Un homme de 78 ans est retrouvé mort à son domicile de la banlieue ouest de Paris par les services de secours. Son corps est suspendu au bout d’une corde fixée à un arbre du jardin. Le septuagénaire a laissé une lettre indiquant son passage à l’acte. On le soupçonne d’avoir tué sa femme dont le corps a été retrouvé le même jour. Les policiers, lors de leurs investigations, retrouvent sur une branche de l’arbre un revolver militaire Lefaucheux porteur de nombreuses traces de rouille. Lors de l’autopsie, les médecins légistes observent, comme cela est classique en cas de pendaison, un sillon typique ascendant sur le cou. Celui-ci est associé à une fracture du larynx et à des signes d’asphyxie : cyanose (rougeur de la face), hémorragies du blanc de l’œil (pétéchies conjonctivales).
Ce cas est rapporté par l’équipe du Pr Geoffroy Lorin de la Grandmaison (hôpital Raymond Poincaré, Garches, Hauts-de-Seine) dans le numéro daté de juin 2020 de The American Journal of Forensic Medicine and Pathology. Les médecins légistes notent chez ce pendu un élément troublant : l’existence, au niveau de la tempe droite, d’un orifice d’entrée qui contient une balle. Un dépôt de suie, circulaire, de 1 centimètre de diamètre, est présent autour de la plaie d’entrée. Il n’y a pas de fracture du crâne ou de perte de fragment osseux. L’autopsie montre une contusion cérébrale modérée.
Après extraction du projectile de la plaie, il s’avère que son extrémité est aplatie et que son diamètre est de 7 millimètres. Sa longueur est de 1,4 centimètre et son poids de 6 grammes. Les constatations montrent que la distance du tir a été faible. Par ailleurs, l’autopsie de la femme indique qu’elle est morte victime des coups à la tête assénés par son conjoint.
Pour en revenir au mari, le coup de feu n’a pas immédiatement entraîné une incapacité immédiate. Celle-ci a pu se produire alors que l’homme, décidé à se pendre, avait déjà la corde autour du cou. Le geste suicidaire a ainsi associé blessure par arme à feu suivie de pendaison, laquelle a été la cause principale du décès.
Il s’agit donc d’un suicide, plus précisément d’un homicide-suicide dans la mesure où l’homme s’est donné la mort après avoir tué sa femme. Il est excessivement rare que des cas de « suicides complexes », définis par l’utilisation d’au moins deux méthodes afin de parvenir au décès, de façon concomitante ou non, soient rapportés dans la littérature médicale.
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