« Le manque de psychiatres est un phénomène mondial » rappelle une équipe internationale de 27 contributeurs de nombreux pays différents (la France étant représentée par un praticien du service de pédopsychiatrie de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris). Ce problème est aggravé dans certains pays par la mobilité des psychiatres à l’intérieur de l’Europe, précisent les auteurs, alors que le déplacement des professionnels contribue au contraire à l’estomper ailleurs, par un effet de « vases communicants. » Réalisée dans 33 pays européens, une étude permet de documenter ces flux migratoires des psychiatres en formation : pourquoi restent-ils dans leur pays d’origine ou cherchent-ils à le quitter, au contraire, pour partir exercer ailleurs ?
Âgés en moyenne de 31 ans (± 5,5 ans), 2 281 étudiants en psychiatrie (dont 66 % de femmes et 13,5 % de futur(e)s pédopsychiatres) ont participé à cette enquête s’appuyant sur un questionnaire (auto-renseigné) de 61 items sur la mobilité à court terme (trois mois à un an) ou à long terme (plus d’un an) et sur les attitudes des intéressés à l’égard d’une telle migration professionnelle. Environ 27 % des sondés se déclarent célibataires, et 73 % « engagés dans une relation de vie commune. » Si 72 % de ces futurs psychiatres disent avoir « déjà envisagé » de s’expatrier pour motif professionnel, 53,5 % « y pensent effectivement au moment de l’enquête » et 13,3 % « ont déjà franchi le pas » puisqu’ils ont une nationalité différente du pays où ils étudient et ont déjà migré de facto.
Des motivations financières en premier lieu
Sans surprise, les pays où ces futurs psychiatres cherchent à exercer figurent parmi ceux offrant « les plus hauts revenus » : Suisse (75 % des postulants), puis Suède et Royaume-Uni (environ 28 % chacun). Et les revenus escomptés par ces « junior doctors » sont > 2 500 € par mois en début de carrière. Plus généralement, une motivation financière constitue « la raison principale » (34,4 %) pour tenter une migration, suivie par une considération personnelle (33,6 % : enfants, famille...), puis un critère de formation professionnelle seulement comme troisième mobile d’expatriation (25,8 %).
Si cette étude confirme qu’une proportion importante des futurs psychiatres « pensent se déplacer pour exercer dans un autre pays d’Europe », essentiellement pour des « critères financiers » et des « opportunités professionnelles », il faut noter la possibilité d’un biais d’échantillonnage, puisque les étudiants les moins concernés par le sujet de cette enquête s’en seront vraisemblablement écartés, alors que les plus motivés auront eu à l’inverse tendance à y répondre davantage.
Dr Alain Cohen
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