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jeudi 11 février 2021

83% des profs exercent leur métier «avec plaisir»

par Marie Piquemal et Cécile Bourgneuf    publié le 10 février 2021


Les profs aiment-ils toujours autant leur métier ? Parmi eux, 83 % répondent exercer leur travail d’enseignant «avec plaisir», même si dans le même temps… presque un sur deux (46 %) déclare avoir déjà été en situation de burn-out dans sa carrière, selon un sondage Ipsos pour la Fondation Jean-Jaurès que Libération publie ce jeudi. Ces deux résultats peuvent paraître contradictoires. En réalité, ils s’expliquent assez facilement : l’épuisement professionnel peut être provoqué par un trop grand décalage entre la mission demandée (ou attendue par la société) et les moyens concrets dont on dispose pour la réaliser. A la question «aller au collège ou au lycée permet-il d’apprendre à vivre en société ?» 87 % des profs acquiescent. Un peu plus de la moitié des interrogés (58 %) considèrent que l’école «prend bien en compte les évolutions de la société». Et les trois quarts estiment que les collèges et les lycées traitent les élèves à égalité.

«Bases de réflexion» pour la présidentielle

Ce sondage a été réalisé fin décembre auprès d’un échantillon représentatif de 801 enseignants, de la maternelle au lycée. «Nous avions déjà en projet de réaliser une enquête d’ampleur sur le métier d’enseignant, après le suicide de Christine Renon [cette directrice d’une école de Pantin retrouvée morte dans son école en septembre 2019, ndlr]. Le choc de l’assassinat de Samuel Paty, en décembre, est venu accélérer notre projet. Il y avait urgence», explique Jérémie Peltier, directeur des études à la Fondation Jean-Jaurès.

Ce think tank, qui se définit comme social-démocrate, aimerait «offrir à un candidat à la prochaine élection présidentielle des bases de réflexion dans l’objectif de la rédaction d’un projet lucide à l’attention de cette «clientèle électorale» [les enseignants, ndlr] par le passé longtemps acquise à la gauche», lit-on dans la note qui accompagne le sondage, écrite avec Iannis Roder, responsable du pôle «éducation» de la fondation. Il fait partie du Conseil des sages de la laïcité, une instance du ministère de l’Education. Il est aussi l’un des auteurs des Territoires perdus de la République, un livre qui avait suscité beaucoup de débats à sa sortie en 2002, dépeignant des établissements où régneraient antisémitisme et racisme.

«Nouveaux standards»

Dans ce sondage, une batterie de questions porte sur la discipline et la sécurité : la grande majorité des profs (87 %) affirment «se sentir en sécurité dans leur établissement» et s’estiment «respectés par leurs élèves». Pourtant, 22 % disent avoir du mal à maintenir la discipline dans leur classe et près de la moitié (45 %) indique avoir déjà fait l’objet d’insultes ou de propos calomnieux de la part d’élèves ou de parents d’élèves. Et 28 % ont même déjà reçu des menaces d’agression sur des biens ou leur personne.

Pour Iannis Roder et Jérémie Peltier, ce paradoxe entre un sentiment global de sécurité et des agressions pourtant bien réelles, s’expliquerait par une forme d’habitude «à vivre des situations difficiles, comme s’ils avaient intégré de «nouveaux standards» en matière de climat scolaire et de violences, sans que cela n’entame − pour le moment – leur état d’esprit». Une autre donnée de ce sondage interpelle car elle recoupe un ressenti souvent constaté dans les salles des profs : un peu plus de 60 % seulement estiment avoir le soutien de leur hiérarchie en cas de problème avec les élèves (63 %) ou leurs parents (62 %). «Un manque de soutien – donc de reconnaissance – de la part de leur hiérarchie», commente la Fondation Jean-Jaurès, appelant «à engager une réflexion».


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