| 27.09.2019
Annoncée il y a un an par Emmanuel Macron et organisée depuis à marche forcée, la refonte de la première année commune aux études de santé (Paces) doit être prête en fin d’année. L'objectif est qu'elle s’intègre à Parcours Sup dès décembre pour les choix des étudiants à la rentrée 2020.
Le décret d'application de cette réforme n’a pas encore été publié – il est actuellement entre les mains du Conseil d’État – mais on en connaît déjà les nouvelles règles. Lors d’une conférence de presse jeudi, le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens des facultés de médecine a réaffirmé que cette évolution avait pour but de répondre à trois grands principes : « la diversification des profils », « faciliter la réussite des étudiants » et « maintenir la qualité et la sélectivité de la formation ».
Plusieurs entrées et plusieurs sorties
En lieu et place de la première année unique sanctionnée par un concours commun, les futurs étudiants pourront donc rentrer dans les études de santé par plusieurs voies et en ressortir aussi, en cas d’échec, par plusieurs filières.
Depuis Parcours Sup, les étudiants pourront rejoindre les études de santé via trois voies : une année spécifique proposé par les UFR de santé, une licence avec une majeure (minimum 30 crédits ECTS) ou mineure (minimum 10 crédits ECTS) santé ou une formation paramédicale. Pour rentrer ensuite en deuxième année et accéder à la filière MMOP (médecine maïeutique, odontologie, pharmacie), les étudiants ayant validé au moins 60 crédits ECTS à la fin de cette première année pourront postuler via dossier en formulant plusieurs vœux.
Une minorité, ayant obtenu une très bonne moyenne, sera admise directement. Les autres passeront devant un jury pour passer des écrits et des oraux. Les reçus intégreront donc la filière MMOP, les autres continueront dans une licence 2 classique puisqu’il sera désormais impossible de redoubler l’année spécifique santé. Les étudiants ayant suivi une licence classique avec majeure ou mineure santé pourront aussi postuler à la fin de leur Licence 2 ou Licence 3, tout comme ceux ayant suivi l’année spécifique mais ne souhaitant pas postuler à la fin de leur première année ou n’ayant pas été reçus.
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Des formules différentes dans chaque fac
Parmi les voies possibles, chaque université devra en proposer au moins deux, « mais il y aura une très grande diversité dans les propositions, il n’y a pas de modèle unanime », explique le Pr Sibilia. « Dans les premiers temps, pendant deux ou trois ans, il y aura également une possibilité de dérogation pour les universités pour ne proposer qu’une seule voie », ajoute le patron des doyens. Plusieurs éléments de l’admission en deuxième année seront aussi propres à chaque UFR : le nombre de places en deuxième année, la proportion de places disponibles pour chaque voie, la note moyenne permettant d’être admis directement sur dossier en deuxième année… Avec la suppression du numerus clausus, le nombre d’étudiants pouvant accéder en deuxième année sera dépendant des besoins en professionnels de santé de chaque territoire et des capacités de formation des UFR. L’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) a été chargé de résoudre cette équation et de fixer des chiffres.
Des moyens insuffisants
Malgré l’adhésion aux grands principes de la réforme, la conférence des doyens rappelle la nécessité de certains garde-fous. « L’objectif n’est pas d’allonger encore les études de santé et que la diversité soit celle des niveaux de compétences, estime le Pr Sibilia. Personne n’a envie de se faire soigner par un pur philosophe. L’objectif idéalisé est de transmettre une société plus humaniste, bienveillante, moins compétitive, moins complotiste… mais la finalité reste de faire sortir de bons docteurs. »
Si la multiplication des voies d’entrée permettra peut-être une diversification des profils disciplinaires, pas sûr pour autant qu’elle donne automatiquement lieu à une diversification des profils socio-économiques. « L’objectif est davantage une diversification de la culture des études médicales. En revanche avec la disparition du concours, peut-être que certains étudiants qui s’autocensuraient se lanceront », veut croire le Pr Sibilia.
La conférence des doyens s’inquiète par ailleurs du timing réduit pour mener ce big bang des études médicales. « Ce sont des besoins en scolarité énormes mais aussi des milliers d’heures de cours en plus… », souligne notamment le Pr Sibilia. Une première enveloppe de 6 millions d’euros a été accordée aux UFR de santé mais la conférence des doyens demande plus de moyens financiers.
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