| 20.06.2020
Les demandes des patients pour des pathologies mentales sont de plus en plus importantes mais sur le terrain l’offre en psychiatrie peine à suivre. Confrontés à des difficultés pour accéder à un psychiatre – la densité des psychiatres libéraux en France métropolitaine est de 7 pour 100 000 habitants et des psychiatres hospitaliers de 11,6 pour 100 000 – la population se tourne donc de plus en plus vers les médecins généralistes. Les troubles mentaux représentent d'ailleurs 13 % des motifs de consultation en médecine générale.
Depuis la loi de santé de 2016, les pouvoirs publics ont déployé des projets territoriaux de santé mentale (PTSM) avec l'objectif de mettre en place une approche transversale de la santé mentale pour repérer précocement des troubles psychiques et les prendre en charge sur le territoire. Mais d’après le syndicat MG France, les premiers retours sur ces travaux ont montré « qu’il n’y avait pas de place donnée aux médecins de ville ». « Beaucoup de projets territoriaux sont centrés sur la discipline psychiatrique, quand ce n’est pas uniquement sur les pratiques hospitalières et de secteur, plus que sur les patients, dans une logique de filière psychiatrique plutôt que de parcours du patient souffrant d’une pathologie mentale », note MG France. C’est pourquoi le syndicat, en partenariat avec celui des psychiatres Français (SPF) a décidé de publier une note sur les PTSM, avec pour but « d'optimiser la coordination de tous les acteurs de soins » en santé mentale.
Gradation et complémentarité
L’objectif est de « mettre en musique deux principes de base », explique le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Le premier est celui de la « gradation des soins », particulièrement adaptée pour la prise en charge des pathologies mentales. « Les généralistes sont les premiers appelés et la prise en charge en santé mentale ne peut pas se résumer à celle de l’hôpital. Les troubles les plus fréquemment observés en médecine de ville sont d’abord des dépressions, de l'anxiété et le suivi de pathologie préexistante, pour lesquels nous devons avoir une place », souligne le Dr Battistoni. Le deuxième axe est celui de la « complémentarité ». « Il est important que le rôle de chacun soit clarifié pour avoir le juste soin, pour la bonne personne au bon endroit et au bon moment. » Aujourd’hui, les patients comme les soignants de première ligne sont confrontés à la difficulté d’avoir accès à des expertises ou avis de professionnels de 2e ou 3e ligne. « Notre credo est de dire : ne faites pas à notre place. Apportez-nous l’expertise lorsque l’on en a besoin ou la compétence en participant à notre formation », insiste le président de MG France.
Des expérimentations qui fonctionnent
Sur le terrain, des initiatives se mettent en place. C’est le cas par exemple du Dispositif des soins partagés en psychiatrie (DSPP) de Toulouse, qui permet de garantir l’accès à un avis psychiatrique pour les médecins généralistes de la Haute-Garonne. « La moyenne d’avis rendu est de 11 jours », détaille le Dr Maurice Bensoussan, président du SPF. « Ce dispositif porte le concept que les organisations sanitaires ne peuvent pas être les mêmes quand on s’adresse à des pathologies mentales fréquentes ou sévères et persistantes », souligne-t-il.
Dans le même esprit, le dispositif expérimental mis en place en 2018 dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Morbihan et Landes) permet, pour des troubles mentaux légers à modérés, la prise en charge à 100 % d’au moins 10 séances chez un psychothérapeute ou un psychologue agréé, sur prescription du médecin traitant. « L’expérimentation va être prolongée jusqu’en 2022 », explique le Dr Bensoussan. « Ce sont deux dispositifs très structurants des PTSM où pour nous ce qui est important est de grader les soins », ajoute-t-il.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire