Dans un contexte où le Royal College of Psychiatrists d’une part [*] et l’Association Mondiale de Psychiatrie d’autre part[**] ont proposé des réflexions sur les relations entre la psychiatrie et les préoccupations spirituelles ou religieuses, The British Journal of Psychiatry évoque l’accueil des « sujets atteints de maladie mentale dans les communautés confessionnelles ».
L’auteur de cette publication rappelle la place de l’« inclusion sociale », désormais « mieux reconnue », dans l’apaisement des troubles psychiatriques. Or les communautés religieuses (définies comme des groupes de personnes partageant un ensemble de croyances ou de pratiques spirituelles) peuvent contribuer à cette socialisation des malades mentaux, et offrir un levier supplémentaire pour la réinsertion et la levée de la stigmatisation. Même quand leur propre sensibilité les incite à l’agnosticisme ou l’athéisme, les psychiatres doivent « tenir compte du rôle » possible des considérations religieuses dans l’évolution et le traitement des maladies mentales.
L’auteur évoque « deux types d’approches » pour l’accompagnement du patient par une communauté religieuse : dans la première, ses coreligionnaires s’apparentent à de « bons assistants » en psychiatrie, en s’efforçant de « reconnaître les signes et les symptômes des maladies mentales et en apprenant à écouter ». Dans la seconde approche, calquée sur le compagnonnage, les psychiatres s’attachent « moins sur la symptomatologie empêchant de participer à la communauté » pour se focaliser « sur ce que les membres de la communauté peuvent faire pour inclure pleinement » le sujet. Objectif commun aux deux approches : susciter « compassion et miséricorde » pour favoriser l’inclusion. Cette démarche inclusive passe par « l’hospitalité, le voisinage, le partage du voyage, l’écoute et l’accompagnement. »
Toute religion accorde une grande place aux rapports humains et aux souffrances psychologiques. L’auteur cite trois exemples : pour le Coran, Allah est « le Miséricordieux » ; dans le bouddhisme, le bodhisattva Guanyin est « le summum de miséricorde et de compassion » ; et le Nouveau Testament conte « les miracles de Jésus-Christ auprès de malades ».
Seul écueil, pour l’auteur : le risque d’une compassion trop grande pouvant « menacer involontairement la dignité » (par un assistanat infantilisant du patient) et compromettre paradoxalement une pleine inclusion sociale.
Dr Alain Cohen
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