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dimanche 13 octobre 2019

Le documentaire « Quelle folie » plonge dans le monde des hommes dits normaux

Face à la caméra de Diego Governatori, un autiste raconte comment il vit sa différence et envisage ses proches comme « une tribu lointaine ».
Par   Publié le 10 octobre 2019

Aurélien Deschamps dans « Quelle folie », documentaire de Diego Governatori.
Aurélien Deschamps dans « Quelle folie », documentaire de Diego Governatori. NEW STORY

L’AVIS DU « MONDE » - À VOIR
Quelle folie, premier long-métrage de Diego Governatori, sélectionné à Lussas en 2018, suit les cheminements de la pensée d’Aurélien Deschamps, un ami autiste du réalisateur. Ce trentenaire est volubile et tente d’expliquer, devant la caméra, ce qui le distingue des hommes dits normaux, de leurs codes symboliques, implicites, qu’il a tant de mal à capter. Ce monde-là des gens structurés est un « enclos » dont on se fait « éjecter au moindre impair », constate Aurélien, qui regarde ses proches comme « d’étranges hommes appartenant à une tribu lointaine ». Lui-même scénariste et réalisateur de deux courts-métrages, Aurélien Deschamps a une forte capacité d’introspection, qu’il a développée en menant un travail psychanalytique pour l’aider à mieux comprendre son trouble.

« Interroger notre soi-disant normalité »

Parfois, Aurélien ne se sent pas exister, et c’est pour l’aider que Diego Governatori a décidé de le filmer pendant l’été, entre une campagne isolée au milieu des éoliennes, et les fêtes de la San Fermin à Pampelune avec ses ruelles étroites, circulaires, faussement semblables où la foule compacte ne forme qu’un corps. Le décor est un peu lourdement métaphorique – tourner en rond, laisser sa pensée se frayer un chemin à l’image des taureaux lâchés dans la ville qui bousculent tout sur leur passage – mais la parole d’Aurélien impressionne, avec cette façon de ne jamais lâcher le fil et de garder, même au prix de grands tourments, le contact avec le cinéaste. Ce dernier tient la caméra et Aurélien le film, dont il imprime le rythme avec ses paroles, sa gestuelle et son regard où brille une lueur de malice.
Pour Aurélien Deschamps, un autiste, c’est « un humain qui ne serait pas un être humain »
Il raconte comment il s’est senti pour la première fois, vers 11 ou 12 ans, différent des autresUn autiste, c’est un « un humain qui ne serait pas un être humain », dit-il. Ce qui exclut du monde des hommes, dit-il, ce n’est pas le non-dit, mais le « sur-dit », ce petit détail en trop qui fait comprendre aux autres, aux « gens structurés », que tu n’es pas comme eux. « C’est cela dont il faut se prévenir, qu’il faut détourner… », explique Aurélien. Cette capacité à saisir les indices qui le mettent à part est saisissante. Avec ce film, Diego Governatori espère montrer qu’« il nous appartient d’interroger notre soi-disant normalité, de renverser nos postulats, nos habitudes, nos évidences ».

Documentaire français de Diego Governatori (1 h 27). www.new-story.eu/films/quelle-folie

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