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vendredi 17 janvier 2020

Comment les « garde-temps » ont divisé l’écoulement des choses

Montres et horloges n’ont pas de secrets pour le physicien Yann Mambrini, qui décrit la façon dont elles sont parvenues à mesurer le temps avec toujours plus de précision.

Publié le 16 janvier

Le livre. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Le physicien Yann Mambrini, grand amateur de montres, a écrit le livre qu’il aurait voulu lire pour assouvir sa passion sur la mesure du temps. Il l’a souhaité ni trop historique ni trop technique, reléguant certains détails et équations de divers mécanismes d’horloge en annexe. Néanmoins, la balance penche vers la technique, car l’auteur tient à faire comprendre les évolutions majeures des « garde-temps », comme il les nomme. Alors, nul doute donc que la prochaine horloge croisée après cette lecture suscitera des questions. Est-ce un cœur de quartz qui bat à l’intérieur ? Ou bien un diapason ? Quel est le type d’échappement ?

Les réponses se succèdent, sans surprise, dans une chronologie décrivant les trois périodes-clés, celle du flux continu, du contrôle apériodique, puis du contrôle résonant. Derrière ces noms savants se cachent des principes assez simples. La première, l’Antiquité, est rythmée par la marche du Soleil, les écoulements d’eau, dans les clepsydres, ou de sable, dans les sabliers. La deuxième est peuplée d’horloges à poids qui sont remplacées au XVIIe siècle par les balanciers, puis par les ressorts qui ont la particularité que leur durée d’oscillation ne dépend pas de la force appliquée.
Au fil des décennies, les précisions des horloges augmentent : 40 minutes d’écart par jour, puis 15 minutes, puis 15 secondes, avant les records du XVIIIe siècle à 1 seconde
Durant la troisième époque, dans laquelle nous sommes toujours, le livre prend un tour plus historique, décrivant comment les progrès de la navigation poussent à améliorer la mesure du temps. Connaître la longitude nécessite de comparer les heures sur le bateau et à un port. Au fil des décennies, les précisions des horloges augmentent : 40 minutes d’écart par jour, puis 15 minutes, puis 15 secondes, avant les records du XVIIIe siècle à 1 seconde. Ces succès s’accompagnent aussi de malheurs, comme certains orfèvres morts dans l’oubli. C’est aussi là que se construit la géopolitique du domaine avec la domination de la Suisse, malgré l’antériorité de l’Angleterre, puis la concurrence de l’industrie américaine. L’arrivée du quartz, dans les années 1960, pendant un temps, fera vaciller le géant helvète, qui finira par se reprendre avec l’entreprise Swatch.
Ce voyage riche en informations se termine par les bouleversements théoriques qu’a connus la notion de temps. Il y est question notamment des deux théories de la relativité d’Albert Einstein, dont l’auteur rappelle que la première doit beaucoup au problème concret de la synchronisation des horloges. La gare de Genève marquait par exemple l’heure locale mais aussi celles de Paris et Berne. En outre, plus d’une douzaine de brevets liés à cette thématique étaient tombés dans les mains du physicien qui devait les examiner en 1904, à la veille de sa publication sur la relativité du temps. Il y est aussi question des débuts du temps, au moment de l’Univers primordial. Une façon de boucler sur la seconde passion de l’auteur, la cosmologie.
« Histoire de temps », de Yann Mambrini (Ellipses, 286 p.)

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