Par Elisabeth Roudinesco
Avant sa mort, le 7 juillet 2020, Jean-Claude Lavie a pu corriger les épreuves de ce petit livre qui réunit huit essais et en choisir le titre. Il s’agit pour lui de ce qui spécifie la psychanalyse : saisir le sexe à travers des paroles.
Résistant à 23 ans, psychanalyste à 33, trapéziste trente ans plus tard, Lavie a toujours su faire des récits extravagants dont il faut décrypter la signification comme dans un tableau de Magritte. On trouvera donc ici un savant mélange de genres : l’histoire d’un homme qui lui propose un modèle de thérapie universelle ; une réflexion sur la « chair mère qui ne sera jamais une chère mère » ; et, pour finir, une déclaration sortie tout droit d’un film de Stanley Kubrick : « Nous allons bientôt devoir partager un espace quantique (…). Jusqu’à maintenant, être ailleurs était impossible parce qu’on était toujours ici. » Désormais, « on peut être ailleurs tout en étant ici. On sera donc toujours ici, c’est-à-dire toujours ailleurs ». Au milieu de ces envolées, Lavie réaffirme sa conception de la cure : parler de Freud – c’est-à-dire du « sexe dans la bouche » –, c’est parler de soi en attendant qu’un autre parle. De la haute voltige ! E. R.
« Le Sexe dans la bouche », de Jean-Claude Lavie, PUF, « Petite bibliothèque de psychanalyse », 128 p.
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