La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé, le 22 octobre, la généralisation de ce dispositif sur tout le territoire. A Pau, une trentaine de personnes en ont déjà bénéficié.
Par François Béguin Publié le 8 janvier 2018
A la suite d’une série de « défis » lors d’une soirée avec ses amis, l’été dernier, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), Julien, un adolescent de 16 ans, boit de la vodka. Beaucoup de vodka. « Il s’est très vite retrouvé assommé et a sombré dans un état d’inconscience, c’était très angoissant », raconte Laure, sa mère. Julien est alors transporté aux urgences, où il passe la nuit. Il sera plus tard établi qu’il avait 2,2 grammes d’alcool par litre de sang.
Le surlendemain de sa sortie, il est contacté par Vincent Ricarrère, un éducateur membre de l’équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA) du centre hospitalier de Pau pour faire le point sur ce qui s’est passé. « Il m’a rassuré, explique le jeune homme. Si je ne l’avais pas vu, je me serais dit que je pouvais recommencer. J’ai décidé de ne plus boire aucun alcool fort, juste une bière avec les copains. » Une réponse « quasi immédiate, sans tabou ni volonté de moraliser, mais avec une parole d’adulte » dont se félicite sa mère, une ancienne alcoolique, abstinente depuis cinq ans. « La chose était grave et elle a été prise comme telle »,dit-elle.
Une rencontre qui a également été proposée à Amélia, 15 ans, après son hospitalisation pour les mêmes motifs. « Elle n’avait jamais bu avant, juste un petit fond de jurançon deux ans auparavant, pour goûter », raconte Eric, son père. Le soir de son ivresse, elle aurait bu par « compétition » avec ses amies huit verres de whisky. Après une nuit aux urgences, elle s’est vu elle aussi proposer un rendez-vous deux semaines plus tard avec M. Ricarrère. « Ça a duré presque une heure, il nous a dit tout ce qu’un éducateur doit dire », raconte son père, qui juge le dispositif très « bénéfique ».
« Prise de conscience »
Sans attendre la présentation du nouveau plan de lutte contre les addictions, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé, le 22 octobre, la généralisation sur tout le territoire de ce dispositif visant à proposer un suivi psychologique à tous les jeunes hospitalisés pour un coma éthylique. A Pau, en six mois, il a bénéficié à une trentaine de jeunes de moins de 25 ans hospitalisés en lien avec une ivresse aiguë (binge drinking). « L’hôpital est un bon lieu de repérage, explique M. Ricarrère, pour qui « il n’y avait jusque-là pas forcément de réponse adaptée » pour ce type de public. « Remettre un flyer sur les consultations jeunes consommateurs ne peut pas suffire », dit-il.
« Ce sont des jeunes qui n’iraient pas consulter autrement et qu’on ne verrait jamais ou alors tardivement, quand l’addiction s’est installée », explique le docteur Emmanuel Augereaud, chef de l’unité d’addictologie. « Ce type de protocole a permis de voir des jeunes qui passaient jusque-là inaperçus, dont certains d’entre eux étaient en souffrance et pour qui il n’y avait pas de parole posée sur cette souffrance », assure le chef de service, qui se fixe pour objectif d’aider ces jeunes à « une prise de conscience » et, le cas échéant, de « les aider à rentrer dans un processus de soins ».
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