Parmi les difficultés du langage les plus communes dans les troubles du spectre autistique (TSA), certaines différences dans la prosodie (rythme saccadé, intonation chantante, voix monocorde...) ont un impact significatif sur la communication. Des différences prosodiques plus subtiles ont aussi été identifiées chez des proches parents (non affectés cliniquement) de sujets atteints de TSA, et pourraient refléter une susceptibilité génétique aux TSA.
Réalisée à l’Université Northwestern d’Evanston (Illinois, États-Unis), une étude examine la base neurologique des différences prosodiques chez les personnes avec autisme et chez leurs parents du premier degré. Les résultats de cette étude montrent de plus grandes amplitudes de réponse vocale, avec des différences dans la production soutenue de voyelles chez les parents avec une personnalité subclinique et des caractéristiques de langage associées à l’autisme. Les sujets avec TSA comme leurs proches parents présentent des latences de réponse accrues lors d’une production soutenue de voyelles, alors que le groupe des parents présentent « des latences de réponse réduites » lors de l’expression orale. Dans l’usage approprié de la prosodie, un élément-clef concerne l’intégration en direct du feedback auditif permettant d’ajuster la réponse vocale, mais chez les autistes comme chez leurs parents, les amplitudes de réponse vocale sont associées à des « atypies dans la prosodie. »
Peut-être un marqueur de risque génétique pour les TSA
Dans l’ensemble, les résultats suggèrent que des systèmes à anticipation sous-développés et une atténuation dans la détection du retour audio-vocal pourraient contribuer aux atypies prosodiques constatées dans les TSA. Pour les auteurs, un élément important réside dans le fait que ces résultats impliquent « une intégration audio-vocale atypique », laquelle peut constituer un marqueur du risque génétique pour les TSA chez les sujets avec autisme, comme chez leurs parents non affectés cliniquement.
Si cette étude met en évidence « des différences d’intégration audio-vocale », les auteurs précisent qu’elle n’a pas évalué les contributions de l’acuité de la perception auditive aux réponses vocales : par exemple, une meilleure discrimination auditive peut contribuer à une amplitude accrue de la réponse vocale. Bien que tous les sujets avec des TSA ne possèdent pas une acuité auditive accrue ou une hyperacousie (intolérance et hypersensibilité aux bruits où des sons habituellement bien tolérés –comme un froissement de papier– peuvent se révéler insupportables), il est important que des études futures démêlent les effets de la discrimination auditive et de l’intégration audio-vocale atypique.
Dr Alain Cohen
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