A quelques jours de la fin des négociations, des rassemblements ont lieu dans toute la France pour réclamer plus de moyens.
A quelques jours de la clôture du Ségur de la santé, les personnels hospitaliers manifestent dans des dizaines de villes, mardi 30 juin, pour obtenir plus que les 6,3 milliards d’euros déjà mis sur la table par le gouvernement. Après le succès de leur mobilisation du 16 juin (100 000 à 180 000 manifestants, selon les sources), les syndicats et les collectifs hospitaliers espèrent mobiliser à nouveau massivement les soignants et le grand public, un peu partout en France.
De Lorient à Nancy, de Toulon à Mont-de-Marsan, une centaine de manifestations étaient prévues, selon la Confédération générale du travail (CGT), principalement devant des hôpitaux. A Paris, un cortège de plusieurs milliers de personnes est parti peu après 14 heures de l’ancien hôpital militaire du Val-de-Grâce (5e arrondissement), en direction du ministère de la santé (7e), encadré par un important dispositif policier et un service d’ordre syndical renforcé – après les débordements lors de la mobilisation du 16 juin sur l’esplanade des Invalides.
Sous des pancartes portant les inscriptions « Héros d’hier, oubliés aujourd’hui » ou « Des crédits pour l’hôpital, pas pour le capital », Nassima Hamoroux, agente administrative dans un hôpital de l’Essonne, affirme que, après trente-sept ans de carrière, elle « ne gagne que 1 400 euros par mois, c’est injuste ». Infirmier psychiatrique dans le même département, Louis Rios explique avoir « vu les conditions de travail se dégrader » depuis un quart de siècle et dit ne « plus faire confiance au gouvernement ». « On nous a promis 6 milliards, mais j’attends de voir », ajoute-t-il, demandant « un geste fort, et maintenant, pas dans trois ans ».
Le temps est compté car le Ségur de la santé touche à sa fin. Cette vaste concertation, lancée le 25 mai pour concrétiser le « plan massif d’investissement et de revalorisation » promis par Emmanuel Macron, s’achèvera en effet vendredi, par une ultime réunion sous l’égide de l’ancienne dirigeante de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) Nicole Notat. Le chef de l’Etat pourrait ensuite annoncer lui-même ses arbitrages la semaine du 6 juillet, en particulier sur les très attendues hausses de salaires.
« Très, très loin du compte »
A ce stade, le ministre de la santé, Olivier Véran, a déjà mis sur la table 6 milliards d’euros pour les personnels non médicaux, à répartir entre une augmentation générale, une refonte des primes et des majorations ciblées pour certaines professions (infirmiers, aides-soignants, manipulateurs radio…).
Une rallonge de 300 millions d’euros a également été proposée lundi pour les praticiens hospitaliers, avec des mesures ciblées au début et en fin de carrière, certaines primes et sur les heures supplémentaires, aussitôt rejetées par des syndicats médicaux évoquant une « désillusion énorme ». « On nous a annoncé ça comme une grande avancée sociale », mais « c’est une douche glaciale ! », a réagi Jean-François Cibien, vice-président d’Action praticiens hôpital.
Pour le secrétaire général de SUD-Santé, Jean-Marc Devauchelle, qui demande 14 milliards d’euros pour augmenter de 300 euros net toutes les fiches de paie du secteur, l’enveloppe globale proposée par l’exécutif « est très, très loin du compte ». Son homologue de Force ouvrière (FO), Didier Birig, chiffre plutôt la mesure à 7 milliards d’euros et considère que « la balle est dans le camp du ministère ». Avec cette mise en garde : « Si la réponse n’est pas à la hauteur des attentes, il y aura des conséquences. »
Interrogé sur une possible rallonge budgétaire, le ministre des finances, Bruno Le Maire, a promis mardi que le gouvernement serait « au rendez-vous », sans toutefois donner de chiffre. « Nous ferons ce qu’il faudra pour les personnels soignants », a-t-il déclaré.
Déçus par les précédents plans de l’exécutif, qui n’ont pas enrayé un mouvement social débuté au printemps 2019, les syndicats dénoncent un décalage « entre ce qui a été dit pendant des mois sur la nécessité de revaloriser le personnel soignant et l’hôpital public » et « la réalité des annonces faites aujourd’hui ».
« Si on augmente les salaires, il ne faudrait pas oublier les internes et jeunes médecins, qui sont rétribués de façon indécente, ni le différentiel entre les salaires du public et du privé », a rappelé, dans un communiqué, le Collectif inter-hôpitaux, tout en estimant que la question des salaires ne devait pas « occulter » les autres problèmes.
« Il faut augmenter les effectifs paramédicaux ou médicaux pour rétablir des conditions de travail supportables et garantir la qualité des soins », a-t-il insisté. Un message relayé par la CGT, qui regrette que « la question des recrutements de personnels » ne soit « pas abordée ».
Le gouvernement a promis en revanche de dégager des moyens pour l’investissement, en plus de la reprise déjà programmée d’un tiers de la dette hospitalière par la Sécurité sociale. Reste à connaître le montant de cette enveloppe budgétaire.
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