Crédit photo : Vécédé
« Pénurie de masques. Les solutions qu'on m'a proposées : me coudre un masque en tissu (mais on m'a aussi dit que ce n'était pas efficace). Faire sécher mon masque après usage (le temps que le virus meure), le remettre une semaine après, et ainsi de suite… (mais on m'a aussi dit que ce n'était pas efficace). Tout le monde a un avis. Moi, j'ai surtout l'impression que personne ne sait vraiment ce qu'il faut faire. »
Le dessinateur Védécé, interne en médecine et célèbre auteur des trois tomes de « Vie de carabin », publie ce mercredi 30 septembre avec son comparse L'interne de garde (@linternedegarde) un nouvel album intitulé « Putain de Covid* ». Les deux jeunes médecins y racontent la manière dont ils ont vécu la première vague du Covid-19 dans leurs services de réanimation et d'urgences, l'un en région parisienne, l'autre sur un autre territoire.
Ils décrivent leur vie professionnelle jour après jour du 16 mars, date du confinement, au 19 avril, en alternant dessins et récits descriptifs. Un journal de bord brut et sans filtre.
Tout y passe. Rappel du nombre de cas et du nombre de morts, organisation des services, contacts avec les familles des patients Covid, lecture des études scientifiques, cohabitation avec la mort… Des journées qui apparaissent épuisantes physiquement et moralement. Ainsi, ils expliquent avoir fait face à des situations de triage : « Trois patients refusés de la réanimation, rien que dans la nuit. En temps normal, ils auraient été pris. » Ils dépeignent les « conseils de guerre » à l'hôpital, ces salles de crise où les soignants traitent les chiffres du Covid, envisagent de transformer d'autres services en accueil Covid, parlent des horaires de gardes largement dépassés…
Manque de matériel et de médicaments
Les conséquences du manque de matériel et de la pénurie des médicaments sont aussi évoquées. On peut lire au « Jour 20 » : « Il nous reste à peine de quoi soigner six patients (...) On a donc modifié toutes nos prescriptions pour économiser le plus de médicaments possible. Ça m'a rappelé mon stage de médecine humanitaire ». « Jour 22 » : « Arrivé à l'hôpital. Mission : chercher des tenues. C'est la galère en fin de week-end. Il n'y a plus rien. On trouve des tenues au bloc, trop grandes. Faut pas rêver mieux. »
Les auteurs n'en oublient pas pour autant les bons moments, des victoires personnelles et d'équipes comme lorsqu'un patient sort de réanimation, qu'il est extubé et parle de nouveau. Ils dessinent leurs équipes très solidaires (les renforts, les collègues qui fabriquent des masques) et les personnes extérieures à l'hôpital qui ont pris la peine de livrer des repas gratuits, de mettre à disposition des chambres d'hôtel, de prêter des voitures de location... Des petites attentions qui, témoignent les deux médecins, ont largement œuvré à rendre le quotidien des soignants plus supportable.
*« Putain de Covid », Édition Hachette Comics
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