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jeudi 2 juillet 2020

Troubles psychiatriques et déficit immunitaire : les liens se resserrent

Univadis

Par Agnès Lara   29 juin 2020

À retenir
  • Une étude de cohorte basée sur 14 millions de sujets suédois sur 40 années montre que le déficit immunitaire primaire (DIP), une pathologie rare qui affecte la production d’anticorps, est associé à une forte augmentation du risque de troubles psychiatriques et de comportements suicidaires.
  • Ce risque est majoré chez les sujets souffrant également de maladies auto-immunes, mais reste significatif après ajustement sur la présence de ces dernières.
  • L’association apparaît de façon plus importante chez les femmes que chez les hommes.
Pourquoi est-ce important ?
Des données de plus en plus nombreuses suggèrent un lien possible entre dysfonctionnement immunitaire et troubles psychiatriques. Une équipe suédoise a entrepris d’étudier plus avant cette association en s’intéressant à des sujets souffrant de déficit immunitaire primaire (DIP). Cette maladie rare affecte la production d’anticorps et elle est associée à un risque accru d’infection et de développement de maladie auto-immune. Le lien entre DIP et troubles psychiatriques d’une part et entre DIP et comportements suicidaires d’autre part a été exploré et la contribution d’une maladie auto-immune concomitante évaluée.
Méthodologie
Pour cela les chercheurs ont eu recours aux registres nationaux suédois représentant plus de 14 millions de sujets sur une période de 40 ans (entre 1973 et 2013) et une comparaison des sujets atteints de DIP avec leurs frères et sœurs a été réalisée afin de s’abstraire des facteurs de confusion familiaux.
Résultats
  • Sur les quelque 14.300.000 sujets présents dans le registre danois, 8.378 ont été identifiés comme ayant eu un diagnostic de DIP et parmi eux 2.309 avaient également une maladie auto-immune.
  • Chez les sujets avec DIP, 20,5% souffraient de troubles psychiatriques contre seulement 10,7% chez ceux qui n’étaient pas concernés par cette maladie.
  • Après ajustement sur l’existence de maladie-auto-immunes, la présence d’un DIP a été associée à un risque de troubles psychiatriques augmenté de 91% par rapport à l’absence de cette pathologie (tous troubles psychiatriques confondus, Odds ratio ajusté (ORa) 1,91 [1,81-2,0]). Le risque de chaque trouble psychiatrique pris isolément était également augmenté, les ORa allant de 1,34 [1,17-1,54] pour la schizophrénie et autres troubles psychotiques à 2,99 [2,42-3,70] pour les troubles du spectre de l’autisme.
  • Une association du DIP a également été retrouvée avec les comportements suicidaires de façon globale (ORa 1,84 [1,66-2,04]) et pris isolément : mort par suicide (ORa 1,84 [1,25-2,71]) et tentative de suicide (ORa 1,84 [1,66-2,04]).
  • Lorsque les sujets DIP étaient comparés à leurs frères et sœurs non atteints de cette maladie, la force de ces associations était atténuée mais elle restait significative pour les troubles psychiatriques et les comportements suicidaires pris dans leur globalité.
  • Le risque de troubles psychiatriques (tous troubles confondus, ORa 2,77 [2,52-3,05]) et de comportements suicidaires (ORa 2,75 [2,32-3,27]) était encore renforcé chez les sujets qui souffraient à la fois de DIP et de maladie auto-immune, par rapport à ceux qui ne souffraient que de l’une ou de l’autre de ces pathologies, suggérant un effet additionnel.
  • Il était également plus important chez les femmes (ORa 2,18 [2,04-2,33] pour les troubles psychiatriques et 2,44 [1,99-2,52] pour les comportements suicidaires) que chez les hommes (ORa 1,54 [1,41-1,68] et 1,24 [1,02-1,50] respectivement).

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