Qu’ils aient déjà ou pas mis les pieds dans le cabinet d’un psy, impossible de les faire décrocher des séances de Philippe Dayan, le thérapeute de la série « En thérapie », sur Arte.
A quoi on les reconnaît
Ils l’ont regardé en ligne avant que ça passe à la télé. Ils se demandent entre eux à quel épisode ils en sont. Ils envient l’écoute bienveillante du psy de la série et se disent que les thérapeutes qu’ils ont consultés dans leur vie étaient finalement assez nuls. Ils interrogent leur psy sur la crédibilité de la série. Ils googlisent ce que sont devenus leurs anciens psys comme on espionnerait des ex-toxiques pour voir ce qu’ils sont devenus. Ils se disputent sur le personnage de Carole Bouquet. Ils cherchent à reconnaître les titres des livres sur les étagères du docteur Dayan. Après plusieurs épisodes, plutôt que de s’identifier aux patients, ils se voient désormais devenir (d’excellents) psys. Comme le journaliste historien Thomas Snégaroff l’a raconté sur Twitter, lorsque leurs amis leur demandent : « Salut, ça va ? », ils se mettent à répondre : « La question n’est pas de savoir si moi je vais bien, mais comment vous vous allez. » Pour se démarquer d’une caste qui les méprise un peu – ceux qui avaient vu la version originale israélienne (Be Tipul) –, ils assurent qu’ils n’avaient « pas accroché » avec In Treatment, l’adaptation américaine.
Comment ils parlent
« Au début, je voulais pas regarder parce que, franchement, les histoires de gens trop bien nourris qui discutent dans des fauteuils d’appartements parisiens, c’est pas pour moi… » « Au lieu de sortir, je regarde En thérapie. J’ai peur de l’amende sinon. » « J’ai l’impression de revivre mon analyse sans être concernée, ça me fait beaucoup de bien. » « Ça, mon analyste aurait pu le dire ! » « Un psy comme ça, faut le trouver ! » « Le mien, c’était plutôt beaucoup de silence et 60 euros en liquide. »« Je cherche un psy comme Dayan pour mon fils. » « Ils n’ont jamais de séances décevantes, de ces séances molles où il ne se passe rien. » « C’est bizarre, j’ai jamais eu envie de coucher avec mon psy. » « L’épisode 22, quand même… » « Carole Bouquet doit être habillée avec ses propres fringues, elle n’a pas besoin d’habilleuse. » « Au début, je regardais la série comme des TP, en faisant des arrêts sur image pour me demander ce que j’aurais répondu. » « Parfois, je me dis, “là, j’aurais fait une expression du regard”. » « Je ne sais pas quel effet ça va avoir sur les prises de rendez-vous des psys. » « Je n’arrive pas à trouver la version israélienne. »
Leurs grandes vérités
Avec Céleste Brunnquell (qui joue l’ado), on tient la future star du cinéma français. La série réhabilite la psychanalyse. Il n’est jamais trop tard pour parler à ses parents. C’est formidable dramatiquement, cette unité de lieu, de temps et d’action.
Leurs questions existentielles
Peut-on vraiment poser ses talons sur le canapé de son psy ? Pourquoi, chez ce psy, il n’y a aucun patient qui annonce qu’il va arrêter parce que ça fait deux ans qu’il tourne en rond et qu’il ne se passe rien ? Comment on appelle un « re-remake » ?
Leur graal
Pouvoir se plaindre qu’après avoir vu la version américaine, on sait déjà ce qui va se passer. Regarder la série à raison de trois épisodes par semaine parce que c’était la fréquence à laquelle on allait voir son thérapeute.
La faute de goût
Devoir répondre à ceux qui leur affirment que c’est bourré de clichés.
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