L’inconscient butine du Netflix, sirote de l’Instagram, erre d’applis en applis à la recherche éperdue d’un manque qui n’existe plus. Mais ça ne t'aurait pas fait reculer.
Cher Sigi,
Permets-moi de t’appeler par ton petit nom. Je sais que ta mère, Amalia, te surnommait ainsi.
Je ne suis pas ta mère?
C’est vrai, mais tu nous as tant rabâché les oreilles avec ton complexe d’Œdipe, que tu mérites de te faire appeler comme quand tu étais un sale gosse.
“Ils sont tous pervers polymorphes”, disais-tu d’ailleurs au sujet des mômes… Si tu avais tenu ces propos à la télévision française en 2019, tu aurais certainement eu le CSA et une armada d’associations sur le dos. J’ai toujours aimé ton côté franc-tireur. Tu as bien esquinté tous les cochons qui sommeillaient dans la bonne bourgeoisie viennoise de ton époque.
Tu ne peux pas savoir comme tu as eu raison d’avoir mis le sexuel au centre de toutes nos conduites, de toutes nos représentations. L’être humain ne pense qu’à ça, et tu as touché dans le mille. On a beau s’en défendre: nous sommes tous les enfants de ta psychanalyse à la mords-moi-le-nœud. Elle a contribué à l’essor de l’individu dans sa vérité subjective, dans son allant désirant, comme le disait Dolto. Mais ce qu’il fallut de dissidence pour se coltiner les conventions ronronnantes de ces systèmes religieux et familiaux qui nous étouffaient! On n’en a jamais fini, bien sûr, mais quand même…
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