Ce service itinérant, mis en place en janvier 2017, est destiné au suivi médical obligatoire des enfants de la naissance à l’âge de 6 ans. Il pallie la fermeture de centres spécialisés.
Voilà quarante minutes que Séverine fait des tours de poussette, sous un froid soleil de printemps qui peine à réchauffer Saint-Rémy-lès-Chevreuse. « Je me suis trompée d’une heure pour le rendez-vous », sourit la trentenaire sur le parking désert. Sa fille Léane, neuf mois, gazouille sous sa couverture.
A 9 h 30 pétantes, le bus rose et blanc estampillé « Protection maternelle et infantile » (PMI) des Yvelines arrive enfin. A son bord, l’infirmière puéricultrice Claire Suppo et la docteure Christine Petit officient sur rendez-vous, recevant dans ce cabinet un peu atypique les enfants, de la naissance à leurs 6 ans, pour leur suivi de santé obligatoire.
Chaque jour, les deux professionnelles s’installent dans une commune rurale du département. Trois mille consultations ont été effectuées depuis le lancement, en janvier 2017. « On a décidé de proposer ce service dans les communes où il n’y avait plus de centre, après la fermeture de plusieurs antennes en 2015. Le choix s’est porté sur celles où vivent beaucoup d’enfants et qui présentent des difficultés d’accès en transports en commun », explique Marianne Flénet, qui coordonne la PMI au sein du département. Des expériences menées dans d’autres départements ont inspiré ce projet.
Chaque chose à sa place
Ce jour-là, quatorze consultations sont prévues. « Ça va être sport, sourit la docteure Petit. Il va falloir patienter encore un petit peu, le temps que l’atmosphère du bus se réchauffe. » L’intérieur est divisé en deux espaces de consultation. Pour pouvoir travailler sans se marcher sur les pieds, chaque chose doit être rangée à la bonne place. Le stock de vaccins est conservé dans le mini-réfrigérateur. L’ordinateur est allumé, la balance pour les plus petits installée. Reste à disposer quelques hochets de couleurs vives et quelques doudous.
« C’est bon, vous pouvez monter maintenant, il fait assez chaud », invite Mme Suppo en ouvrant la porte à Séverine et Léane, qui débutent la visite avec elle. Avant de procéder à la prise de mesures et à la pesée, suivies de l’examen médical, la puéricultrice aborde avec Séverine l’alimentation, le sommeil, les habitudes de sa fille. « Elle continue de se réveiller toutes les nuits pour téter, comment est-ce que je peux agir là-dessus ? », s’enquiert la mère. Claire Suppo écoute avec attention, suggère des astuces, rassure sur l’évolution de l’enfant.
Faible valorisation financière
« C’est mon premier bébé, alors je suis preneuse de conseils », reconnaît Séverine, cadre chez Renault. A l’image de la grosse dizaine d’autres parents venus consulter ce jour-là, elle apprécie ce service. Pour des raisons pratiques, tout d’abord. « Le bus se gare à 10 minutes à pied de la maison, tandis que le centre le plus proche, à Rambouillet, est à 20 minutes en voiture. » Mais aussi parce que la relation nouée avec les deux professionnelles lui convient. Après elle, Audrey, Jamie, Edmond-Blaise, Céline… Tous saluent ce lien de proximité. « Ici, on nous explique les choses en profondeur, et on dirait qu’elles s’attachent au bébé »,résume Inès, jeune mère de 22 ans venue avec son compagnon faire vacciner leur fille, Ilyana, 2 mois.
« Les difficultés et les doutes après une naissance touchent tout le monde, quel que soit le milieu social », rappelle la docteure Petit. Médecin en PMI depuis vingt ans, elle a choisi d’exercer dans le bus après huit années de consultation fixe au Val Fourré, à Mantes-la-Jolie. « J’aime à la fois les liens créés en PMI et la démarche scientifique inhérente à ma profession », explique-t-elle.
Les PMI peinent cependant à attirer les jeunes professionnels. « D’ici à 2020, un tiers des médecins de PMI atteindront l’âge leur permettant de faire valoir leur départ à la retraite », alerte ainsi la députée (LRM) Michèle Peyron, chargée en juillet par le gouvernement d’une mission sur les évolutions de la PMI. Dans son rapport, remis jeudi 13 juin, elle pointe la dizaine de consultations itinérantes qui existent. Dans les Yvelines, en deux ans, la fréquentation a augmenté de 30 % et le département propose désormais des arrêts dans onze communes, contre neuf initialement.
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