PAR
COLINE GARRÉ -
PUBLIÉ LE 27/04/2020
Crédit photo : PHANIE
À l'approche de la journée dédiée à la non-violence éducative le 30 avril, et alors que le confinement se traduit par une augmentation de la maltraitance, l'association StopVeo (pour violence éducative ordinaire) lance une campagne de sensibilisation aux violences envers les enfants.
Celle-ci rappelle – via des affiches diffusées sur les réseaux sociaux – l'importance de protéger les enfants en appelant les secours au 119. Qu'on soit témoin, enfant maltraité ou parent en difficulté.
Depuis le confinement, le 119 voit son nombre d'appels croître, notamment en provenance des mineurs en situation de danger (+ 80 % en avril, par rapport à 2019), de leurs camarades (+ 60%), ou encore des voisins (80 %). Les appels urgents, transmis aux Cellules de recueil d'informations préoccupantes, ont augmenté de 60 % lors du confinement, par rapport à la période pré-confinement, ainsi que les interventions des services de police ou de gendarmerie (+ 48% pour la période du 16 mars au 12 avril 2020). Au 22 avril, 92 enfants avaient bénéficié d’un placement en urgence pour assurer leur protection depuis le début de la période de confinement selon les chiffres du ministère.
Le Dr Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne de StopVeo, rappelle aussi que l'interdiction des violences notamment corporelles est désormais inscrite dans le Code civil depuis la loi du 11 juillet 2019 (dite « anti-fessé ») qui précise que « l'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques ».
Alerte sur les violences liées à l'orientation sexuelle et au genre
Également inquiet des violences induites par la crise sanitaire actuelle et le confinement, le Défenseur des droits (DDD) publie une synthèse rédigée par Christelle Hamel, chercheuse de l'Institut national d'études démographiques (INED) qui met en lumière l'ampleur des violences intrafamiliales, subies en particulier par les filles et les homosexuels ou bisexuels avant leurs 25 ans.
L'étude, réalisée à partir des données de l'enquête « Violences et rapports de genre » de l’Ined menée en 2015, auprès de 25 000 adultes interrogés sur leur enfance, est l'une des rares à tenter de quantifier la maltraitance parentale (en France, il est interdit d'adresser un questionnaire aux mineurs sans l'autorisation légale des parents).
Elle montre qu’une proportion non négligeable de la population aujourd’hui adulte a été concernée par les violences parentales et intrafamiliales durant sa jeunesse. Environ 1 % déclare avoir vécu une tentative de meurtre et 6 % des brutalités physiques, tandis que les violences psychologiques ont concerné jusqu’à 10 % des interrogés.
Les femmes ont été nettement plus confrontées aux violences intrafamiliales que les hommes. Près de 13 % d'entre elles déclarent un climat familial intimidant (vs 8 % des garçons), 7 % mentionnent des insultes, humiliations et dénigrements récurrents (vs 3,7 %). Elles sont 4 à 8 fois plus concernées par les violences sexuelles que leurs pairs (4 % versus 0,6 %).
Autre enseignement de l'étude : les personnes homosexuelles et plus encore, bisexuelles, sont surexposées aux violences intrafamiliales. Ainsi les femmes lesbiennes et bisexuelles sont trois fois plus confrontées à des violences psychologiques que les hétérosexuelles (24 % vs 6 %) ; les hommes homosexuels, deux à trois fois plus que les hétérosexuels (9 % vs 3 %). Idem pour les coups (20 % des femmes homosexuelles en ont reçu, vs 6 % pour les hétérosexuelles, des proportions qui s'élèvent chez les hommes à 12 % en cas d'homosexualité, vs 6 %) ou pour les violences sexuelles intrafamiliales.
Même si l'enquête montre une acceptation croissante des minorités sexuelles depuis le milieu des années 1970 (la moitié des femmes et hommes se disant homosexuels est bien acceptée par les parents), le Défenseur des droits souligne que « le sexisme et les LGBT-phobies, encore très présents dans la société, constituent des facteurs majeurs d’émergence des violences au sein de la famille ».
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