Caroline Guignot 28 sept. 2020
Actuellement, 38 vaccins anti-SARS-CoV-2 ont atteint le stade d’évaluation clinique à travers le monde, et 149 autres sont au stade d’évaluation préclinique. Depuis quelques semaines, les neuf candidats vaccins les plus avancés ont atteint le stade d’évaluation de l’efficacité clinique à travers le lancement d’études de phase 3. Parmi eux, les deux vaccins à ARNm de Pfizer/BioNTech (ARNm BNT162) et de Moderna (mARN-1273) et les quatre vaccins à vecteur viral non réplicatif développés par CanSino (Adénovirus type 5), Janssen (Adénovirus 26 CoVS1) et le fameux vaccin russe Sputnik basé sur deux vecteurs (Ad5 et Ad26) qui a été autorisé par les autorités réglementaires du pays malgré la seule disponibilité de données de phase 1/2 publiées récemment dans The Lancet . Le dernier d’entre eux, le vaccin à adénovirus développé par l’université d’Oxford et AstraZeneca ( ChAdO x1 nCoV-19 ou AZD-1222), a vu son étude de phase 3 stoppée début septembre face à un évènement indésirable grave mais il a repris quelques jours plus tard après analyse des données, sur accord des autorités réglementaires britanniques. Restent trois autres vaccins aujourd’hui évalués en phase 3 : développés par la Chine (Sinovac et Sinopharm), ils se fondent tous trois sur l’utilisation du virus inactivé.
Course contre la montre
La plupart de ces protocoles prévoient de recruter au moins 30.000 participants dans des pays où le virus circule activement afin de pouvoir identifier le plus rapidement possible une différence d’efficacité entre les patients vaccinés et non vaccinés. Ainsi, la plupart des études sont principalement menées aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Amérique du Sud dont le Brésil. Concernant ces études d’efficacités, la FDA a annoncé attendre une réduction d’au moins 50% du risque d’infection par le SARS-CoV-2 chez les personnes qui auront reçu le traitement. Les investigateurs les plus optimistes tablent sur de premiers résultats issus d’analyses intermédiaires à partir du mois d’octobre ou novembre.
En France, un seul essai clinique est aujourd’hui en cours concernant les vaccins expérimentaux. Il concerne le candidat développé par l’Institut Pasteur à partir du virus atténué de la rougeole (TMV-083), et dont l’avantage pourrait être sa grande immunogénicité.
...et incertitudes
La question de l’efficacité de ces vaccins pourrait donc trouver une réponse partielle avant la fin de l’année, même si deux éléments viennent questionner l’efficacité clinique de telles réponses : la première concerne la disparité et le maintien de la réaction immunitaire des patients infectés, comme le souligne une étude récente parue dans le JAMA et comme le résume un article paru cette semaine dans Science qui a compilé les données disponibles et modélisé l’évolution épidémiologique selon la variabilité de la durée de la réponse immunitaire au SARS-CoV-2. Ce travail souligne la nature actuellement incertaine de l’efficacité de l’immunité adaptative et par conséquent l'efficacité des futurs vaccins potentiels. La seconde concerne les cas de réinfection qui ont été rapportés coup sur coup récemment chez un patient de Hong Kong et un patient du Nevada . Peut-être les vaccins permettront-ils alors de réduire les symptômes liés à la réinfection, plutôt que de l’éviter, questionne un chercheur dans Nature ? Des données permettant de déterminer la proportion des patients présentant des réinfections apporteraient des réponses à la fois sur l’ampleur du problème, la dynamique de l’épidémie et l’efficacité vaccinale ...
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