Repéré sur France Culture, l’interview de l'historienne Nathalie Sage-Pranchère1 sur la question suivante : "l’histoire des soins est-elle une histoire de femmes ?" Cette interrogation et les réponses qui lui sont données prêtent au partage et à la poursuite de l’argumentation à l’heure de la pandémie mondiale au COVID19 où l’on parle le plus souvent des soignants au féminin et où le mot "infirmière" n’a jamais autant été utilisé par les medias. Mais ce vocabulaire, encore très genré, ne sert pas vraiment la reconnaissance professionnelle attendue, celle qui place le mot compétence avant celui de bienveillance...
Alors oui, bien sûr, une première constatation comme une évidence. Les acteurs du care sont très majoritairement des actrices. Qui administre des soins aux bébés, aux personnes âgées et en perte d’autonomie dans les familles ? Qui s’occupe des patients, dans les hôpitaux, dans les Ehpad, en ville ? Qui assure le maintien à domicile et les soins portés aux plus vulnérables ? Le plus souvent ce sont des femmes, des soignantes, des aidantes… Les femmes auraient-elles des aptitudes naturelles pour assister les plus fragilisés de notre société ? Seraient-elles plus naturellement capables d’empathie, de sollicitude, de bienveillance que les hommes ? Auraient-elles des aptitudes innées dans ce domaine ? Ce que l’on observe sur le terrain porterait à le croire si l’on s’en tient à leur seule représentativité, mais il n’en n’est rien. Les hommes "soignants", moins de 20 % encore aujourd’hui pour les infirmiers, par exemple, sont tout aussi porteurs de belles valeurs et de compétences dans le prendre soin.
Alors, quel intérêt devons-nous porter aux hommes soignants qui, entre autres, investissent la profession infirmière aujourd’hui, tout comme hier, s’interrogent Bernard Roy, Dave Holmes et Vincent Chouinard1 . Pourquoi faut-il s’intéresser particulièrement à eux?
Parce qu’ils ont investi une profession historiquement et profondément inscrite dans le féminin et qu’ils contribuent, entre autres, au souhait de dégenrer les soins infirmiers. Cette dégenrisation contribuerait à ouvrir une irrémédiable et essentielle brèche dans le mur du sexisme.
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