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samedi 20 juin 2020

Crieurs de vin, crieurs de mort... et autres rites funéraires en mutation

LE 09/03/2020

C'était à la mode, une chronique des usages oubliés |Au Moyen Âge, comme toutes les informations importantes, proclamées dans l'espace public, le prix du vin est crié dans les rues ou devant les débits de boisson par des agents dédiés à cette tâche. Au XVe siècle, c'est étrangement à ce même officier municipal que revient la responsabilité d'annoncer les cortèges funéraires. L’archéologue Sasha Kaki revient sur cette pratique, et sur la façon dont les épidémies affectent les usages mortuaires.
Inhumation d'une victime du covid
Inhumation d'une victime du covid Crédits : HERIKA MARTINEZ / AFP - AFP
L'histoire est faite de dates, de hauts faits, de catastrophes et de grands hommes, mais aussi et surtout d'anecdotes, de vies ordinaires, de gestes et d'habitudes. De ces usages qui naissent et disparaissent, parfois sans laisser de traces, et qui pourtant disent tant de l'époque qui les a vus naître... En cédant au charme du détail, ce podcast propose de découvrir des modes et des usages oubliés qui résonnent avec la crise de la Covid-19, et de les soumettre au regard d'une historienne ou d'un historien.

Paris, un matin de 1234 dans le quartier des halles

Les marchands s’activent dans leur boutiques, les Parisiens vaquent à leurs occupations, on croise des femmes affairées qui portent des paniers, quelques hommes à cheval, d’autres montés sur des mules, des mendiants, quelques poules et parfois même une truie vagabonde… Un homme traverse la rue, il va à la taverne de la Pomme de pin, c’est un homme du prévôt des marchands, habillé aux armes de la ville.  Dans la taverne sont déjà attablés quelques clients.  L’homme du prévôt regarde le tenancier mettre un tonneau en perce, il contrôle le contenu du tonneau, goutte le vin, perçoit la taxe et retourne dans la rue avec un échantillon du tonneau dans un pichet et un godet.  Et là, au milieu des cris des marchands ambulants, dans le martèlement des artisans, des tintements de cloches et des conversations, à chaque carrefour, il s’arrête et annonce le prix du vin, le nom de la taverne où on peut l’acheter et surtout, il le fait goûter aux passants. Cet homme est un officier de la ville, c’est un des crieurs de vin de Paris, auxquels Philippe Auguste a octroyé le cri et la mesure du vin. Leur statut est établi dans le livre des métiers du prévôt Etienne Boileau, qui définit le cadre de travail des crieurs, leurs obligations, leurs attributions… et leur soumission au roi, au service duquel ils se mettent les jours où ce dernier vend son propre vin, car pour éviter la concurrence, il interdit aux taverniers de vendre ce jour-là… Le roi a son monopole, après tout on n'est pas roi pour rien. 

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