« La médecine d’enfants est différente des autres médecines... L’enfant est un être à part et point un adulte en miniature. La complexité de son évolution ne permet pas d’accepter, pour la prescription des médicaments, qu’on se contente de réduire les doses de l’adulte. » (Robert Debré, in L’honneur de vivre, 1974, Éditions Hermann & Stock)
Par la plume d’un praticien exerçant au département de psychiatrie de Bhubaneswar (en Inde), l’Indian Journal of Psychiatry propose une réflexion (nourrie surtout par des références au DSM-5 et à l’Evidence-Based-Medicine[1]) sur « l’évaluation et la prise en charge de la dépression en pédopsychiatrie. » Peut-on d’ailleurs voir un signifiant important dans le fait que l’auteur parle, en fait, de « dépression pédiatrique » plutôt que de dépression dans un cadre pédopsychiatrique ? Comme si la pédopsychiatrie doit s’enraciner davantage dans la médecine du corps (la pédiatrie) que pencher vers la médecine de l’esprit ? Quoi qu’il en soit, l’auteur rappelle que cette « dépression pédiatrique » est difficile à identifier, en raison de sa « nature complexe » où des dimensions multiples (somatique, biologique, psychologique, cognitive...) influent sur la présentation clinique.
Il faut des techniques d’évaluation et de traitement particulières
Celle-ci peut varier largement, depuis le trouble dépressif infra-clinique (ou « subsyndromique ») jusqu’au grave tableau dépressif simulant (ou associé à) des troubles psychotiques. Si, dans l’ensemble, la symptomatologie dépressive reste comparable chez l’enfant et chez l’adulte, l’auteur précise que « le décryptage de ces symptômes exige un bon entraînement clinique », avec des techniques d’évaluation (échelles, entretiens) et des approches thérapeutiques (pharmacologie, psychothérapies) adaptées à cette « population particulière. » Par exemple, on peut avoir recours à certains outils comme le Pictorial Instrument for Children and Adolescent (PICA-R)[2] s’appuyant sur des pictogrammes et donc sur une communication visuelle pour « réduire l’effet des difficultés cognitives, des troubles de l’attention et des limitations du langage » risquant de compromettre l’efficacité des classiques entretiens verbaux.
Empruntant une expression chère à Emmanuel Macron lors de sa candidature à l’élection présidentielle (« et en même temps »), l’auteur rappelle que comparativement à celle de l’adulte, « la dépression de l’enfant est similaire et en même temps différente. » Développant le volet thérapeutique, il conclut que « l’association de la fluoxétine (antidépresseur inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine) avec une thérapie cognitivo-comportementaliste présente l’intérêt le mieux établi » (best-proven benefits) dans ce contexte des « dépressions pédiatriques. »
Dr Alain Cohen
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