Dans un article consacré à la question de la sévérité des troubles psychiatriques et à l’incidence clinique et thérapeutique de cette sévérité, une équipe d’un Département de Psychiatrie de Providence (Rhode Island, États-Unis) rappelle l’existence d’une « controverse sur l’efficacité des antidépresseurs » en fonction de la sévérité de la dépression et sur la « préférence à donner aux médicaments plutôt qu’à la psychothérapie » en cas de « dépression sévère. »
Mais en réalité, il n’existe pas de consensus précis sur cette notion de sévérité. Et concrètement, s’interrogent les auteurs, qu’entend-on par « maladie sévère » en psychiatrie ? Ce critère de sévérité concerne-t-il surtout le nombre de symptômes éprouvés par le patient ? Ou l’intensité de ces troubles ? Ou leur fréquence ? Leur persistance dans le temps ? Leur impact néfaste sur le fonctionnement psychique ou sur la qualité de vie du sujet ? Leurs conséquences en termes de handicaps, voire de risques vitaux… Probablement un peu tout cela à la fois, mais dans des proportions non définies, avec un usage galvaudé et trop imprécis du mot « sévère. »
Pas la même acception pour toutes les maladies
Un autre débat sur la sévérité concerne le fait de savoir si elle doit être « considérée de façon similaire pour toutes les maladies » ou prise au contraire dans une acception particulière pour chaque type de trouble mental. Et le problème se complique encore en constatant que « le DSM-5 définit de différentes manières la sévérité des divers troubles» et que les chercheurs adoptent « maintes façons de définir la sévérité », tant pour la dépression que pour les troubles de la personnalité par exemple, et cela bien que la sévérité de la dépression soit généralement estimée par des échelles d’évaluation (comme celles de Beck ou d’Hamilton), et que la sévérité des troubles de la personnalité soit souvent en lien avec des difficultés dans le fonctionnement social du sujet.
S’appuyant sur le constat que pour des troubles psychiatriques définis par leurs symptômes, l’impact fonctionnel peut dépendre aussi de facteurs extérieurs à ces troubles (comme la résilience, la capacité d’adaptation (coping ability), le soutien familial et social, le contexte culturel, économique…), les auteurs estiment que la sévérité des troubles psychiatriques devrait en pratique être perçue « indépendamment de leur influence péjorative sur le fonctionnement. »
Dr Alain Cohen
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