17 NOV. 2016 Docteur Sandrine Deloche. Médecin pédopsychiatre, praticien hospitalier.
L’hôpital Sainte-Anne est à la tête d’une restructuration de la psychiatrie publique. Conséquences, la réduction des moyens et la disparition prochaine de la psychiatrie de secteur . Les enfants du 14ème arrondissement de Paris, suivis par la pédopsychiatrie de secteur, subissent les effets de ce démantèlement. Comment taire ce scandale sanitaire au mépris des plus démunis et fragiles?
L’hôpital Sainte-Anne, fossoyeur de la santé mentale des enfants.
En 2017, l’hôpital Sainte-Anne fêtera ses 150 ans d’existence. L’occasion pour son personnel de témoigner de l’histoire de cette grande maison. Son directeur, Monsieur Jean-Luc Chassaniol, est président d’un vaste empire appelé le « Groupement Hospitalier de Territoire Paris - Psychiatrie & Neurosciences » réunissant 5 hôpitaux psychiatriques parisiens. Il a été gratifié d’avoir ouvert le bal de l’application des nouvelles directives ministérielles. A savoir, la création de groupements hospitaliers psychiatriques, avec mutualisation des moyens, qui visent à détruire un acquis social et sanitaire unique au monde : la psychiatrie publique de secteur, dont celle dévolue aux enfants 14ème arrondissement de Paris, gérée par l’hôpital Sainte-Anne.
Dans les faits, en janvier 2017, les équipes de pédopsychiatrie de secteur, récemment implantées Porte de Vanves vont subir un énième déménagement, embarquant avec elles plus de 900 familles suivies. Cette fois-ci, pour s’installer dans l’enceinte même de l’hôpital Sainte-Anne, à l’étage d’un pavillon appelé « local à tiroirs ».
Une file active de plus de 900 familles, cela représente, sur une année, un mois, une semaine, combien de consultations médicales, de suivis en psychothérapie, en orthophonie, en psychomotricité, combien de groupes thérapeutiques, d’accompagnements socio-éducatifs ? Cela représente aussi un travail difficile à comptabiliser de partenariat de proximité, avec les écoles, les collèges de la ZEP locale, avec les services sociaux, les pédiatres... Bref, il s’agit de « délocaliser », pour la 2ème fois en 2 ans, le travail de cette psychiatrie publique de secteur, caractérisée par la gratuité et l’accueil de tout enfant et famille du 14èmearrondissement qui serait dans le besoin.
Mais qu’est ce qui échappe donc à la direction de l’hôpital Sainte-Anne, pour soutenir qu’une telle opération est une simple formalité ?
Ce qui échappe en premier, c’est le fondement de notre travail. Adossé à la notion d’espace-temps, il requiert de la continuité et une certaine stabilité du cadre c’est à dire de notre fonction d’accueil au sens thérapeutique du terme pour les enfants en souffrance.
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