Plusieurs études rétrospectives ont montré une association entre des antécédents de maltraitance dans l’enfance et une problématique psychiatrique ultérieure. Les études prospectives sur le même thème sont plus rares, rappellent des chercheurs proposant une publication à ce sujet.
Réalisée à l’Université du Queensland (Australie), cette étude de cohorte de naissance (birth cohort study) concerne 3 778 dyades mères-enfants. L’exposition à une suspicion de maltraitance a été évaluée par recoupement avec des données de l’agence officielle de protection de l’enfance de cet état d’Australie (Queensland’s child potection agency, Department of families, youth and community care)[1]. Plusieurs évaluations des dyades mères-enfants ont été faites : 3 à 5 jours après la naissance, à 6 mois, à 5 ans, à 14 ans, puis à 21 ans (où le taux de suivi pour le questionnaire principal est alors de 52,3 %).
Au total, environ 4,5 % des participants (171 sujets) ont eu « des antécédents de mauvais traitements », le plus fréquent étant une maltraitance d’ordre psychologique ou affective (emotional abuse, 91 sujets), suivie par une maltraitance physique (78 sujets), une carence de soins (73 sujets) et un abus sexuel (54 sujets).
Impact de la négligence et de la violence psychologique
Après ajustement pour des facteurs confondants potentiels, les symptômes dépressifs s’avèrent « fortement associés » à tous ces aspects de la maltraitance, sauf aux situations d’abus sexuels. L’association avec les troubles anxieux (en particulier le syndrome de stress post-traumatique) est « la plus forte », et pour toutes les catégories de diagnostics, la violence psychologique et la carence de soins (neglect) se révèlent impliquées.
Les auteurs estiment que cette étude prospective confirme le rôle nocif de la maltraitance, « en particulier la négligence et la violence psychologique » sur la santé mentale ultérieure des jeunes adultes. Et comme on pouvait le redouter a priori, les sujets subissant dans l’enfance plusieurs types de mauvais traitements seront « particulièrement à risque » de développer ensuite des séquelles psychopathologiques.
Dr Alain Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire