Nathalie Barrès 13 janv. 2020
À retenir
Au total 349 personnes ayant ou non été maltraitées durant l’enfance ont été interrogées par internet sur leurs symptômes psychologiques (associés à un état de stress post-traumatique et au trouble de la personnalité borderline) et leurs désirs sexuels atypiques (fantasmes et passages à l’acte). Les résultats montrent que l’impact d’une maltraitance infantile serait différente chez les hommes et chez les femmes. Les premiers développant plus de perturbations de la sexualité et les secondes de syndromes psychologiques.
Les hommes ayant été maltraités durant leur enfance auraient plus de fantasmes sexuels atypiques que ceux qui n’ont pas été maltraités. Une relation qui ne serait pas retrouvée chez les femmes.
Les hommes et les femmes maltraités durant leur enfance ont un risque plus important de développer des symptômes psychologiques ou des troubles de la personnalité borderline à l’âge adulte. La tendance des symptômes psychologiques et de stress post-traumatique était cependant plus prononcée chez les femmes.
Ainsi, la maltraitance durant l’enfance pourrait avoir des conséquences différentes à l’âge adulte. Elle influencerait plutôt le comportement sexuel chez l’homme, avec un attrait plus important pour les expériences sexuelles atypiques, et plutôt l’état de santé psychologique chez la femme.
Pourquoi cette étude est intéressante ?
De précédentes études ont montré que la maltraitance sexuelle pendant l’enfance pouvait engendrer de l’évitement sexuel ou de la compulsion sexuelle à l’âge adulte. Mais, globalement peu d’études ont évalué l’influence de la maltraitance infantile sur la sexualité et la santé mentale à l’âge adulte.
Protocole de l’étude
L’activité sexuelle, les fantasmes sexuels et les symptômes psychopathologiques d’adultes n’ayant pas été maltraités durant l’enfance ont été comparés à ceux d’adultes ayant été maltraités par des parents proches durant l’enfance. Les sujets inclus dans cette étude ont été interrogés par internet. La formulation des symptômes était volontairement non médicale. Les symptômes psychopathologiques recherchés comprenaient notamment la dépression, les crises de panique, les phobies, la colère, la tristesse, les pensées intrusives, l’anxiété, le fait de se sentir incompris, de se sentir trahi, la solitude ou le fait de se sentir seul, la dissociation… Et la liste des comportements et fantasmes sexuels comprenait les paraphilies les plus fréquentes (orgies, bondage, domination, cocuage, travestissement, nudisme, violence verbale, agression sexuelle, masochisme, sadisme, échangisme, soumission, …).
Perspectives de nouvelles recherches
À partir de ces résultats, les auteurs interrogent si les personnes maltraitées durant l’enfance et présentant une sexualité atypique, ressentent une souffrance psychologique en lien avec cette sexualité. Ce qui pourrait faire l’objet d’autres études.
Références Disclaimer
Abram M et al. Maltraitance infantile : effets différentiels liés au sexe sur la santé mentale et la sexualité. Sexologies Volume 28, Issue 4, October–December 2019, Pages 191-199
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