| 15.06.2020
ARO/PHANIE
Sans grande surprise, la consommation de médicaments a chuté du 17 mars au 17 mai 2020, pendant les huit semaines de confinement et la première semaine post-confinement, selon un rapport publié par le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE regroupant l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie.
Cette étude, qui repose sur l'analyse de 725 millions d'ordonnances de médicaments dispensées en pharmacie met pour la première fois en évidence « une forte baisse de l’instauration de traitements pour de nouveaux patients pendant le confinement (-39 % pour les antihypertenseurs, -48,5 % pour les antidiabétiques et -49 % pour les statines) ». Ces résultats corroborent la baisse d’activité de médecine de ville enregistrée pendant la forte activité épidémique (d'environ 40 % pour les médecins généralistes). L'ANSM et la Cnam estiment que ces baisses correspondaient à plus de 100 000 patients hypertendus, 37 500 diabétiques et 70 000 personnes relevant d’un traitement par statines non traitées.
La très forte diminution de la délivrance de vaccins pour les nourrissons s'est poursuivie pendant cette période (-6 % pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons, -43 % pour les vaccins anti-HPV, -16 % pour le ROR et -48 % pour les vaccins antitétaniques la dernière semaine du confinement). Cette diminution de consommation concerne également les produits destinés aux actes diagnostiques médicaux tels que coloscopies (-62 %), scanners (-38 %) et IRM (-44 %). Les auteurs estiment ainsi que les examens non pratiqués de (180 000 coloscopies, 200 000 IRM, 375 000 scanners) pourraient entraîner des retards de diagnostic et de prise en charge de certains cancers ou maladies graves.
Somnifères et tranquillisants en hausse
A contrario, la consommation de somnifères et de tranquillisants a augmenté en France à la fin du confinement et juste après sa levée, vraisemblablement en lien avec « l'anxiété » provoquée par l'épidémie de Covid-19.
Parmi la cinquantaine de classes de médicaments étudiés, les hypnotiques sont ceux dont la consommation a le plus augmenté lors de la première semaine après la levée du confinement le 11 mai (+6,9 % par rapport au niveau attendu, estimé sur la base de la même période en 2018 et 2019). Cette hausse oscillait entre 5 et 8 % pendant les trois dernières semaines du confinement.
Les Français ont également consommé un peu plus d'anxiolytiques (+1,2 %), juste après le confinement.
« Comme plusieurs enquêtes le soulignent, le confinement et ses conséquences sociales, professionnelles et économiques ont pu engendrer des troubles du sommeil et de l'anxiété », pointent les auteurs du rapport. Cette hausse observée après le confinement n'a en revanche pas concerné les antidépresseurs.
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