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mercredi 9 janvier 2019

Effarant

 Par Alexandra Schwartzbrod — 
Quand on sait que l’hôpital est à l’os et que la psychiatrie en est le parent pauvre, on imagine le drame vécu quotidiennement en France par les patients atteints dans leur santé mentale et aussi par les personnels qui les soignent. L’hôpital psychiatrique, ou le secteur de psychiatrie, se trouve en bout de chaîne. C’est là où l’on envoie souvent ceux dont on ne sait pas quoi faire : du jeune qui a fait une tentative de suicide pour un chagrin d’amour à l’agriculteur couvert de dettes qui touche le fond et ne trouve plus de sens à sa vie, en passant par cette jeune schizophrène qui va de rechute en rechute ou cet homme à qui l’abus de drogue ou de médicaments provoque des bouffées délirantes.
Une diversité de parcours et de cas, et parfois une prise en charge qui s’apparente à une punition : rester attaché pendant des jours dans un couloir faute de moyens humains suffisants. Le reportage que nous publions dans ces pages est effarant : dans certains établissements, tel l’hôpital du Havre, on compte un ou deux médecins seulement pour un pavillon de 40 lits ! Que faire, dans ces conditions, avec un patient devenu violent ? Le problème, c’est que nous ne sommes plus au XIXe ou au début du XXe siècle quand on se débarrassait de Camille Claudel en la faisant interner sans se préoccuper de son sort. On est au XXIe siècle et on est censé avoir les moyens médicaux de traiter un malade de façon humaine. La ministre de la Santé vient de dégager 50 millions d’euros, mais ce n’est pas suffisant. C’est ce que les personnels soignants vont clamer le 22 janvier dans des manifestations organisées dans toute la France. Comme dans beaucoup de domaines, la fracture est là aussi territoriale. Si rien n’est fait pour soulager médecins, infirmières, patients et familles, c’est une nouvelle bombe à retardement qui menace les pouvoirs publics. 

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