La présentation du plan d'actions pour la psychiatrie, érigée en priorité de santé, par la ministre de la Santé Agnès Buzyn le 26 janvier avait été chaleureusement applaudie au Congrès de l'Encéphale. Désormais, la profession attend la mise en œuvre de mesures concrètes, et indique qu'une préservation des moyens ne saurait suffire. Répondre aux besoins de la population nécessite des financements supplémentaires, demandent les psychiatres.
Le Conseil national professionnel de psychiatrie (CNPP), qui regroupe l'ensemble des syndicats et sociétés savantes de la psychiatrie*, salue dans un communiqué « la détermination affichée d'agir », de la ministre, et voit dans le plan d'actions une première réponse aux demandes exprimées le 18 décembre par les représentants de la psychiatrie, reçus au ministère de la Santé.
Le CNPP « prend acte » de mesures immédiates, comme le renforcement des effectifs hospitalo-universitaires en pédopsychiatrie, le soutien à la recherche, la formation à la prise en charge du psychotraumatisme, le développement d'indicateurs et de recommandations de bonnes pratiques par la HAS, la préservation du budget de la psychiatrie, et la réflexion sur son mode de financement, la lutte contre la prévention du suicide, le stage obligatoire en psychiatrie pour tous les généralistes en formation initiale, la spécialisation des infirmiers en pratiques avancées, et la création d'un comité stratégique de psychiatrie et de santé mentale, qui sera présidé par la ministre.
Mais le CNPP « attend l'amplification de ce premier plan d'actions par d'autres mesures suffisamment ambitieuses et tenant compte des immenses besoins d'une discipline en souffrance ». Parmi les défis à relever : la crise de la démographie des psychiatres, et les besoins croissants de la population, note le conseil national. Et pour ce faire, « des financements supérieurs aux financements actuels » sont nécessaires, assure le CNPP.
Échéancier et chiffres
Sur Twitter, l'impatience est encore plus palpable. Le syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP) a qualifié les déclarations de la ministre de la Santé de « consensuelles et générales ; Il manque du concret : des priorités, un échéancier, des engagements fermes, des moyens chiffrés. Et vite ! Les professionnels sont en souffrance et les Établissements au bord de l’explosion ». La présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) et chef de service de psychiatrie à Nantes Rachel Bocher a souligné l'absence de « calendrier et d'échéancier des mesures prioritaires ».
Enfin, plus radicale, l'Union syndicale de la psychiatrie, qui n'a pas été conviée à la réunion du 18 décembre, dit « sa déception » et déplore une continuité de ce plan avec les politiques précédentes, à l'inverse du renforcement de la politique de secteur que défend l'USP.
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