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jeudi 30 avril 2020

Coronavirus : l'hygiène, une affaire de culture



Fanny Guyomard | 


Asie, Moyen-Orient, Europe, Afrique, Amériques… Le Covid-19 touche tous les pays, malgré des cultures hygiéniques différentes. L'occasion de faire un petit tour du monde des pratiques, depuis la maison jusqu'au corps.

Tatami encore chaud, Keiko se dirige vers le lavabo pour son gargarisme du matin. Elle prendra ensuite un bain « toute propre », car elle se sera douchée avant. À quelques milliers de kilomètres de là, Omar s'apprête à faire sa cinquième et dernière prière quotidienne. Il se cure les dents, puis se nettoie l'intérieur du nez à l'eau, frotte son visage, ses avant-bras, la tête, lave ses oreilles, ses pieds. Faute d'eau, il aurait utilisé de la terre propre. Plus au nord, de la terre, un petit Suédois s'en fourre carrément dans la bouche sans que ses parents ne lui passent pour autant... un savon ! « En France, on dit à l'enfant ce qui est 'propre' ou 'sale', en Suède on le laisse découvrir, toucher la terre, explique une Franco-Suédoise. Ici, la vision de la maladie est différente : elle fait partie de la vie et il vaut mieux l'attraper. Comme ça, c'est réglé ! »
Aucune zone culturelle n'a été épargnée par le Covid-19. Et si le virus a traversé les frontières, il les a aussi mieux soulignées en révélant la variété des pratiques et des gestes hygiéniques. Le masque, par exemple : « Dès qu'on a un peu de toux, on en porte un », témoigne une Japonaise. « Mais dans les villes peu peuplées, ce n'est pas la peine d'en porter », estime pour sa part la Chinoise Siyue. Quand elle a un rhume, elle n'utilise pas de mouchoir, mais sa main. « Je mange aussi de la glace, je dors le plus possible et je ne prends pas de médicaments - c'est un peu du poison », rappelle-t-elle en citant un proverbe chinois. Et le Français qui se mouchera dans son carré de tissu - il en existe encore ! - fera mauvaise impression au Japonais qui n'utilise que des mouchoirs jetables.

ÔTER SES CHAUSSURES


Lors des rencontres, à chacun ses usages. Au Japon, on garde ses microbes pour soi en se saluant par une inclinaison du buste alors qu'au Liban, « on est plus partageur », rit Georges qui habite en France et a pas mal voyagé sur le Vieux Continent : « En Europe quand quelqu'un est malade, il prévient ses collègues et on ne se fait pas la bise mais au Liban, on s'en fiche : celui qui a la grippe, il la refile à tout le monde ! Mais avec l'épidémie de coronavirus, ça a changé. » Depuis, de nouvelles manières de se saluer se sont popularisées via les réseaux sociaux comme le « check » avec le coude ou le pied. Pour le docteur Frédéric Saldmann, auteur de nombreux livres sur l'hygiène, le hug, accolade à l'américaine, offre un bon compromis : « C'est chaleureux sans qu'il n'y ait vraiment de contact. »
©Loïc Froissart pour Les Echos Week-End
Salutations faites, on peut entrer dans la maison. Dans bien des pays, pas question d'y pénétrer chaussures aux pieds. « En Tunisie, on les stérilise sur les paillassons mouillés à l'eau de javel, puis on les enlève », indique Oussama. Les Suédois aiment se mettre pieds nus, « même dehors, dès qu'il fait beau », sourit Johanna. Et pour Siyue, la Chinoise, tout dépend si elle revient ou non d'une ville polluée : « Depuis le développement industriel, les Chinois sont très à cheval sur l'hygiène et mettent des pantoufles chez eux pour ne pas introduire la poussière du dehors. » Au Japon, ôter ses chaussures s'applique également à l'école, de la maternelle au collège, où chacun enfile ses « uwabaki », des sortes de ballerines blanches avec au bout du pied une couleur différente selon le niveau scolaire.

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