—
Dans un EPHAD à Kaysesberg, le 16 avril. Photo Jean-François Badias. AP
Anita Rossi dirige deux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dans le XIVe arrondissement de Paris. Elle explique les mesures mises en place pour protéger les résidents contre la canicule, dans un contexte compliqué par la crise du Covid.
La canicule s’intensifie et devrait durer au moins jusqu’à mardi, a annoncé dans un bulletin Météo France. L’alerte rouge canicule a été déclenchée, vendredi, dans neuf départements, dont Paris (1), alors que 53 autres sont placés en vigilance orange. Ces fortes chaleurs et les pics de pollution à l’ozone comportent un risque de surmortalité pour les personnes très malades ou âgées. Directrice de deux Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) affiliés au centre d’action sociale de la ville de Paris (CASVP), Anita Rossi décrit les mesures prises pour protéger les résidents.
Comment vos établissements affrontent-ils la canicule ?
Nous avons des salles rafraîchies où les résidents peuvent se mettre à l’abri de la chaleur. Des ventilateurs ou des climatiseurs mobiles sont présents dans la majorité des chambres et des films isolants ont été mis sur les fenêtres. Tout un travail a également été fait autour de l’alimentation avec des menus plus légers, des glaces, de la viande froide, des fruits et des salades. Nous avons aussi des «spécialistes canicule» pendant les mois de juillet et août, chargés de veiller à l’hydratation des résidents : de jeunes étudiants font le tour des chambres pour les inciter à boire et les accompagner dans les salles rafraîchies.
Maintenir les personnes âgées dans un lieu clos climatisé, est-ce compatible avec les mesures de précaution qu’exige la crise du Covid-19 ?
Nous sommes très vigilants sur le respect des gestes barrières. Dans les espaces rafraîchis, on impose une distance de deux mètres entre chaque personne. Pour ce qui est des réfectoires, nous faisons fonctionner la climatisation avant que les résidents n’entrent pour les repas et nous l’arrêtons lorsqu’ils sont dans la pièce.
Les résidents ont-ils besoin d’être rassurés ?
Ils ont eu peur. Ils ont vu certains d’entre eux partir. On leur explique que le port du masque en dehors de leur chambre est important, qu’il faut utiliser le gel hydroalcoolique régulièrement. Lors des visites, nous mettons à contribution les familles pour qu’elles incitent leurs proches à boire.
La canicule est une difficulté qui s’ajoute au Covid-19. Les personnels médicaux vont-ils pouvoir faire face ?
Oui, le Covid-19 constitue une difficulté de plus et nous avons augmenté le nombre de pauses pour aider les soignants à récupérer. Les conditions ne sont pas faciles : les personnels portent le masque, tout comme les résidents lorsqu’ils ne sont pas dans leur chambre individuelle. On vient de vivre des mois compliqués, on a à peine eu le temps de sortir la tête de l’eau et voilà que nous devons faire face à la canicule. Il va falloir tenir jusqu’à septembre. En outre, le Covid-19 existe encore et nous faisons tout pour qu’il n’entre pas à nouveau dans notre maison.
Qu’avez-vous appris de la crise sanitaire et des canicules qui se succèdent ?
Tout cela doit, dès à présent, nous inciter à réfléchir aux Ehpad de demain. Le Covid-19 et les canicules de plus en plus longues et de plus en plus chaudes nous poussent à repenser les espaces de vie pour les personnes âgées dépendantes dans nos établissements.
(1) Les neuf départements placés en alerte rouge canicule: Paris, Essonne, Yvelines, Val d’Oise, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine, Eure et Seine-Maritime.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire