Les inégalités, la discrimination et la violence contre les femmes ont récemment suscité l’intérêt des médias, notamment au travers du mouvement #MeToo de Tarana Burke (francisé en #BalanceTonPorc)[1]. Consacrant un éditorial à ce problème de société, The British Journal of Psychiatry pose ouvertement la question : les discriminations liées au sexe affectent-elles la santé mentale des femmes ? Elles peuvent en tout cas avoir un impact sur « tous les aspects de leur vie », en particulier l’accès à l’emploi et le niveau des revenus. Malgré leur caractère officiellement illégal dans de nombreux pays, ces inégalités socio-économiques liées au sexe demeurent criantes : par exemple, même en Europe, les femmes gagnent « en moyenne 20 % de moins que les hommes. » Et la perception de telles disparités liées au sexe peut s’accompagner de divers troubles psychiatriques, notamment la dépression sévère et le syndrome de stress post-traumatique.
L’imbrication des facteurs psychosociaux est d’ailleurs complexe : on constate ainsi que les femmes dont les ressources sont inférieures à celles des hommes ont des taux de dépression sévère « significativement plus élevés » que ceux de leurs homologues masculins. On a pourtant remarqué que la prépondérance féminine classique en matière de dépression s’avère « moins prononcée depuis ces dernières années », et ce changement est attribué à des modifications positives dans le rôle traditionnel et le statut social des femmes, en particulier à un « meilleur niveau d’études. »
Si la communauté médicale combat désormais toute discrimination, en particulier liée au sexe, il reste encore du chemin à parcourir en matière de parité effective. Les auteurs rappellent ainsi que les femmes psychiatres restent toujours « sous-représentées dans les postes supérieurs des universités » et que seulement « 20 % des professeurs (de psychiatrie) sont des femmes au Royaume-Uni. » Désireux de lutter contre « les désavantages liés au genre », chez les patients comme chez le personnel exerçant dans leur spécialité, les psychiatres britanniques doivent donc contribuer à montrer le bon exemple...
Dr Alain Cohen
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