- PUBLIÉ LE 17/10/2019
Crédit photo : S. Toubon
Plus d'une vingtaine de chefs de service de pédiatrie d'Ile-de-France s'alarment du manque d'internes de médecine générale auquel ils risquent de faire face cet hiver, craignant que cela ne débouche sur « une crise sanitaire ».
« À la suite d'ouvertures de postes décidées sans concertation avec les représentants des services de pédiatrie d'Ile-de-France, la répartition des internes de médecine générale dans les différents services de pédiatrie de la région s'est faite sans tenir compte des besoins des hôpitaux, notamment ceux les plus éloignés du centre de Paris », estiment-ils dans un communiqué envoyé à l'AFP.
« Beaucoup de stages ont été ouverts à Paris et dans la petite couronne, où les internes se sont répartis, délaissant les hôpitaux de la grande couronne », a expliqué le Dr Sébastien Rouget, chef du service de pédiatrie du centre hospitalier sud francilien de Corbeil-Essonnes, pour qui la situation est « critique ». 168 postes d'internes de médecine générale ne sont pas pourvus en services de pédiatrie « alors que le semestre d'hiver est le plus chargé en raison des épidémies hivernales (bronchiolites, grippes, gastro-entérites) », indiquent les chefs de service.
Or, ces services sont déjà « pénalisés par le manque de pédiatres dû à une démographie défavorable et au manque d'attractivité des carrières hospitalières ». « Plusieurs services ne seront pas en mesure d'assurer l'accueil des urgences pédiatriques à partir du 4 novembre », écrivent-ils, interpellant la responsabilité du gouvernement et de la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Le syndicat représentatif parisien des internes en médecine générale (SRP-IMG), contacté par le « Quotidien », estime de son côté que les besoins de formation ont été « mal évalués » par la commission de répartition pour ce semestre. « Moins d'internes en médecine générale que prévus ont choisi un stage en pédiatrie. Ils se sont ensuite répartis entre les différents hôpitaux de façon à ne pas être seuls dans les services, c'est-à-dire dans des stages où il y avait déjà des internes, ce qui a créé un effet boule de neige », explique Hélène Souchu, interne en 3e année et présidente de la structure.
« Le problème est qu'il y a une pénurie médicale en pédiatrie, puisqu'on comptabilise une centaine de postes de pédiatres seniors vacants sur l'Ile-de-France, rajoute-t-elle. Les internes de 3e cycle sont encore en formation, et ne sont normalement pas indispensables au fonctionnement des services... »
Réunion d'urgence à l'ARS
L'agence régionale de santé (ARS) a de son côté confirmé que les résultats de la procédure de choix des internes de médecine générale pour le semestre d’hiver 2019 ont conduit à « une légère réduction du nombre d’internes ayant choisi d’effectuer leur stage dans un service de pédiatrie » et à une répartition de ces 159 internes « qui n’est pas en adéquation avec les besoins de fonctionnement des services de pédiatrie et d'urgences pédiatriques ».
Cela va conduire à « des tensions fortes dans certains services déjà largement sollicités », reconnaît l'ARS. Une réunion s'est tenue en urgence lundi 14 octobre, dès les choix des internes connus, avec les doyens, la coordination de médecine générale, de pédiatrie, les syndicats d’internes de médecine générale, les fédérations, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et les chefs de service de pédiatrie pour trouver des solutions.
« Un bilan des perspectives issues des différents leviers identifiés sera effectué en fin de semaine », indique l’ARS, qui assure suivre « avec beaucoup de vigilance » ce dossier et mettre « tout en œuvre » pour assurer la meilleure couverture de soins pédiatriques l’hiver prochain. Selon le SRP-IMG, il ne pourra pas y avoir de nouvelle répartition des stages.
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