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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 9 novembre 2011


L’histoire un peu folle de la “ Gazette ”

Soignés et soignants sont tous curieux des prochains articles.
Soignés et soignants sont tous curieux des prochains articles.
La Gazette est l’espace de liberté d’une rédaction peu banale : des patients et soignants des cliniques psychiatriques de la Chesnaie, la Borde et Saumery.
Ils arrivent par deux ou trois, ponctuels et impatients que cela commence, ou bien prennent le train en route. Ils sont hospitalisés ou suivis psychiatriquement à la Chesnaie, la Borde ou Saumery. Mais le mercredi après-midi, lorsqu’ils passent le pas de la maison de la Croix-Marine à Blois, ils se glissent dans la peau de journalistes. Qui concoctent leur Gazette, celle qui va lier les clubs thérapeutiques, mais aussi apporter leur parole dans la vie blésoise.
« C’est parfois laborieux. Les interviews c’est dynamique, mais l’informatique c’est difficile »,confie Brigitte. Mercredi ils étaient une vingtaine à venir avec leur bonne volonté participer à cette œuvre collective ; œuvrant par petits groupes sur chaque morceau d’un puzzle qui tous les trois mois donne naissance à un 12 pages. Née dans les années 90, l’aventure a été relancée en 2007 et tient désormais sa vitesse de croisière. « Chacun vit retiré dans sa clinique, explique Linda, monitrice. On propose de vivre une histoire humaine et d’en faire un journal, notre journal. En septembre la Chesnaie nous a rejoints. C’est vraiment parti ! »
Autour de petits gâteaux, on écoute les histoires qui se dérouleront dans le numéro de décembre. Jean-Michel racontera “ Blois, ma ville ”, qui est devenu une rubrique emblématique en dernière page. Bruno, lui, replonge dans ses souvenirs d’Afrique. Les dix premières années de sa vie où il suivait son père ingénieur télécoms dans quatre pays d’Afrique noire. Les mots fusent, il faut les canaliser puis les coucher sur le papier. Les moniteurs, aidés par Lucien Martin, retraité bénévole, sont là pour cela. Marie vient d’arriver avec l’interview d’une intervenante en psychiatrie : « J’irai dimanche faire les photos des divas de la soul, l’une des animations ouvertes sur l’extérieur qu’elle propose. » Laura va quant à elle rentrer dans l’ordinateur cet article sous la dictée de Marie.
C’est incontournable
« C’est un ancien pensionnaire qui a proposé ce titre la Gazette, c’est lui qui m’a montré des rudiments de mise en page », ajoute Linda. Les compétences se mélangent savamment, ceux qui ont habituellement besoin d’aide peuvent en apporter au groupe. La gazette prend forme et sa lecture peut surprendre. Parce qu’elle propose des sujets sur la psychiatrie, les structures et leur histoire très enrichissants. Et parce que ses auteurs posent des mots étonnants sur la vie qui les entourent. Des mots justes, bruts, dépourvus de toute précaution sociale. Comme Brigitte qui évoque son voyage organisé en Irlande. « Ces couples de retraités s’arrêtaient tous au même endroit faire la même photo, moi je les ai pris eux ! Je reviens avec de belles images dans la tête, mais pas à faire des photos de chevaux, on en voit tous les jours à la Borde ! »
Au moment de se quitter, on sait que ce ne sera que pour une semaine. Car la Gazette, c’est devenu « incontournable ». « Moi ça me rassure », lance un patient. « C’est réconfortant. »
La Gazette tous les trois mois, prochain numéro en décembre. En vente 0,80 € à la librairie Labbé, rue Porte-Chartraine à Blois. Renseignements auprès de la fédération Croix-Marine région Centre, 17, rue de Signeulx, 41000 Blois.
Béatrice Bossard  la Nouvelle République  

 

Aux Pays-Bas, l’euthanasie est possible à tous les stades de l’Alzheimer

09/11/2011
      
 
Une personne atteinte d’Alzheimer à un stade avancé est morte par euthanasie pour la première fois aux Pays-Bas, indique l’Association néerlandaise pour une fin de vie volontaire (NVVE). « C’est vraiment une étape importante : avant, les patients morts par euthanasie étaient à des stades vraiment très précoces de la démence, ce qui n’était pas le cas de cette femme », a déclaré à l’AFP Walburg de Jong, la porte-parole de l’association.
La législation néerlandaise n’autorise l’euthanasie que lorsque le patient en fait la demande, en pleine possession de ses moyens, et qu’il subit des souffrances insupportables dues à une maladie diagnostiquée par un médecin comme étant incurable. La femme âgée de 64 ans, originaire du sud des Pays-Bas, était malade « depuis très longtemps »et affirmait « depuis plusieurs années » son désir d’être euthanasiée, selon la NVVE.
Les Pays-Bas sont le premier pays au monde à avoir légalisé l’euthanasie, le 1er avril 2002. Mais chaque cas doit être signalé à l’une des cinq commissions chargées de vérifier si les critères de la loi ont été respectés. « Je ne pourrais jurer qu’il s’agit de la première fois au monde mais cette dame était à un stade beaucoup plus avancé que Claus », a souligné Walburg de Jong, en référence à l’écrivain belge Hugo Claus, atteint d’Alzheimer, qui avait été euthanasié en 2008 à Anvers. « C’est aussi un message pour les médecins, car ils refusaient souvent d’euthanasier les personnes à des stades avancés de la démence alors que celles-ci l’avaient expressément demandé », a-t-elle souligné.
› S. H

Grève de la faim à l’hôpital


Le service de psychiatrie. Deux de ses membres sont en dépression. (Photo archives NR)
Le service de psychiatrie. Deux de ses membres sont en dépression.© (Photo archives NR)
A Thouars, deux membres du service de psychiatrie de l’hôpital ne travaillent plus. Elles témoignent et parlent de “ pressions morales ”.
Epuisées. Ce n’est pas qu’un mot : Stéphanie et Alice (1) sont visiblement très marquées. D’ailleurs, la sécurité sociale a estimé qu’elles souffrent toutes les deux d’une « affection de longue durée » en raison de leur état dépressif. Mais, à ce jour, c’est, à leurs yeux, pratiquement la seule reconnaissance de leur souffrance. L’une est infirmière, la seconde est agent d’entretien. Toutes deux dans le service de psychiatrie sur le site de Thouars de l’hôpital Nord-Deux-Sèvres, toutes deux exercent depuis une vingtaine d’années. Depuis près de deux ans, elles vivent un calvaire. Parlent de « pressions morales ». Selon Stéphanie, « tous les moyens étaient bons. Cela passait par des paroles ou bien par le planning ».
Les deux femmes ont d’abord alerté leur hiérarchie directe, « sans résultat ». Elles sont ensuite passées à l’échelon supérieur : la direction et les ressources humaines. Elles ont même écrit au ministère de la Santé et au Président de la République (2). Sans trouver de réponse qui les satisfasse. « On a l’impression qu’après les pressions morales d’une personne, l’administration a pris le relais. »
“ Pas un acte suicidaire
mais de révolte ”
Stéphanie, l’infirmière, a été vue par un médecin d’une unité de pathologie professionnelle et environnementale qui a conclu qu’elle était bel et bien atteinte d’un « syndrome anxio-dépressif réactionnel majeur en lien avec son travail habituel d’infirmière psychiatrique au centre hospitalier de Thouars », avec pour « agent causal » pressenti des « pressions morales stratégiques ou professionnelles ». Un diagnostic pourtant écarté par l’expert du comité médical de l’établissement. Ne voyant pas d’autres moyens d’être entendue, Stéphanie a saisi le tribunal administratif et surtout entamé chez elle une grève de la faim depuis le 25 octobre :« Ce n’est pas un acte suicidaire, mais de révolte ». Toutes les deux ne craignent qu’une chose : elles ne veulent « en aucun cas être reconnues dans l’incapacité de travailler. Nous aimons notre travail et voulons le reprendre. Mais pas dans ces conditions ».
Après plusieurs mois en arrêt de travail, elles ont été placées d’office en disponibilité par la direction. Conséquence : leur rémunération a été considérablement réduite (pour passer respectivement à 900 € et 500 € par mois). Ajoutant de terribles difficultés financières à leur souffrance morale.
(1) Prénoms d’emprunt.
(2) Le ministère et la présidence ont répondu, orientant les deux Thouarsaises vers le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de l’hôpital, ce qui n’a pas débouché non plus.
Pierre Calmeilles  la Nouvelle République  

Sondage : les Français s’estiment inégaux en matière de santé

03/11/2011


La fondation April santé équitable et l’institut de sondages LH2 ont révélé les chiffres de leur premier baromètre de l’équité en santé. Selon cette étude menée auprès de 1 000 personnes (méthode des quotas), les Français s’estiment inégaux en matière de santé. Ils sont ainsi 70 % à penser que nous n’avons pas tous les mêmes chances d’être et de se maintenir en bonne forme. En cause : les conditions de travail (74 %), les revenus (71 %) et le lieu d’habitation (63 %).









Malgré les inégalités de santé perçues, les Français sont attachés au système de protection sociale en général et au maintien d’une médecine de proximité. La proposition de « privilégier la qualité générale de la prise en charge des malades au sein d’établissements de grande taille plutôt que de maintenir des petits établissements de proximité » est rejetée par 72 % des personnes interrogées.

Quand on évoque leur propre responsabilité dans le déficit de l’Assurance-maladie, les Français se montrent circonspects. Ils sont 46 % à estimer... « être un peu à l’origine du déficit de la Sécurité sociale », loin devant l’État (20 %), les laboratoires (18 %) ou encore les médecins (6 %).
Interrogés sur les actions à mener pour réduire ce déficit, les Français privilégient l’attention à l’alimentation et l’hygiène de vie (82 %), puis la réduction de leur consommation médicale (78 %) et une baisse du nombre de consultations (65 %).
Si 52 % des personnes interrogées pensent que le système de soins n’est pas égalitaire, aucun scénario de réforme n’emporte d’adhésion claire. Ils sont néanmoins 76 % à accepter l’idée de « mieux rembourser les personnes les moins consommatrices de soins ». En revanche, 64 % d’entre eux rejettent la proposition de « rembourser moins les personnes qui auraient des comportements dits à risques » (consommation de tabac ou d’alcool). La carotte, oui. Le bâton, non.
› A. B.-I.















ENQUÊTE SAMENTA

LA SANTÉ MENTALE ET LES ADDICTIONS CHEZ LES PERSONNES SANS LOGEMENT PERSONNEL D’ILE-DE-FRANCE
Premiers résultats
Rapport final – Janvier 2010
Sous la direction d’Anne Laporte (Observatoire du Samusocial de Paris) et de Pierre Chauvin (Inserm)
pdf
Enquête SAMENTA

mercredi 2 novembre 2011


«Enfants, graines de délinquants?» ou les tout-petits sous surveillance

 | PAR LA RÉDACTION DE MEDIAPART ET LUCIE DELAPORTE
En accès libre sur Mediapart, le documentaire de Marina Julienne et Christophe Muel interroge les méthodes de dépistage des troubles du comportement chez les tout-petits. Réalisé en 2008, il reste d'actualité à l'heure où le ministre Luc Chatel reparle d'évaluations en maternelle et où les parlementaires durcissent la justice des mineurs. 
A voir ici

Les militants anti-fessée réclament une loi afin de "bousculer l'opinion"

LEMONDE | 29.10.11

Une bonne fessée n'a jamais fait de mal à personne" ; "Qui aime bien châtie bien" ; "Il y a des coups de pied aux fesses qui se perdent"... Ces poncifs, répandus, suscitent une forte réprobation parmi les professionnels de l'enfance comme chez les défenseurs des droits de l'homme. Le 20 octobre, quelque 400 psychothérapeutes, dont une grande majorité de femmes, assistaient au colloque annuel de la Fédération française de psychothérapie et psychanalyse (FF2P) intitulé "Attachement, empathie et violence éducative". Les participants ont voté, à l'unanimité, une motion réclamant une loi pour "abolir la violence physique et psychologique envers les enfants".

Une loi contre la fessée ? Le texte existe déjà. Alors que la maltraitance des mineurs est passible de sanctions pénales, la députée Edwige Antier (UMP, Paris) a déposé en novembre 2010 sur le bureau de l'Assemblée nationale une proposition de loi bannissant les châtiments corporels. Cosigné par 26 élus de droite, le texte n'a toutefois pas encore convaincu une majorité de parlementaires.
Pédiatre "depuis quarante-cinq ans", la députée raconte que son combat est né des longues heures passées en service de réanimation à sauver un enfant prématuré. Des moments intenses de lutte pour la vie qui rendent incompréhensible l'idée même de châtiments corporels. "On serait parvenu àfaire vivre ce bébé, pour plus tard, lui taper dessus ?", s'insurge-t-elle. Edwige Antier souligne que les enfants punis physiquement développent des comportements négatifs : "Ils deviennent sournois, menteurs, dissimulateurs."Certains s'endurcissent et s'habituent à lâcher, après la gifle, un "même pas mal !" qui a en général pour effet de faire enrager celui qui l'a donnée...
Pour Olivier Maurel, professeur de lettres et auteur d'un livre intitulé La Fessée(éd. La Plage, 2001), tous les châtiments infligés aux enfants - "gifle, bâton, ceinture, mais aussi cris, injures ou mises au coin" -, constituent "une violence du fort (sur le) faible". Qui a pour conséquence d'entraîner les jeunes victimes àreproduire ce qu'ils ont subi. Les petits imitent ces gestes et "les reportent sur les plus fragiles, frère ou soeur, chat et chien, copains et, plus tard, sur leurs propres enfants", poursuit l'universitaire, qui a fondé l'Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO). S'inspirant des travaux de la psychanalyste Alice Miller, morte en 2010, Olivier Maurel observe que la plupart des dictateurs furent des enfants maltraités. Inversement, les chercheurs américains Samuel et Pearl Oliner ont mis en évidence, en 1988, des points communs parmi les Justes ayant sauvé des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Tous avaient reçu une éducation non autoritaire et non répressive. Michel Meignant, psychothérapeute et président de la FF2P, relève pour sa part un lien entre les petites gifles de tous les jours et "le taux élevé de violences faites aux femmes qui prévaut en France".
Les partisans d'une loi s'appuient sur la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par la France, qui intime aux Etats de "protéger l'enfant contre toutes formes de violences". Ils brandissent l'exemple de la Suède, premier pays à avoir voté, en 1979, un texte bannissant la fessée. Vingt-neuf pays disposent aujourd'hui d'une telle législation, des Etats européens, considérés comme avancés sur les questions de société, mais également des pays moins connus pour cet engagement tels que le Kenya, le Venezuela, l'Ukraine ou le Soudan du Sud.
Une loi seule ne changerait pas la pratique parentale, admet Edwige Antier. "Elle bousculerait l'opinion, mais il faudrait l'accompa gner d'une campagne d'information", précise la députée. En Suède, des slogans rédigés dans plusieurs langues s'affichent ainsi sur les packs de lait. Résultat, "la quasi-totalité des parents connaissent la loi", affirme Sara Johansson, de la branche suédoise de l'association Save the Children.
Les militants anti-fessée n'ignorent pas qu'ils passent pour de doux rêveurs. Selon Olivier Maurel, "80 % à 85 % des parents, en France, dans toutes les classes sociales", infligeraient de temps en temps une gifle ou une fessée à leur enfant, et cette proportion serait même en augmentation, selon une étude récente de l'Union des familles en Europe.
"Une loi, qui entrerait dans l'intimité des familles, constituerait une stupidité sans nom", proteste le pédiatre Aldo Naouri, qui défraie régulièrement la chronique en prônant une éducation autoritaire. "Qui ferait appliquer ce texte ? Le voisin deviendra-t-il un délateur ?", s'interroge cet auteur prolifique, qui a publié notamment Eduquer ses enfants (éd. Odile Jacob, 2009).
Le spécialiste n'en condamne pas moins "toute violence physique, y compris une tape sur la main, car attentatoire à la dignité". Aux parents qui cèdent à la fessée de temps en temps, Aldo Naouri répond invariablement : "Cela vous fait peut-être du bien, mais pas à l'enfant ni à la relation que vous entretenez avec lui." Il conseille plutôt "la punition universelle, celle qui consiste à isoler l'enfant jusqu'à ce qu'il se calme".
Le psychologue Didier Pleux, également opposé à une loi, attribue la pratique de la fessée à "la permissivité de la société". Le spécialiste vient de publier, sur le thème de l'éducation, un album intitulé Une journée avec Zoup (éd. Odile Jacob, 96p., 11, 90 euros), à lire aux enfants dès l'âge de 3 ans. Selon lui, "tout est fait pour glorifier l'enfant, la garde alternée, la société de consommation ou encore la victimisation""Les parents, précise-t-il, se montrent très permissifs, jusqu'au moment où ils piquent une colère. L'enfant ne comprend pas pourquoi ce qui était toléré devient soudain interdit." Une attitude incohérente préjudiciable aux enfants.
Olivier Razemon