Emmanuelle Deleplace Publié le 25/09/20
Des partenaires de la santé mentale et du handicap psychique du Grand-Est et de la province de Namur en Belgique s'engagent dans un programme Interreg pour monter un observatoire du handicap psychique et des pratiques pertinentes.
Le 18 septembre a eu lieu la conférence de lancement du projet Psicocap, acronyme de pratiques et statistiques intégrées et comparées sur le handicap et le handicap psychique à Châlons-en-Champagne (Marne). Ce programme vise à construire un instrument transfrontalier d'observation et d’analyse sur le handicap et en particulier sur le handicap psychique afin d’éclairer, sur la base de données probantes, les promoteurs de projets et les décideurs locaux sur les actions à mener.
Une meilleure connaissance des parcours et outils
Le Dr François Ihuel, médecin de santé publique, référent coordination soins et insertion au sein de l'établissement public de santé mentale (EPSM) de la Marne est l'initiateur et le référent de ce programme, côté français. "C'est une idée qui découle de notre projet territorial de santé mentale (PTSM) qui a montré que nous manquions de données sur le devenir et les prises en charge de nos patients", explique-t-il à Hospimedia. Le PTSM a été présenté par la région Grand-Est à la direction de la santé publique de la province de Namur, qui gère toute la partie ambulatoire du suivi des patients psychiatriques.
"Confrontés à des problèmes similaires et à un départ en Belgique de certaines personnes qui ne trouvent pas de structure répondant à leurs besoins chez nous — le PTSM a constaté le départ de plus de 60 patients adultes de nos hôpitaux vers des structures médico-sociales belges —, nous avons décidé de monter ensemble un projet européen pour progresser dans la connaissance de la population touchée par le handicap psychique, les pratiques intéressantes à développer et les manques à combler", poursuit François Ihuel. Pour l'EPSM, la participation à un projet européen est une grande première.
Onze partenaires et près d'un million de budget
Psicocap est un projet franco-wallon coordonné par l'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps). Il compte comme partenaires principaux l'EPSM de la Marne, la province de Namur, l'université Reims-Champagne-Ardenne (URCA), l'observatoire régional de santé (ORS) Grand-Est et le centre neuropsychiatrique Saint-Martin Dave de Namur. Sont également associés, l'institut Albatros qui gère des établissements médico-sociaux en Wallonie, le centre hospitalier Bélair à Charleville-Mézières (Ardennes), l'Agence pour une vie de qualité (Aviq, Belgique), l'association belge Similes et la région Grand-Est. Le programme est financé pour une durée de trois ans (2019-2022) sur un budget total de 946 000 euros subventionné à 50% par l'Europe (programme Interreg V France-Wallonie-Flandre).
"Nous sommes d'autant plus dépourvus d'éléments statistiques fiables que l'ORS Champagne-Ardenne a disparu il y a quelques années et qu'à ce jour l'ORS Grand-Est est surtout implanté en Alsace-Lorraine. Avec ce projet l'ORS Grand-Est va pouvoir réactiver son activité dans le secteur", ajoute François Ihuel. Depuis le début de l'année, l'ORS et l'Iweps travaillent sur la méthodologie de collecte des données car la notion de handicap psychique n'existe pas en Belgique. Un groupe de travail a également déjà commencé à investiguer les pratiques d'insertion par le logement qui existent de part et d'autre de la frontière.
Des universités d'été en 2022
Psicocap va créer un observatoire qui recueillera des données chiffrées et analysera aussi les pratiques de prise en charge. L'observatoire proposera ensuite un guide avec des recommandations qui seront transmises aux décideurs, aux administrations, aux acteurs de terrain. Puis sur cette base, il construira des formations pour les professionnels du soin et l'accompagnement mais aussi pour un public plus large confronté à l'accueil du public souffrant de handicap psychique. Psicocap a l'ambition d'animer, à partir de 2022, des universités d'été qui se tiendront une année en Champagne-Ardenne et la suivante dans la province de Namur, ouvertes à l'ensemble des professionnels francophones. Le pilotage de ce dernier volet a été confié au neuropsychologue Fabien Gierski de l'université Reims-Champagne-Ardenne.
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