Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne et coauteure de « La Charge mentale des enfants », a répondu à vos questions dans un tchat du « Monde ».
Emilie65 : Ma fille de bientôt 5 ans verbalise bien ses inquiétudes. Elle a peur que ses copains d’école meurent du coronavirus. J’essaie de répondre en disant que ça touche les gens plus âgés, mais du coup elle a peur que ça nous touche nous, ses parents ou ses grands-parents. J’essaie de relativiser en lui disant que ça n’attaque que les gens très âgés et du coup je m’en veux car je lui mens !
C’est très bien si votre fille verbalise ses ressentis et ses émotions. Ne pas lui mentir est primordial. Mettre en évidence que c’est une maladie avec certaines caractéristiques et que les scientifiques font tout pour trouver des solutions. La peur de la mort est normale, elle rationalise ses angoisses. Ne culpabilisez pas d’adapter votre discours au jour le jour car nous avons des informations différentes, et mettez en avant que les gestes barrières sont des protections pour le bien de tous.
Avez-vous des pistes pour… : Ma petite fille de 4 ans n’arrive pas à dormir le soir avant 23 heures. Je la lève à 8 h 30 et elle ne fait pas de sieste. Elle est très inquiète. Elle se demande si les microbes ne vont pas venir.
Pensez à bien la rassurer sur différents temps de la journée. Elle semble associer les microbes au virus. Passez par le jeu pour lui permettre de contrer ses angoisses d’invasion de microbes. Les gestes barrières sous forme de jeux sont très importants. Les troubles du sommeil sont souvent présents quand il y a une angoisse bien identifiée… A vous de jouer aux super-héros contre les microbes.
Eve : C’est pire qu’une rentrée scolaire. Il restera si peu de jours effectifs de classe que nous pouvons nous demander quels bénéfices en tireront les enfants… Ressentent-ils l’angoisse des parents ?
Les bénéfices pour les enfants, eux pourront vous les verbaliser facilement : revoir les amis, prendre l’air, revoir deux ou trois notions pas très bien comprises, marcher dehors… être loin de vous un peu aussi. Les enfants ressentent intuitivement les angoisses des adultes. Ils sont de fins observateurs et surtout des vraies éponges émotionnelles.
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