Cet ouvrage plein d’esprit embarque le lecteur pour un voyage jusqu’aux confins de la conscience et de l’inconscient.
Le livre. Partant du constat que les neurosciences résonnent « avec toutes les facettes de nos existences quotidiennes » mais que les termes qu’elles emploient sont souvent hermétiques pour le profane, Lionel Naccache, professeur de neurologie à la Pitié-Salpêtrière et chercheur à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, a élaboré cet ouvrage. Au point de départ se trouve une série diffusée sur France Inter, à l’été 2017. Bien que seul Lionel Naccache s’exprime, l’émission comme ce livre ont pris naissance dans un dialogue, une « coconstruction », entre l’expert reconnu et son épouse, Karine Naccache, non spécialiste assumée du domaine.
But avoué : « Faire en sorte que la langue des sciences du cerveau ne sonne plus comme une langue étrangère aux oreilles des non-initiés. » Et c’est une réussite, tant cet ouvrage est limpide, didactique et plein d’esprit, ce qui est pleinement à propos.
Le neurologue a choisi une architecture progressant « du neurone à la pensée », adoptant les composantes d’une langue (mots, syntaxe qui les assemble et grammaire qui fait litière de certaines idées reçues) et jalonnée de liens entre les « mots du cerveau » et notre imaginaire collectif. Chacun des mots du cerveau choisi faisant l’objet d’un chapitre.
« On ne naît pas glie, on le devient ! »
Le voyage débute par le neurone, la cellule nerveuse de base, dont nous possédons quelque 100 milliards dans notre système nerveux, et la glie, population de cellules qui les entourent. Longtemps considérée avec condescendance, la glie possède la même origine que les neurones et remplit des fonctions essentielles. Ce qui fait dire à Lionel Naccache, à l’instar de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas glie, on le devient ! »
Suivent les neurotransmetteurs, la communication entre les neurones qui constituent des réseaux, puis toutes les structures du cerveau, avec une place de choix pour le cortex cérébral, la matière grise, qui constitue la mince couche externe de l’encéphale, où se jouent « les cogitations les plus complexes de notre système nerveux » : « Plus on est à la surface du cerveau, plus on est dans la profondeur de l’esprit ! », écrit Lionel Naccache.
Chemin faisant, l’auteur tord le cou à certains mythes, comme celui selon lequel nous n’utiliserions que 10 % de notre cerveau (en réalité, nous en utilisons 100 % !), avant d’aborder l’un de ses domaines de prédilection : la pensée et les rapports entre conscience et inconscient. Lionel Naccache rappelle, à l’encontre de ce qui fut longtemps l’approche de la neurologie, qu’« aucune région du cerveau n’est “la” région d’une fonction intellectuelle donnée ». Il montre ensuite comment la conscience nécessite que le cerveau soit éveillé, mais qu’elle requiert aussi une communication cohérente et coordonnée de différentes régions cérébrales.
L’auteur consacre le dernier et brillant chapitre à ce que pourrait être le cerveau de demain. Mais, avant cela, la lecture de la page 198 est particulièrement recommandée.
« Parlez-vous cerveau ? », de Lionel Naccache et Karine Naccache (coédition Odile Jacob- France Inter, 224 p.
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