Dans de nombreux pays, l’usage des médicaments psychotropes tend à augmenter. Par exemple, indique The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, +6,8 % par an au Royaume Uni entre 1998 et 2010, et +22 % aux États-Unis, entre 2001 et 2010. S’appuyant sur des statistiques collectées par le Pharmaceutical Benefits Scheme (PBS, Régime de prestations pharmaceutiques en Australie), pour un échantillon représentant 10 % des sujets de 18 ans et plus, bénéficiaires du PBS, une étude montre une même tendance dans l’usage des psychotropes en Australie, puisque le volume des prescriptions a augmenté de +23,5 % dans ce pays, entre 2007 et 2015. Les principales classes de produits concernés par cet accroissement sont les antidépresseurs, les neuroleptiques et les psychostimulants (utilisés contre les Troubles Déficitaires de l’Attention avec Hyperactivité, TDAH).
Des traitements plus longs et des traitements hors AMM
Toutefois, les évolutions se révèlent contrastées : malgré une réduction de la fréquence des prescriptions de médicaments psychotropes (–26,1 %), observée surtout pour les antidépresseurs (sauf pour l’amitryptiline), cette baisse est compensée par un « allongement de la durée médiane d’exposition annuelle à ces médicaments (+7,4 %).
Un constat préoccupant concerne « l’augmentation des prescriptions de certains psychotropes off-label », c’est-à-dire en dehors des spécifications de leur autorisation de mise sur le marché (AMM). Cette hausse des prescriptions hors AMM en Australie concerne notamment un antidépresseur (l’amitryptiline) et un neuroleptique (l’halopéridol). Autre tendance confirmée par cette étude : l’emploi « problématique des benzodiazépines sur une longue durée. » Par contre, malgré une augmentation très importante des prescriptions de médicaments contre les TDAH (de l’ordre de +100 % entre 2007 et 2015), celles-ci restent à un niveau « encore faible », relativement à la prévalence estimée des TDAH dans la population adulte, sans doute parce que les enfants ont été la première population historiquement concernée par le diagnostic et le traitement du TDAH.
A priori rassurant en se plaçant du point de vue d’un usage modéré des médicaments psychotropes, ce constat pourrait au contraire préluder au phénomène opposé, l’augmentation prévisible du recours aux psychostimulants (méthylphénidate) en Australie dans les prochaines années...
Dr Alain Cohen
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