage, p. 131)

Jean-Louis Mahé est psychologue clinicien à l'Aide sociale à l'enfance du Val de Marne. Depuis longtemps son travail est traversé par la nécessité de partager son expérience professionnelle avec les autres. C’est dans cette perspective qu’il a réalisé des films documentaires dont
Ces enfants venus d'ailleurs en 2006 et publié, en 2004, La maison des enfants (des chemins d'enfance difficile) aux éditions L'harmattan, et en 2009, L'ombre des origines (à la rencontre d'« anciens » de l'Aide sociale
à l'enfance), aux éditions Albin Michel.

Émilie Garcia Ballester est psychologue clinicienne. Elle prépare une thèse à l'université Paris VII sur la situation de placement en collectivité à l'adolescence.

Nouvelles psychanalytiques
29 octobre 2009

A propos de Enfances Narcisse,
de Claire Nouvet,
Galilée,
2009

“Avec Enfances Narcisse, aux éditions Galilée, Claire Nouvet offre au lecteur un maître livre [3] Pointu, passionnant, et vraisemblablement dérangeant.

Puisqu’il s’agit, en fin de compte, par delà une lecture renouvelée, et profonde du mythe de Narcisse et Écho au chapitre III, des Métamorphoses d’Ovide, d’un ouvrage qui pose très essentiellement la question de l’écriture et de soi, je voudrais tout d’abord poser en écho ou comme en exergue, à l’heure où prolifèrent les écritures de soi, deux extraits en provenance de L’écriture de soi ce lointain intérieur [4] d’Alain Milon, aux éditions encre marine [5].” (…)

> compte-rendu à lire sur Lettre(s) de la Magdelaine

Présentation de l’éditeur :


Le moi a ses enfances qu'il préfère oublier. Narcisse s'en fait le témoin. Bien malgré lui. Dans le visage que le miroir reflète ou la voix que l'écho renvoie, une enfance persiste dont il ne veut rien savoir. Cette enfance est, tout à la fois, une agonie et une chance. Une agonie, car elle intime à un moi un peu trop sûr de lui qu'il ne naît à lui-même qu'en perdant la voix qu'il croit avoir et le moi qu'il croit être. Une chance, car la perte qui le frappe est, qu'il accepte de le reconnaître ou non, ouverture à l'autre. Elle l'ouvre également à la possibilité d'une écriture. Pour Ovide, le chemin vers l'écriture passe en effet par Narcisse - et par ses enfances.
La Raison En Feu Ou La Fascination Du Cinéma Pour La Folie

 


Ouvriers et cadres, de moins en moins égaux devant la mort
Par Carine Fouteau
5 Novembre 2010
* Les ouvriers paient la retraite des cadres, la formule-choc fonctionne toujours. Le système de soins français a beau être l'un des plus performants au monde, les inégalités sociales devant la mort restent parmi les plus élevées des pays occidentaux.

Alors que le Parlement vient d'avaliser la réforme des retraites, repoussant l'âge légal de 60 à 62 ans, ce paradoxe glaçant est analysé en profondeur par l'anthropologue, sociologue et médecin Didier Fassin, dans un ouvrage collectif panoramique, Santé publique, l'état des savoirs, qui vient de paraître aux éditions La Découverte.

Ni les avancées des connaissances et des techniques médicales, ni l'amélioration des conditions de vie, ne résorbent les écarts de mortalité entre catégories socioprofessionnelles. Au contraire, depuis les années 1970, le fossé a tendance à se creuser. Les données ne sont pas nouvelles, mais méritent d'être rappelées, tant elles pointent l'une des failles structurelles des politiques françaises de santé publique. Dès 1830, le sociologue et médecin Louis-René Villermé établissait un lien entre la mortalité dans les quartiers de Paris et les niveaux de richesse.

Selon l'Insee, un ouvrier non qualifié a aujourd'hui une espérance de vie à 35 ans plus faible de neuf années par rapport à un cadre de la fonction publique (les références sont sous l'onglet Prolonger). La différence est encore plus grande en prenant en compte l'espérance de vie en bonne santé: un cadre de 35 ans peut espérer vivre encore 34 ans sans incapacité, contre 24 ans pour un ouvrier. En un quart de siècle, l'écart entre les deux groupes a augmenté de 16%, notamment sous l'effet, au cours de la période récente, de la hausse des différences de revenus en France, entre les très riches et les très pauvres. Presque aucune pathologie n'échappe à la règle. Chômage et inactivité sont des facteurs aggravants. Pour les femmes, les inégalités sont aussi importantes, mais moins marquées que pour les hommes.

Les modes de vie continuent d'être discriminants : les ouvriers, en moyenne, fument plus et boivent plus d'alcool que les cadres supérieurs; leur alimentation est plus grasse et moins riche en fruits et produits frais; ils pratiquent moins souvent de sport; ils se soignent à un stade plus avancé de leur maladie. Mais ces pratiques culturelles, liées, pour la plupart, aux niveaux de revenus, n'expliquent pas tout. La position sociale a aussi des implications en matière de santé au travail: les accidents entraînant au moins une journée d'arrêt, souligne Didier Fassin, sont non seulement dix fois plus fréquents chez les ouvriers que chez les cadres, mais ils augmentent en fonction de la pénibilité, du bruit, des efforts physiques, des contraintes de rythme, de la pression des collègues et de l'absence de soutien des supérieurs.

* La réduction des inégalités sociales de santé «n'est pas un objectif prioritaire»

Les travaux de chercheurs ont fait apparaître d'autres facteurs, moins évidents, mais tout aussi influents sur la mortalité. Les réseaux sociaux, qui mesurent en creux le degré d'isolement, jouent un rôle décisif: les personnes ayant moins de contacts avec les autres ont une mortalité, à un âge donné, jusqu'à trois fois plus élevée. Les indicateurs mesurant le niveau de confiance dans la société et l'investissement dans des activités collectives donnent des résultats du même ordre. Quant aux écarts observés au travail en fonction de la place occupée dans la hiérarchie, ils s'expliqueraient moins par des différences de revenus que par les «disparités dans le contrôle exercé sur le travail et dans les gratifications obtenues en fonction des résultats».

Malgré ces constats, la réduction des inégalités sociales de santé «n'est pas un objectif prioritaire en France», regrette Didier Fassin, qui remarque que la loi de santé publique de 2004 n'a mentionné cet item que dans un seul de ses cent objectifs. La loi Bachelot sur l'hôpital, les patients, la santé et les territoires (HPST) de juillet 2009 a été tout aussi lacunaire. «Un paradoxe bien identifié, note le chercheur, est que les actions d'information et d'éducation pour la santé accentuent d'autant plus les inégalités qu'elles sont plus efficaces : dans le cas des campagnes contre le tabagisme, par exemple, les résultats ont été bien plus marqués dans les catégories aisées que dans les milieux populaires.» «Ce problème, ajoute-t-il, ne doit certes pas conduire à renoncer à ces actions, mais plutôt à les penser le plus possible du point de vue des disparités sociales et donc le mieux possible en lien avec les conditions et les modes de vie des populations.»

L'accès aux soins est aussi rendu plus compliqué, ces dernières années, pour les personnes les plus fragiles, par diverses pratiques comme les dépassements d'honoraires, le passage de secteur conventionné en honoraires libres ou encore le refus de certains médecins de prendre en charge les bénéficiaires de l'aide médicale de l'État (AME) ou de la couverture maladie universelle (CMU). Le gouvernement contribue à cet éloignement, par exemple, lorsque dans le projet de loi de finances pour 2011, il exige des étrangers en situation irrégulière les plus pauvres qu'ils contribuent à hauteur de 30 euros par an.





Recrutement : les hôpitaux ont misé sur le Salon Infirmier

Delphine Bauer
6 novembre 2010

Si les professionnels de santé se sont rendus en masse au Salon Infirmier 2010, beaucoup d’entre eux y venaient pour la première fois en tant que représentants d’établissements hospitaliers.


Ateliers sur le stand des infirmières de bloc opératoire
à l'occasion du Salon Infirmier 2010


Des dizaines d’hôpitaux se sont en effet donné rendez-vous porte de Versailles, certains à grand renfort d’affichage et de panneaux plastifiés afin de bien faire passer le message : recruter à tout prix.

C’était le cas de Mireille Alajouanine, directrice des soins de l’hôpital de Juvisy sur Orge, en Essonne. « Mon objectif est de prendre des contacts avec des professionnels déjà en poste et prêts à une mutation ou avec de jeunes diplômés. D’autant que nous sommes en pleine restructuration, à cause de la fermeture de l’unité de la maternité et de la chirurgie en 2009, et que l’unité de soins de suite et réadaptation, forte de 11 lits, projette d’en compter 90 dès 2013."

Dans notre unité soins de palliatifs, on compte beaucoup d’intérimaires, et si le coût est plus important, c’est surtout pour des questions de sécurité que nous souhaiterions recruter », explique-t-elle, avant de détailler : « Quand il y a une continuité dans l’équipe, les membres connaissent les procédures, le protocole, le travail de fond. Si on a un arrêt de travail, on peut s’organiser. Or avec l’intérim, on se retrouve, par exemple en période scolaire, en manque de personnel. Ce n’est positif ni pour la dynamique de l’équipe, ni pour le patient. »

De son côté, Sylvie Ouazan, directrice des soins du centre hospitalier de Bayonne, souhaitait « communiquer, échanger avec les collègues, se tenir informée sur l’actualité professionnelle, mais aussi recruter, en anticipant les nombreux départs en retraite » prévus dans son établissement, surtout en gériatrie et en psychiatrie, secteurs « souvent en manque d’effectifs », évoquant les « 30 infirmières sur les 700 de l’hôpital qui vont bientôt partir».

Pour Stéphanie, cadre de santé, et Estelle, infirmière, toutes deux travaillant au centre hospitalier de Montpon-Ménestérol en Dordogne, « la décision de la direction de financer un stand semble porter ses fruits à chaud, même si nous verrons bien les retombées sur six mois », ont-elle expliqué, après avoir parlé des nombreux départs à la retraite à prendre en compte dans les mois à venir. « Nous recherchons donc des infirmiers sur tout le panel de la psychiatrie », ont-elles poursuivi. Des personnels qui seraient prêts à une mutation en zone rurale, puisque le centre hospitalier est situé dans une petite agglomération, même « si des projets pour ramener la psychiatrie dans les zones urbaines sont en cours », avancent-elle.

Pour les établissements présents, une même constatation : des CV en nombre déposés et des candidats sérieux, « même s’il n’y a pas de garantie de conclure le contrat car on sait que les infirmiers vont voir différents stands », analysait, lucide, Mireille Alajouanine. Le Salon Infirmier a donc joué un rôle de plate-forme interactive efficace. Idéal, surtout quand les besoins des établissements en personnel sont urgents.




Le droit à l'avortement est-il en danger en France ?

Plus de 70 associations de défense de l'avortement appellent à manifester le 6 novembre pour protester notamment contre la diminution du nombre de centres IVG. Comment se porte le droit à l'avortement en France 35 ans après la loi Veil ?




Selon la Dress, le nombre d'IVG effectuées en France en 2007 est estimé à 213 380 en métropole.

L'ANCIC (Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception), la CADAC (Coordination des Associations pour le Droit à la Contraception et à l’Avortement) et Le Planning Familial (MFPF), soutenus par une cinquantaine d'autres d'organisations, appellent à manifester samedi 6 novembre* sous les bannières "Droit à l'avortement !" et "Non au démantèlement de l'hôpital public".  Dans leur ligne de mire, la question de l'IVG aujourd'hui en France et la loi "Hôpital, patients, santé et territoire" (HPST), dite loi Bachelot.

En effet, si le tabou de l'existence de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) s'est quelque peu fendu avec la publication il y a près de 40 ans dans le Nouvel Observateur du "Manifeste des 343". Si depuis la loi Veil en 1975, l'avortement est légal en France et même remboursé depuis 1982, selon ces associations, les difficultés que les femmes rencontrent pour pratiquer une IVG, persistent. 

La loi de 2001 pas appliquée

En 2001, le vote de la loi Aubry allongeant le délai de 10 à 12 semaines, permettant aux femmes de choisir la technique d'avortement (par aspiration ou médicamenteuse), supprimant l'obligation d'autorisation parentale pour les mineures ainsi que l'entretien préalable obligatoire, a laissé penser que "le droit à l'avortement était enfin acquis", expliquent les associations. Mais selon elles, il n'en est rien.

"La loi de 2001 a été pas ou mal appliquée. De nombreux médecins ont refusé et refusent toujours d'effectuer des IVG à 12 semaines", explique Maya Surduts, présidente de la CADAC. "Il faut obliger des établissements publics à les faire, précise Danielle Gaudry (gynécologue obstétricienne, membre de la commission avortement du Mouvement français pour le planning familial), on est dans une phase de totale régression de la loi 2001!". Un constat partagé en partie par l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) dans son étude intitulée "Evaluation des politiques de prévention des grossesses non désirées et de prise en charge des interruptions volontaires de grossesses suite à la loi du 4 juillet 2001", bien que l'institution affirme que "la prise en charge de l’IVG a marqué des progrès réels, mais qui demeurent fragiles".

Selon l'IGAS, la modification introduite par la loi de 2001 qui permet une dérogation à l’autorisation parentale pour les mineures en demande d’IVG a "apporté une réponse à des situations qui avaient été vécues comme très difficiles." Pourtant, "des difficultés persistent néanmoins pour la mise en œuvre opérationnelle de cette disposition, notamment pour assurer la confidentialité, l’anonymat, et la gratuité prévue dans ce cas par la loi".

Le rapport de l'IGAS note également, comme les associations, que concernant l'allongement du délai de 10 à 12 semaines : "tous les établissements ne prennent pas en charge les IVG 'tardives'" et "certains refusent de pratiquer la technique instrumentale pour ces interventions".

De son côté, le docteur André Deseur, président de la section "Exercice professionnel" au Conseil national de l'Ordre des médecins, assure que pour nombre de ses collègues concernés, "il s'agit d'une question de sur-risque technique".

Le ministère de la Santé admet des lacunes sur ce point et affirme que des mesures ont été prises. Elles porteraient notamment sur une circulaire transmise aux ARS (agences régionales de santé) en octobre, afin "qu’elles intègrent la prise en charge des grossesses non désirées dans leur schéma régional d’organisation des soins". Le ministère affirme qu'à cette occasion, il est notamment demandé aux ARS de maintenir systématiquement la prise en charge des IVG dans l’offre de soins de gynécologique-obstétrique et/ou de chirurgie notamment dans le cadre des restructurations; organiser l’offre de soins de manière à permettre la pratique des IVG concernant des grossesses dont le terme se situe entre 12 et 14 semaines, au niveau des territoires de santé.

Le nombre de centres IVG diminue

Mais la non-application ou la mauvaise-application de la loi Aubry depuis neuf ans n'est pas seule responsable des difficultés actuelles. Les associations estiment que l'accessibilité à l'IVG est de plus en plus compliquée avec la fermeture de nombreux centres depuis 10 ans. Selon la Dress (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), la France comptait en 2000, 729 centres IVG contre 624 en 2007 (derniers chiffres disponibles). Pourtant, "le nombre d'IVG en France reste relativement stable depuis le début des années 2000", selon la Dress qui estime le nombre d'IVG à 213 380 en métropole en 2007, 227 050 sur la France entière.

Alors la situation a t-elle empiré depuis le vote de la loi Bachelot ? Oui, selon les associations. "Le nombre de centres d'IVG ne cesse de diminuer", explique Jean-Claude Magnier, co-président de l'ANCIC". Pas du tout, selon le ministère de la Santé.

Interrogé sur la question par Nouvelobs.com, le cabinet de Roselyne Bachelot ne nie pas que le nombre d’établissements, qui pratiquent des IVG, diminue. Mais selon le cabinet de la ministre de la Santé "ce sont les petits établissements, qu’ils soient publics ou privés, qui ont cessé ou réduit cette activité au fil des ans, alors que le nombre des gros établissements (essentiellement des établissements publics) est resté stable".

Polémique

Mais les avis divergent sur le pourquoi et les conséquences de ces diminutions.

Selon le ministère de la Santé, les regroupements de centres, notamment en Rhône-Alpes et Ile-de-France, qui ont été effectués visent à "une meilleure prise en charge des patientes par des équipes plus étoffées et plus habituées à effectuer ce type d'acte".

Jean-Claude Magnier de l'ANCIC évoque lui "les politiques de diminution des coûts et le manque de personnel médical".  "On regroupe les centre mais avec moins de moyens et donc des pertes d'accès des femmes à l'IVG. Plusieurs centres ont fermés depuis 2007 (une vingtaine selon le MFPF) tel que Tenon en 2009. Celui de Saint-Vincent-de-Paul et de Bicêtre sont également menacés", explique-t-il. Des problèmes particulièrement importants pour les petites villes ou à la campagne selon les associations. "De plus en plus de femmes se trouvent à plus d'une heure d'un centre d'IVG", précise le co-président de l'ANCIC.

Le ministère de la Santé estime lui que les centres sont bien répartis sur tout le territoire.

La position d'André Deseur de l'Ordre des médecins est proche de celle des associations. "Cette problématique [du manque de centres et de médecins pratiquant des IVG,ndlr], elle existe et il est de la responsabilité de l'Etat de créer des postes suffisants en fonction des besoins et de la demande. Mais on n'est là en plus dans une problématique plus large de l'accès aux soins pour des raisons démographiques et cela vient du nombre insuffisant de médecins formés depuis 25 ou 30 ans. Elle a été formée sur l'idée fausse qu'en réduisant l'offre, on réduirait la demande". Selon lui, la solution ne réside pas dans la multiplication de petits centres, mais dans le développement de la permanence des soins et l'organisation du transport des personnes.

Le forfait IVG et la formation du personnel

Si l'avortement est désormais remboursé en France par la Sécurité sociale. L'aspect financier ne peut-être négligés.  L'acte est payé au forfait au médecin et aux hôpitaux qui le pratiquent. Cependant, le montant de ce forfait est insuffisant, de l'avis même de la ministre de la Santé qui a promis le 8 mars 2010 après la sortie du rapport de l'IGAS, une augmentation du forfait de 50%.

Ce rapport estime que l’écart serait de l’ordre de 50% pour l’IVG chirurgicale par comparaison avec une activité médicale de technicité comparable comme la prise en charge des fausses couches spontanées.


"L'IVG est payé deux fois moins que cela ne coûte aux hôpitaux et c'est aussi pour cela que de plus en plus de centres publics et privés n'en réalisent plus", affirme Jean-Claude Magnierl et "cela n'a fait qu'augmenté avec la logique de rentabilité instaurée à l'hôpital public par la loi Bachelot".

La promesse de Roselyne Bachelot devait rentrer en vigueur dès juillet 2010. "Ce n'est toujours pas le cas", explique l'ANCIC.

A ce sujet, le cabinet de la ministre de la Santé a affirmé à Nouvelobs.com : "la promesse faite par la ministre sur la hausse des 50% sera tenue d'ici fin 2010."

Mais selon l'ANCIC, cette mesure demeure de toute façon insuffisante. "Pour que le forfait IVG soit ramené à son coût réel, il faudrait l'augmenter non pas de 50% mais de 100%", explique Jean-Claude Magnier.

Selon le Dr André Deseur de l'Ordre des médecins, "des contrats sont passés entre gynécologues ou médecins en ville pour faciliter les IVG médicamenteuses. Ce sont des structures qui n'ont pas problèmes de rentabilité, pas de coût de structures. C'est un moyen de répondre au manque de centre. Notre société n'est pas à même d'assurer ce type de répondre dans la situation socio-économique actuelle. Le coût médicamenteux inférieur à une IVG par aspiration. " Ce serait mieux d'avoir le choix", reconnaît André Deseur.

Selon le ministère de la Santé, le montant des dépenses d’assurance maladie au titre de la prise en charge des IVG en 2009 était d’environ 51 millions d'euros.

L'association "Paris 20e" assure elle qu'il s'agit là d'une remise en cause des droits des femmes à choisir la méthode abortive utilisée. "Que les femmes est le choix, c'est leur droit", insiste une membre de l'association.

Le coût d'un IVG

Pour la patiente, l'acte est entièrement gratuit si celle-ci bénéficie d'une mutuelle. Selon la méthode choisie, le coût d'un avortement varie entre 190 euros et 275 euros.  La sécurité sociale prend en charge 80% des frais de l'intervention. Il est également possible de demander l'aide médicale gratuite et les mineures peuvent bénéficier d'une prise en charge financière totale par l'Etat.

Mais, pour les femmes qui n'ont pu trouver un médecin ou un hôpital acceptant de la prendre en charge à 12 semaines de grossesse, délai pourtant légal, celles qui le peuvent doivent partir dans d'autres pays européens où le délai est plus long comme en Angleterre [un nombre estimé à 5000 avant la loi de 2001, ndlr.]. Cette solution coûte chère et toutes les femmes ne peuvent se le permettre. Elles se trouvent alors dans une grande situation de détresse. "Il faut refuser les inégalités croissantes", accuse Maya Surduts de la CADAC.

Les non-assurées sociales peuvent également bénéficier de cette prise en charge.  Cependant, ceci est en train de changer notamment pour les femmes étrangères sans couvertures sociales. Danièle Gaudry de la (MFPF) affirme, qu'il a été demandé à des femmes sans-papiers, des chèques de caution pour avoir un rendez-vous, alors qu'elles n'ont évidemment pas de chéquiers.

Les nouvelles lois européennes

Mais les associations de défense du droit à l'avortement, les lois françaises ou leur application ne sont pas les seuls fautives. Selon Danièle Gaudry, la menace qui pèse sur le droit à l'avortement en France est triple et l'une d'elle vient de l'Europe.

Le 7 octobre 2010, le Conseil de l'Europe a rejeté un projet de résolution visant à limiter le droit à l'objection de conscience notamment dans les hôpitaux (concernant essentiellement l'avortement et l'euthanasie). C'est la résolution 1763 qui a finalement été adoptée portant sur "Le Droit à l'objection de conscience dans le cadre des soins médicaux légaux". Celle-ci protège et réaffirme le droit à l'objection de conscience, et interdit toute pression ou discrimination à l'égard du personnel médical qui pour des raisons de conscience choisirait de ne pas pratiquer un avortement ou une euthanasie.

Mais celle-ci permet aussi à des établissements d'invoquer l'objection de croissance pour ne pratiquer d'avortement par exemple, réduisant ainsi encore le nombre de centre IVG.

"Ce vote a été souligné par un communiqué de l'ordre des médecins approuvant ce vote", s'inquiète Danièle Gaudry du MFPF. "Cela ne fait qu'augurer de nouvelles difficultés", ajoute-t-elle.

De son côté, le Dr André Deseur de l'Ordre des médecins, assure que "cette position ordinale n'est absolument pas une position d'opposition à l'IVG.  Il s'agit en fait du respect d'une situation antérieure qui allait être battue en brèche".

"Le professionnel de santé doit pouvoir ne pas effectuer un certain nombre d'actes qui n'est pas en accord avec sa conscience et ne pas avoir à se justifier", déclare-t-il.

"L'objection de conscience est un acte individuel. Mais il relève de la responsabilité de l'Etat d'organiser la possibilité que ces actes puissent être effectués par un autre praticien", explique-t-il. L'Etat doit permettre l'accès aux soins et mais il est de la responsabilité du médecin d'orienté le patient comme il se doit si celui-ci ne veut pas réaliser un acte et lui en faciliter l'accès", ajoute André Deseur.

Concernant, l'objection de conscience applicable à tout un établissement, André Deseur explique : "Il est parfaitement concevable que cela puise s'appliquer à tous les médecins d'un établissement."

Mais dans tous les cas, les associations de défense du droit à l'avortement restent mobiliser. "On n'est pas optimiste mais on est déterminé", conclut José de l'association 20e.

* La manifestation pour le droit à l'avortement doit rejoindre le cortège contre la réforme des retraites au niveau de la place de la Bastille à Paris.
(Anne Collin – Nouvelobs.com)







L'INTERDICTION DE L'OBSTINATION DÉRAISONNABLE


« L'acharnement thérapeutique » appelé aujourd'hui « obstination déraisonnable » est une réalité souvent complexe et singulière. Le code de déontologie médical précise ainsi :

« En toutes circonstances, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade, l'assister moralement et éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique. »

« Le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et des mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. »

Ainsi la difficulté de toute décision médicale porte-t-elle sur le caractère raisonnable ou déraisonnable de l'acte envisagé : des obstinations raisonnables permettent souvent de passer un cap grave de la maladie chez un patient, tandis qu'une obstination déraisonnable est une atteinte aux droits fondamentaux de la personne vulnérable.

Pour les professionnels de santé: la loi incite à élaborer de façon collégiale un projet thérapeutique.


Elle donne :

• le droit d'interrompre ou de ne pas entreprendre des traitements jugés « inutiles, disproportionnés ou n'ayant d'autre effet que le maintien artificiel de la vie » (art. 1 et 9) ;
• le devoir de rechercher et de prendre en compte la volonté de la personne de refuser un traitement (art. 3, 6, et 7) ;
• le devoir d'assurer dans tous les cas la continuité des soins et l'accompagnement de la personne (art. 1, 4, 6 et 9) ;
• la possibilité d'utiliser des traitements dans l'intention de soulager la souffrance, même s'ils risquent d'abréger la vie (art. 2).

Dans tous ces cas :

• le patient ou ses représentants seront informés ;
• les décisions seront clairement inscrites dans le dossier médical.

La loi fixe les conditions de décision de limitation ou d'arrêt de traitement

• La loi insiste sur l'importance de la volonté du patient ;
• L'appréciation de la pertinence du projet thérapeutique et l'analyse du rapport bénéfice/risque relèvent de la responsabilité médicale ;
• La loi distingue deux situations : celle où le malade est capable d'exprimer sa volonté et celle où il n'en est pas capable (art. 5) ;
• La capacité du patient à « être autonome » ou à « s'autodéterminer» doit être appréciée de manière adaptée. Le médecin donne l'information, il vérifie que le patient soit capable d'écouter, de comprendre puis de s'autodéterminer ;
• Si le patient est hors d'état d'exprimer sa volonté, la loi introduit l'obligation d'une procédure collégiale. (art. 9 ; décret d'application du 6 février 2006)
Mais cette procédure ne dispense pas de rechercher la volonté du patient (directives anticipées, avis de la personne de confiance, avis des proches).