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vendredi 14 juin 2019

Plus d'un quart de la population vivant dans des zones de conflits souffre de troubles psychiques, s'alarme l'OMS

Coline Garré
| 13.06.2019




  • conflits
Crédit Photo : AFP

Plus de 22 % des personnes vivant dans des zones de conflits présentent un trouble mental : dépression, anxiété, stress post-traumatique (TSPT) voire troubles bipolaires et schizophrénie, alerte l'Organisation mondiale de la Santé, (OMS) à la lumière d'une méta-analyse de 129 études, publiée le 11 juin dans « The Lancet ». Des résultats qui permettent de reconsidérer à la hausse, la gravité et la prévalence des troubles engendrés par les conflits, dont les précédentes données dataient de plus d'une décennie (2005) et devaient être réactualisées.
45 nouvelles études prises en compte
La méta-analyse conduite par Fiona Charlson (Université de Queensland, Australie, et Institut pour les évaluations et statistiques en santé, USA) et coll. rassemble des données de 39 pays publiées entre 1980 et août 2017, dont 45 nouvelles études, publiées entre 2013 et août 2017 (reflet du dynamisme de la recherche en psychiatrie, lit-on), ainsi que de la littérature grise (rapports gouvernementaux, conférence de consensus, etc.). « Les estimations des précédentes études n'étaient pas robustes, certains résultats étaient particulièrement élevés ou bas. Dans cette méta-analyse, nous avons fait preuve de plus de rigueur dans les critères d'inclusion et d'exclusion, et avons eu recours à des stratégies et méthodes statistiques avancées ». Aussi les catastrophes naturelles et les crises sanitaires comme l'épidémie d'Ebola n'ont pas été prises en compte.
Dans le détail, la prévalence moyenne des troubles mentaux légers (formes légères de dépression, anxiété, et TSPT) est de 13 %, celle des troubles modérés, de 4 %, et celle des troubles sévères, de 5,1 %, et ce, à n'importe quel moment du conflit. C'est donc une personne sur 10 vivant dans un contexte de conflit armé ou de guerre qui présente un trouble modéré ou grave, contre une sur 14 en population générale. 
Les précédentes études faisaient état d'une prévalence de 3-4 % sur une année pour les troubles graves, et de 15 % pour les troubles plus légers (vs 17 %).  
Développer les interventions en santé mentale
En conclusion, les chercheurs appellent à développer les structures de santé mentale dans les pays touchés par les conflits. Des guides existent d'ores et déjà pour mettre en place des interventions dans les contextes d'urgence, ainsi qu'une déclinaison « urgence » du programme d'action « combler les lacunes en santé mentale » de l'OMS, rappelle le directeur de sa division Santé mentale, le Dr Mark van Ommeren. Mais la prise en charge doit aller au-delà des traitements médicamenteux et psychologiques, pour inclure les interventions psychosociales et mobiliser l'ensemble de la société à plus long terme. « Tous les pays ont besoin d'investir dans la santé mentale, mais surtout ceux dont les populations ont été affectées par des conflits » conclut le Dr van Ommeren. 
En 2016, on déplorait 53 conflits en cours, dans 37 pays, touchant 12 % de la population mondiale. En 2019, près de 132 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire dans 42 pays, selon l'Organisation des Nations Unies. 

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