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Comme plus de 600.000 personnes en France, Sandra* vit avec une pathologie psychiatrique complexe : la schizophrénie. Pour France 3 Corse ViaStella, la jeune femme originaire d'Ajaccio a accepté de raconter son quotidien et son parcours, entre difficultés et espoir.
D’abord, il y a eu des hallucinations auditives répétées, qui survenaient surtout quand Sandra* se trouvait dans des lieux publics.
"Je pouvais être à la fac, et pendant que le prof faisait cours, entendre une ou plusieurs voix qui parlaient en même temps. Ou être en train de parler avec des amis et d’autres bruits me polluaient le cerveau. Au début, on se dit que ce sont des camarades de classe impolis, même si on ne voit pas les gens bavarder, ou juste un lieu bruyant. Mais en fait, on se rend très vite compte que ça n’a rien à voir, puisque ce sont plus comme des pensées, des ordres qui vous dictent ce que vous devez faire ou vous avertissent sur différents dangers. Et puis on n’arrive plus à suivre les discussions et les cours parce que toutes les voix s’empilent et c’est trop, et on ne parvient plus à se concentrer sur quoi que ce soit."
Ensuite, sont arrivées des angoisses permanentes, des sentiments de traque, et surtout une paranoïa aigüe, accentuée dès qu’elle devait quitter son domicile d’étudiante. "Je voyais le mal partout. J’étais convaincue qu’il y avait quelqu’un ou quelque chose après moi, que j’allais bientôt mourir, qu’on me poursuivait. Tout le monde pouvait être suspect, je me sentais en permanence oppressée. Même ma famille n’était plus sûre."
Sandra se souvient aussi d’hallucinations visuelles, avec son poste de télévision se mettant directement à lui parler, par la voix des présentateurs d’émissions ou en "s’allumant tout seul", interrompant son sommeil, et l’empêchant de déconnecter d'un quotidien devenu infernal.
J’étais persuadée de l’existence d’un complot contre moi
Consciente que quelque chose ne va pas, mais en proie à de nombreuses bouffées délirantes, Sandra ne parvient pas à alerter ses proches du problème. Ce sont eux qui finissent finalement par prendre les choses en main, à la suite d’une importante crise psychotique, au terme de laquelle la jeune femme s’effondre en pleine rue, après plusieurs jours passés sans rentrer chez elle, et donc sans boire, manger, ni se laver ou se changer.
"J’étais persuadée de l’existence d’un complot contre moi. Je n’en pouvais plus, j’étais épuisée. Je voulais que tout finisse, mais j’avais en même temps très peur de mourir. Je savais tout au fond que ce n’était pas normal, mais je ne comprenais pas ce qui m’arrivait."
Hospitalisée en clinique psychiatrique, Sandra passe alors une batterie de tests, est renvoyée face à plusieurs spécialistes. Après de longs mois d’attente, le diagnostic tombe enfin : comme plus de 600.000 Français, et environ 24 millions de personnes dans le monde – soit une sur 300 - elle est atteinte de schizophrénie. Nous sommes en 2011, la jeune femme a alors 22 ans, et c'est le monde qui s’effondre.
Une maladie méconnue et stigmatisée
Maladie psychiatrique qui perturbe la perception de la réalité, la schizophrénie se caractérise par un éventail de symptômes variés, allant –entre autres - de troubles cognitifs et sensoriels, à des modifications du comportement, des réductions de l’expression émotionnelle, jusqu’aux délires et hallucinations.
"Généralement, les premiers symptômes apparaissent entre 15 et 25 ans, après un choc émotionnel important, ou la consommation de drogues ou d’alcool. Pour moi, ça a été la rupture avec mon premier petit ami. Mais les médecins m’ont indiqué que même si cela ne s’était pas passé, j’aurais quand même développé ma schizophrénie, seulement peut-être un peu plus tard dans ma vie."
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