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jeudi 28 novembre 2019

Autisme : une imbrication forte entre cognition et émotion

Univadis


Serge Cannasse    22 nov. 2019

Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont caractérisés par deux principaux critères diagnostiques : une difficulté persistante à communiquer socialement et une rigidité comportementale, avec des schémas comportementaux répétitifs et des activités et/ou centres d’intérêt restreints. Les interactions entre ces deux critères sont peu étudiées. Par ailleurs, une des hypothèses pour expliquer les TSA est que les patients qui en sont atteints manquent de flexibilité cognitive, c’est-à-dire ont de la difficulté à alterner plusieurs tâches et à analyser leur environnement pour s’adapter à ses changements. Une équipe de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l’Université de Tours a cherché à vérifier cette hypothèse.


Pour cela, elle a utilisé une version modifiée d’un test classique en neuropsychologie destiné à évaluer la flexibilité cognitive dans le traitement d’informations sociales et non sociales. Cinq fiches représentant cinq visages différents ont été présentées à chaque participant (adulte) : une centrale entourée de quatre autres. Il s’agissait d’associer la fiche centrale avec une des autres selon un des 3 critères suivants : couleur du cadre de la fiche (information non sociale), identité du visage (information sociale), expression faciale (information socio-émotionnelle). Au fur et à mesure de l’avancée du test, une ou des fiches étaient changées, ainsi qu’éventuellement un des critères d’association. Les participants étaient répartis en deux groupes selon qu’ils avaient des TSA ou non.

Aucune différence n’a été observée entre les deux groupes sur la capacité à adopter une nouvelle règle sociale ou non sociale, ce qui suggère que leur flexibilité cognitive est comparable. En revanche, les participants ayant des TSA avaient plus de difficultés que les autres en ce qui concerne la règle socio-émotionnelle.

De plus, l’enregistrement IRM (Imagerie par résonance magnétique) montrait une activité cérébrale significativement plus importante chez les patients ayant des TSA lorsqu’ils devaient faire preuve de flexibilité cognitive. Cette activité ne se stabilisait qu’une fois les patients certains d’avoir appliqué la bonne règle.

Une des chercheuses de l’équipe, Marie Gomot, en déduit que « les personnes TSA pourraient mettre en place des routines et des comportements répétitifs non en raison d’un réel manque de flexibilité cognitive mais plutôt pour éviter d’être confrontées à certaines situations socio-émotionnelles. Le besoin d’un haut niveau de certitude combiné à une faible compréhension des codes régissant les interactions socio-émotionnelles mènerait ainsi à un évitement des tâches impliquant une composante socio-émotionnelle. » Elle conclut que les dysfonctionnements cognitifs et émotionnels sont imbriqués chez ces patients et que les futures études devraient en tenir compte.

Références Disclaimer
Comment les personnes autistes éviteraient les situations socio- émotionnelles. Inserm, communiqué de presse, 28 octobre 2019.


Marianne Latinus et al. Inflexibility in Autism Spectrum Disorder: Need for certainty and atypical emotion processing share the blame (abstract). Brain and cognition, November 2019. Vol 136, 103599.

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