blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 15 juin 2019

L’histoire du « plus beau suicide de tous les temps »

Résultat de recherche d'images pour "magazine littéraire logo"
Le mercredi 22 mai 2019 




Dans Je ne ferai une bonne épouse pour personne (La Table Ronde), la journaliste italienne Nadia Busato signe un roman sous forme d'enquête : en 1947, Evelyn McHale, jeune femme de 23 ans comptable à Manhattan et fiancée à un ex-GI, se jette du haut de l'Empire State Building. La photo de son corps inanimé, enfoncé sur le toit d'une limousine comme dans un linceul, est devenue une inspiration pour de nombreux artistes. En retraçant sa vie entre réalité et fiction, l'auteure construit brillamment le malaise dont est victime la société américaine après la seconde guerre mondiale.
Par Eugénie Bourlet.
« La vraie vie ne peut se réduire à quelques paroles rapportées ou écrites, personne n’y arrive jamais ». La vie d’Evelyn Francis McHale s’est résumée longtemps à une photo, celle de son corps, indolemment lové sur le toit de la limousine d’un diplomate des Nations Unies garée dans la 33e Rue, à New-York, et à une courte note abandonnée comme en guise d’épitaphe au fond de la poche de son manteau resté au 86e étage de l’Empire State Building, d’où elle s’était jetée pour se suicider le 1er mai 1947. « Mon fiancé m’a demandé de l’épouser en juin prochain. Je pense que je ne ferai une bonne épouse pour personne. Il se portera bien mieux sans moi. Dites à mon père que je ressemble trop à ma mère » : ce constat laconique seul justifie l’acte mystérieux, incompréhensible, dérangeant de la jeune femme. La photo de son corps, si troublante en ce que la mort violente y apparaît comme un apaisement, a été publiée par le magazine Life sous le titre : « Le plus beau des suicides ». Elle est ensuite devenue la référence de nombreux artistes, d’Andy Warhol à David Bowie dans le clip de « Jump They Say » (chanson dédiée à son demi-frère Terry, qui s’est donné la mort en se jetant sous un train) en passant par la première scène de La mariée était en noir de François Truffaut. 

Le poids du corps

Comment reconstruire l’histoire d’une personne dont on connaît avant tout la mort ? Nadia Busato, reprenant à son compte ce fait divers d’emblée fictionalisé en image, crée un patchwork de voix autour du mystère d’Evelyn McHale. Ses proches, mère, sœur, amie, fiancé sont convoqués, ainsi que ceux qui ont assisté au décès, l’agent de police, le jeune étudiant en photographie qui a immortalisé son corps si nonchalamment désarticulé ou les rédactrices du magazine Life qui découvrent le cliché. Mais il y a aussi des inconnus dont la mort similaire a défrayé la chronique de manière éphémère.

Aucun commentaire: